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Actualités - DISCOURS

Tout en se déclarant pour une cohabitation constructive Chirac critique les premières décisions du gouvernement On a changé d'équipe mais les problèmes sont restés très exactement les mêmes, affirme le président français

Jacques Chirac a défini lundi, dans sa traditionnelle intervention télévisée du 14 juillet, les contours d’une cohabitation qu’il souhaite «constructive» et qu’il aborde avec combativité. Tout en affirmant ne pas vouloir faire «un procès d’intention» au gouvernement de Lionel Jospin qui, a-t-il dit avec une pointe d’ironie, «prend son temps», le chef de l’Etat français ne s’est pas gêné pour critiquer les premières décisions de la gauche qui ont tranché avec la politique antérieure menée par Alain Juppé.
Le président français a ainsi critiqué le gouvernement sur de nombreuses questions: la question des sans-papiers, l’arrêt de la procédure de vente de Thomson-CSF, la future réforme de la justice, l’arrêt du surgénérateur Superphénix, etc.
Affaibli par l’échec de la droite aux législatives qui le condamne à une cohabitation prévue pour durer cinq ans, le chef de l’Etat, qui avait choisi son bureau pour répondre aux questions d’Arlette Chabot et Patrick Poivre d’Arvor, a voulu donner l’image d’un président qui ne se contentera en aucune façon d’inaugurer les chrysanthèmes.
S’appuyant, comme l’avait fait son prédécesseur François Mitterrand, sur la Constitution de la Ve République dont il a noté la souplesse, Jacques Chirac a revendiqué des prérogatives qui vont en effet bien au-delà du «domaine partagé» des Affaires étrangères et de la Défense.
Jacques Chirac, qui s’est installé dans la cohabitation en laissant entendre qu’elle irait à son terme normal de cinq ans, a opposé «le temps du gouvernement qui est forcément un temps court» au «temps présidentiel qui donne le temps nécessaire à une certaine vision, à une certaine réflexion» sur l’avenir.
Se portant garant «de l’équilibre des institutions», il a énuméré «les domaines essentiels où le rôle du président de la République s’impose»: «La place de la France dans le monde, son rang, sa sécurité et sa défense, mais aussi ses parts de marché»; «l’acquis européen»; «la modernisation, notamment dans le domaine de l’enseignement, de la recherche, de la mise en œuvre des hautes technologies»; «tout ce qui touche à l’équilibre de la société, à la protection sociale, aux acquis sociaux, à la solidarité».
Si le «renforcement de la cohésion nationale» et la «modernisation» sont des «objectifs du gouvernement, il n’y aura pas de problème», a-t-il dit, en affirmant souhaiter une «cohabitation constructive».
Celle-ci, a-t-il estimé, ira à son terme, en 2002. Mais, a-t-il pris soin de préciser: il appartient au gouvernement «de faire en sorte qu’aucune crise n’intervienne».

Moteur de l’Europe

«La France doit être un moteur de la construction européenne et l’un des moteurs de l’Europe de demain. Elle a les moyens de le faire et donc tous les acquis européens sont également l’objet d’un souci vigilant de la part du président de la République», a-t-il souligné.
Le chef de l’Etat a estimé à plusieurs reprises que le gouvernement Jospin n’avait pas encore vraiment commencé à gouverner et s’est réservé le droit «de donner des conseils, des mises en garde, d’informer l’opinion publique».
«Je n’ai eu aucunement l’occasion de le faire jusqu’ici. J’attendrai que le gouvernement commence à prendre les premières mesures qu’il souhaite prendre pour porter un jugement et notamment m’assurer que la cohabitation pourra être constructive», a dit Jacques Chirac.
C’est sur le terrain économique que Jacques Chirac s’est fait le plus incisif.
Trois jours après l’annonce de l’arrêt de la privatisation de Thomson-CSF, Jacques Chirac a souligné que «l’Etat n’a plus rien à faire dans la gestion des affaires du secteur concurrentiel».
Une semaine avant la présentation de l’audit demandé par Lionel Jospin à son arrivée à Matignon, Jacques Chirac a reconnu que le déficit des finances publiques en France cette année était de l’ordre de 3,5% du produit intérieur brut.
Il a souligné qu’à partir de 1993, date du retour de la droite au pouvoir, avait été «engagée une action de retour au bon sens», car «il fallait sortir de l’irresponsabilité» des gouvernements socialistes qui avaient précédé. «Nous sommes arrivés, avec l’objectif de 3%, à la situation actuelle qui doit être effectivement de l’ordre de 3,5%», a-t-il dit.
Jacques Chirac a insisté sur le fait que le gouvernement Jospin se trouvait devant «exactement les mêmes» problèmes budgétaires que celui d’Alain Juppé, notamment le respect des engagements de la France envers ses partenaires européens. Il a donc jugé inéluctable la poursuite de la politique de réduction des dépenses publiques et a rappelé que le prédécesseur de Lionel Jospin y avait lié la réduction de la pression fiscale.
«On a changé de gouvernement, mais les problèmes sont restés, très exactement, les mêmes», a-t-il souligné, ne manifestant aucun regret d’avoir dissous l’Assemblée nationale, «même si naturellement (il aurait) préféré un résultat différent».


