En tout état de cause, comme on le voit, des civils, pris entre deux feux, continuent de payer le prix de l’occupation de la bande frontalière par l’ennemi israélien et de la guérilla menée par le Hezbollah contre l’armée israélienne et sa milice locale, l’«Armée du Liban-Sud» (ALS).
Certes, il n’est pas question de mettre sur un pied d’égalité l’agresseur et l’agressé. L’erreur d’hier n’est qu’une bavure, tandis que l’agression permanente d’Israël contre les civils est une politique. Il n’en reste pas moins que l’incident reflète les limites d’une action de résistance qui se veut indépendante de toute entrave politique. Or, du sommet de l’échelle politique à sa base, tout le monde convient de la nécessité d’une stratégie globale de résistance, aussi bien politique que diplomatique et économique.
Mais cette stratégie fait défaut. Tout se passe comme si on vivait les actions de résistance, au jour le jour, en attendant une nouvelle donne régionale.
Les roquettes de l’aube
C’est à l’aube que le Hezbollah a tiré ses roquettes — au nombre de onze — sur la bande frontalière. Tirées en deux salves, à une demi-heure d’intervalle, ces roquettes ont atteint en particulier des positions près de Houla et Dimachkiyé, proches de la frontière internationale. Le Hezbollah a revendiqué ces tirs et affirmé qu’ils sont «une riposte à la violation répétée par l’ennemi sioniste» de l’arrangement d’avril 1996, conclu sous le parrainage de Paris et de Washington, et aux termes duquel Israël et le Hezbollah s’engageaient à épargner les civils des deux côtés de la frontière israélo-libanaise, et à s’abstenir de mener des attaques à partir de zones habitées.
Les roquettes tombées près de Dimachkiyé ont blessé deux personnes: Zeidan Ghader, un sexagénaire, qui cultivait son champ, et son fils Louay (18 ans). Israël a porté plainte, devant le comité de surveillance, à la suite de cet incident.
Par ailleurs, une des roquettes tirées par le Hezbollah s’est écrasée en territoire israélien. La roquette a explosé sur un terrain vague, non loin de la côte méditerranéenne, a déclaré un porte-parole israélien cité par les agences, qui a ajouté qu’elle n’a fait ni victimes, ni dégâts. Elle n’en constitue pas moins, aux yeux de l’ennemi, une violation de l’arrangement d’avril, et justifie donc, à ce titre, une seconde plainte au comité de surveillance.
Le comité de surveillance examinera, d’autre part, deux plaintes déposées par le Liban à la suite de la mort, samedi, d’une Palestinienne et de son fils, ouvriers agricoles, dans le bombardement de la région de Barty. La zone bombardée, fera valoir le Liban, se trouve dans une région contrôlée par l’armée libanaise, loin de toute base de résistance. Samedi, c’est encore un civil que l’Etat hébreu a «regretté» d’avoir tué «par erreur», d’un obus de char, dans le village de Aadchit qui, ironie du sort, est sous contrôle israélien. On ignore si c’est également par erreur que des obus sont tombés sur Kfartebnit, dimanche, manquant tuer deux familles.
Le Liban, pour sa part, estime que toutes ces erreurs ne sont pas des incidents isolés, mais font partie d’une politique de harcèlement. Cette impression est confirmée par les chiffres: depuis le début de l’année, dix civils ont été tués, et 25 autres blessés par les bombardements israéliens, soit presque autant que durant toute l’année 1996. Il y a fort à craindre que cette banalisation à laquelle on assiste ne pave la voie à des développements militaires de plus grande envergure, qui viendraient ruiner le peu de stabilité que l’arrangement d’avril 96 a permis de conquérir, de haute lutte.
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