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Actualités - ANALYSE

Processus régional : Beyrouth reste pessimiste

A Beyrouth, des sources autorisées s’attendent à ce qu’en définitive l’Autorité palestinienne, cédant au blocus comme à la pression militaire israélienne, reconnaisse tacitement le fait accompli des nouvelles colonisations notamment sur le site d’Abou Ghoneim en plein cœur de la partie arabe de Jérusalem, et accepte de freiner les violentes protestations de la rue palestinienne qui s’est exprimée surtout à Hébron... Moyennant quoi, les pourparlers israélo-palestiniens sur l’application des accords d’Oslo pourraient reprendre. Et le vote par l’Assemblée générale des Nations Unies d’une motion condamnant les implantations n’aurait plus qu’une valeur symbolique...
Ces sources libanaises notent qu’Arafat a déjà dû «canaliser» les violences palestiniennes, autrement dit commencer à les réprimer ou à les prévenir lui-même, par crainte qu’Israël ne mette à exécution sa menace de s’en charger à sa place tout en asphyxiant les territoires autonomes par une fermeture hermétique de toutes les voies y donnant accès et par l’interdiction à leurs habitants de se rendre à leur travail ailleurs.
«A partir de là, estime-t-on à Beyrouth, il est logique que l’Autorité palestinienne brisée accepte de reprendre les pourparlers avec les Israéliens sans s’accrocher à la condition préalable qu’il soit mis un terme aux projets de nouvelles colonies juives. Il semble en outre que même la proposition égyptienne d’un gel des implantations israéliennes pour quelques mois, faite pour «sauver la face», n’ait aucune chance d’être retenue car Netanyahu veut rafler toute la mise, en humiliant au besoin le vis-à-vis».
«Sur le plan pratique, poursuivent ces personnalités locales, la reprise des pourparlers israélo-palestiniens permettrait sans doute de réaliser quelques progrès en ce qui concerne l’ouverture d’un port et d’un aéroport à Gaza. Mais là aussi, les Israéliens vont exiger d’être présents sécuritairement aux entrées et sur les quais, de contrôler eux-mêmes voyageurs, bagages et marchandises, aux côtés de la police palestinienne».
«Du train où les choses vont, Netanyahu, regrettent ces sources libanaises, va obtenir tout ce qu’il veut. Et, en s’imposant de la sorte, il va prouver aux Occidentaux, Américains en tête, qu’il avait bien raison de leur dire que lui seul sait quel langage il faut tenir aux Arabes... Par l’intimidation et en faisant miroiter à Arafat le seul avantage de garder les territoires, le gouvernement israélien aura réussi à casser la nouvelle intifada qui avait pris d’abord corps lors de l’affaire du tunnel sous l’esplanade de la mosquée Al Aqsa puis s’était cristallisée autour de l’affaire d’Abou Ghoneim. Il reste toutefois à savoir si le Hamas et le Jihad islamique ne vont pas se lancer dans d’autres formes d’action qui pourraient retarder voire torpiller la «normalisation» souhaitée par les Israéliens... En principe, cependant, Arafat, dont les services ont beaucoup serré les écrous ces derniers mois, devrait pouvoir empêcher les intégristes d’agir, à la plus grande satisfaction de Netanyahu, et il recevrait sans tarder sa récompense sous forme d’une reprise des pourparlers bilatéraux. Les Etats arabes et la Communauté européenne ne pourraient évidemment rien objecter à une telle reprise, même si elle n’est plus conditionnée par l’arrêt des implantations juives, car nul ne peut se montrer plus royaliste que le roi. Et de fil en aiguille, on verrait que la plupart des pays arabes, suivant l’exemple d’Arafat, donneraient à Netanyahu ce qu’il veut, en participant par exemple en novembre à la conférence économique de Doha et en renonçant au boycott économique d’Israël. Ce dernier porterait alors ses efforts sur le volet libanais en tentant de nous amener à composer, toujours par l’intimidation et la menace... Mais ce serait pour lui, à n’en pas douter, une tout autre paire de manches qu’avec Arafat car nous sommes déterminés à continuer à rejeter tout accord qui ne se fonderait pas sur l’application pure et simple de la 425».

E. K.
A Beyrouth, des sources autorisées s’attendent à ce qu’en définitive l’Autorité palestinienne, cédant au blocus comme à la pression militaire israélienne, reconnaisse tacitement le fait accompli des nouvelles colonisations notamment sur le site d’Abou Ghoneim en plein cœur de la partie arabe de Jérusalem, et accepte de freiner les violentes protestations de la rue...