«La famille» du RPR

Le président français a critiqué la politique en faveur des sans-papiers du premier ministre, en estimant que c’était «donner un fort signal positif pour l’immigration aux pays qui ont des populations qui voudraient venir».
Le gouvernement socialiste, au pouvoir depuis le 1er juin, a décidé de régulariser la situation de certains sans-papiers sur la base de critères très précis. Selon des estimations évoquées par la presse, entre 10.000 et 40.000 personnes pourraient être régularisées sur la base de ces critères.
M. Chirac a souhaité que la future réforme de la justice garantisse mieux la présomption d’innocence et il a expliqué qu’il avait exclu de la grâce présidentielle du 14 juillet les personnes condamnées pour des délits liés à la drogue.
«C’est un rapport très remarquable, qui ouvre une réflexion et des pistes de réforme importantes notamment pour ce qui concerne l’indépendance des magistrats», a dit le chef de l’Etat.
Concernant ses relations avec l’opposition et en particulier avec le RPR, dont il n’a pas caché que c’est sa «famille», Jacques Chirac a affirmé vouloir se garder «de toute ingérence», mais a toutefois prodigué deux conseils: «faire un gros effort pour se rapprocher des Français» et privilégier l’«union» entre des formations que «rien ne sépare réellement».
Revenant à la défaite de son camp, le 1er juin, Jacques Chirac a estimé que «la dissolution était la meilleure solution» pour la France, qui «ne pouvait plus se permettre de rester bloquée, immobile ou agitée pendant une telle période alors qu’il y avait des échéances européennes, et la nécessité du mouvement». Pour lui, la France risquait d’entrer dans «une crise d’immobilisme».
Le chef de l’Etat a tenu à démentir les informations selon lesquelles il aurait demandé à Alain Juppé de renoncer à Matignon entre les deux tours des législatives. «M. Juppé, prenant seul sa décision, m’a indiqué qu’il ne serait pas candidat, dans l’hypothèse où l’ancienne majorité gagnerait, au poste de premier ministre. C’était sa décision, je ne la lui ai pas suggérée», a-t-il assuré.
Jacques Chirac s’est montré moins disert sur ses relations avec le nouveau patron du RPR, Philippe Séguin.
Il a estimé que l’opposition de droite devait s’unir et se rapprocher davantage des Français mais il s’est refusé à tout «commentaire sur l’image du RPR», se bornant, sans nommer Philippe Séguin, à exprimer sa confiance dans «ses dirigeants».
Il a enfin laissé entendre qu’il était opposé à toute alliance entre la droite républicaine et le Front national car ce parti ne véhicule pas seulement le malaise et la protestation de ses électeurs mais aussi des thèses «inadmissibles» de racisme et de xénophobie. (Reuter, AFP)
«temps présidentiel qui donne le temps nécessaire à une certaine vision, à une certaine réflexion» sur l’avenir.
Se portant garant «de l’équilibre des institutions», il a énuméré «les domaines essentiels où le rôle du président de la République s’impose»: «La place de la France dans le monde, son rang, sa sécurité et sa défense, mais aussi ses parts de marché»; «l’acquis européen»; «la modernisation, notamment dans le domaine de l’enseignement, de la recherche, de la mise en œuvre des hautes technologies»; «tout ce qui touche à l’équilibre de la société, à la protection sociale, aux acquis sociaux, à la solidarité».
Si le «renforcement de la cohésion nationale» et la «modernisation» sont des «objectifs du gouvernement, il n’y aura pas de problème», a-t-il dit, en affirmant souhaiter une «cohabitation constructive».
Celle-ci, a-t-il estimé, ira à son terme, en 2002. Mais, a-t-il pris soin de préciser: il appartient au gouvernement «de faire en sorte qu’aucune crise n’intervienne».

