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Actualités - DISCOURS

Quelques heures après le torpillage à la chambre d'importantes propositions de loi Hraoui plaide pour une réforme de la vie politique

Entre les paroles et les actes de ceux qui dirigent les destinées du pays, il y a un écart substantiel. Les Libanais ont pu le constater, hier soir, une fois de plus, à l’occasion du dîner annuel de l’Association grecque-catholique de bienfaisance, auquel étaient conviés les présidents de la République, M. Elias Hraoui, de l’Assemblée nationale, M. Nabih Berry, et du Conseil des ministres, M. Rafic Hariri.
Prenant la parole à cette occasion, le chef de l’Etat a souligné un certain nombre de vérités. Ainsi, M. Hraoui a fini son discours en affirmant qu’il est nécessaire de «moderniser la vie politique et l’exercice de la démocratie, et de réformer nos institutions». Oui, mais... voilà sept ans qu’en raison des contradictions et des déséquilibres qui marquent la vie politique, le chef de l’Etat, ainsi que MM. Hariri et Berry, disent ces choses, sans réellement les mettre en œuvre. Le dernier exemple de ce type de comportement peut être puisé dans les événements d’hier. Est-ce en escamotant le débat sur des propositions de loi vitales pour la vie politique du pays, comme celle relative aux médias audiovisuels, ou la vie sociale, comme l’abolition de la surtaxe sur les voitures d’occasion — une perfidie —, que l’on renforce la démocratie? C’est pourtant exactement ce qui s’est produit hier, lors de la séance parlementaire, dont on lira par ailleurs le compte rendu (VOIR PAGE 4).
Le chef de l’Etat nous invite par ailleurs «à critiquer le gouvernement, quand c’est nécessaire, et à le féliciter, quand il le mérite». Il admet les «critiques constructives», tout en affirmant que «les critiques sont nombreuses, mais les solutions rares». Les «solutions» du gouvernement sont-elles plus imaginatives? Pour corriger un excès de dépenses, M. Hariri propose... de nouvelles dépenses. Peut-être voit-il plus juste, cette fois, car à la différence de certaines dépenses somptuaires déjà effectuées, ces nouvelles dépenses ont une vocation sociale. