Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Municipales : peut-être même pas en 99 ..

Les élections municipales, qui auraient dû avoir lieu au mois de juin dernier (après une pause de plus de trente ans!) sont encore une fois renvoyées de deux ans ou presque. L’on a estimé en effet que l’an prochain cela ne serait pas possible, à cause des présidentielles qui doivent intervenir à la fin de l’été ou au début de l’automne, le mandat du président Elias Hraoui expirant en novembre.
Mais beaucoup pensent que, même en 1999, il faudra décider un nouveau report, du moment qu’on sera déjà en train de préparer les législatives de l’année suivante... Un argument a priori un peu spécieux, la vraie raison étant que les députés de l’actuelle législature ne souhaitent pas que les municipales interviennent quelques mois seulement avant l’épreuve des urnes qu’ils devront eux-mêmes passer, car les résultats pourraient amoindrir fortement leurs chances de réussite.
Autre motif de renvoi des municipales aux calendes grecques: l’insistance que mettent beaucoup de parties à coupler l’élaboration d’un nouveau code des municipalités aussi bien avec la future loi électorale qu’avec le plan de décentralisation administrative. Des projets qui ne sont même pas encore au stade de la gestation et dont la mise en forme, tributaire de laborieux contacts ou marchandages politiques, pourrait prendre des années. Cela fait du reste des années que le débat théorique concernant ces questions institutionnelles importantes est ouvert et donne lieu à des prises de bec aussi bien entre dirigeants qu’entre parlementaires sans qu’un compromis quelconque ne soit en vue...
Dès lors, «le développement équilibré des régions et l’essor des villages à travers un renforcement des capacités financières des municipalités» reste un slogan creux. Autant d’ailleurs que les belles phrases habituelles sur «le droit de la population à participer à la vie politique dans le cadre de l’exercice d’une saine démocratie»... Des devises démagogiques lancées à des fins de consommation locale, la praxis du système actuel étant aux antipodes de la démocratie comme de l’entente nationale ou du principe qui veut que le peuple soit la source de tous les pouvoirs. Il n’est donc pas étonnant qu’Exécutif et Législatif soient d’accord pour reporter une consultation populaire comme les municipales. Et alors même qu’il y a en la matière urgence depuis longtemps: les trois quarts des conseils municipaux ont été laminés par le temps ou par la guerre et ceux qui restent sont trop souvent animés par des hommes que leur âge vénérable interdit pratiquement d’activité...
Mais au nom de vagues «impératifs nationaux» on évite autant que faire se peut les échances, comme on l’a vu avec la prorogation du mandat du chef de l’Etat et d’une certaine façon aussi avec la loi électorale appliquée pour les législatives en 96 comme en 92, une loi qui vidait le vote de son contenu démocratique en instituant au niveau du découpage des circonscriptions un ahurissant système de deux poids, deux mesures... Autre mesure aberrante, cette même loi, n’était l’intervention du Conseil constitutionnel, aurait prorogé de huit mois le mandat de la présente législature, sous le fallacieux prétexte de préserver la saison estivale de l’an 2000...
Ainsi, dans les mois et les années à venir, le pays va sans doute perdre le peu de municipalités qui lui restent, pour être administré directement par les agents de l’Etat, qui sont forcément ceux du pouvoir. A moins que, comme certains loyalistes le souhaitent, l’Exécutif et le Législatif ne s’entendent encore une fois sur le dos des électeurs pour décider qu’il n’y aurait pas élections municipales mais désignation d’édiles, sous prétexte de cas de force majeure empêchant l’organisation du scrutin dans un délai raisonnable... Avec une Chambre qui critique parfois mais ne vote jamais «non», le tableau serait complet.

E. K.
Les élections municipales, qui auraient dû avoir lieu au mois de juin dernier (après une pause de plus de trente ans!) sont encore une fois renvoyées de deux ans ou presque. L’on a estimé en effet que l’an prochain cela ne serait pas possible, à cause des présidentielles qui doivent intervenir à la fin de l’été ou au début de l’automne, le mandat du président Elias...