Moteur de l’Europe

«La France doit être un moteur de la construction européenne et l’un des moteurs de l’Europe de demain. Elle a les moyens de le faire et donc tous les acquis européens sont également l’objet d’un souci vigilant de la part du président de la République», a-t-il souligné.
Le chef de l’Etat a estimé à plusieurs reprises que le gouvernement Jospin n’avait pas encore vraiment commencé à gouverner et s’est réservé le droit «de donner des conseils, des mises en garde, d’informer l’opinion publique».
«Je n’ai eu aucunement l’occasion de le faire jusqu’ici. J’attendrai que le gouvernement commence à prendre les premières mesures qu’il souhaite prendre pour porter un jugement et notamment m’assurer que la cohabitation pourra être constructive», a dit Jacques Chirac.
C’est sur le terrain économique que Jacques Chirac s’est fait le plus incisif.
Trois jours après l’annonce de l’arrêt de la privatisation de Thomson-CSF, Jacques Chirac a souligné que «l’Etat n’a plus rien à faire dans la gestion des affaires du secteur concurrentiel».
Une semaine avant la présentation de l’audit demandé par Lionel Jospin à son arrivée à Matignon, Jacques Chirac a reconnu que le déficit des finances publiques en France cette année était de l’ordre de 3,5% du produit intérieur brut.
Il a souligné qu’à partir de 1993, date du retour de la droite au pouvoir, avait été «engagée une action de retour au bon sens», car «il fallait sortir de l’irresponsabilité» des gouvernements socialistes qui avaient précédé. «Nous sommes arrivés, avec l’objectif de 3%, à la situation actuelle qui doit être effectivement de l’ordre de 3,5%», a-t-il dit.
Jacques Chirac a insisté sur le fait que le gouvernement Jospin se trouvait devant «exactement les mêmes» problèmes budgétaires que celui d’Alain Juppé, notamment le respect des engagements de la France envers ses partenaires européens. Il a donc jugé inéluctable la poursuite de la politique de réduction des dépenses publiques et a rappelé que le prédécesseur de Lionel Jospin y avait lié la réduction de la pression fiscale.
«On a changé de gouvernement, mais les problèmes sont restés, très exactement, les mêmes», a-t-il souligné, ne manifestant aucun regret d’avoir dissous l’Assemblée nationale, «même si naturellement (il aurait) préféré un résultat différent».


«La famille» du RPR

Le président français a critiqué la politique en faveur des sans-papiers du premier ministre, en estimant que c’était «donner un fort signal positif pour l’immigration aux pays qui ont des populations qui voudraient venir».
Le gouvernement socialiste, au pouvoir depuis le 1er juin, a décidé de régulariser la situation de certains sans-papiers sur la base de critères très précis. Selon des estimations évoquées par la presse, entre 10.000 et 40.000 personnes pourraient être régularisées sur la base de ces critères.
M. Chirac a souhaité que la future réforme de la justice garantisse mieux la présomption d’innocence et il a expliqué qu’il avait exclu de la grâce présidentielle du 14 juillet les personnes condamnées pour des délits liés à la drogue.
«C’est un rapport très remarquable, qui ouvre une réflexion et des pistes de réforme importantes notamment pour ce qui concerne l’indépendance des magistrats», a dit le chef de l’Etat.
Concernant ses relations avec l’opposition et en particulier avec le RPR, dont il n’a pas caché que c’est sa «famille», Jacques Chirac a affirmé vouloir se garder «de toute ingérence», mais a toutefois prodigué deux conseils: «faire un gros effort pour se rapprocher des Français» et privilégier l’«union» entre des formations que «rien ne sépare réellement».
Revenant à la défaite de son camp, le 1er juin, Jacques Chirac a estimé que «la dissolution était la meilleure solution» pour la France, qui «ne pouvait plus se permettre de rester bloquée, immobile ou agitée pendant une telle période alors qu’il y avait des échéances européennes, et la nécessité du mouvement». Pour lui, la France risquait d’entrer dans «une crise d’immobilisme».
Le chef de l’Etat a tenu à démentir les informations selon lesquelles il aurait demandé à Alain Juppé de renoncer à Matignon entre les deux tours des législatives. «M. Juppé, prenant seul sa décision, m’a indiqué qu’il ne serait pas candidat, dans l’hypothèse où l’ancienne majorité gagnerait, au poste de premier ministre. C’était sa décision, je ne la lui ai pas suggérée», a-t-il assuré.
Jacques Chirac s’est montré moins disert sur ses relations avec le nouveau patron du RPR, Philippe Séguin.
Il a estimé que l’opposition de droite devait s’unir et se rapprocher davantage des Français mais il s’est refusé à tout «commentaire sur l’image du RPR», se bornant, sans nommer Philippe Séguin, à exprimer sa confiance dans «ses dirigeants».(Reuter, AFP)
Jacques Chirac a défini lundi, dans sa traditionnelle intervention télévisée du 14 juillet, les contours d’une cohabitation qu’il souhaite «constructive» et qu’il aborde avec combativité. Tout en affirmant ne pas vouloir faire «un procès d’intention» au gouvernement de Lionel Jospin qui, a-t-il dit avec une pointe d’ironie, «prend son temps», le chef de l’Etat...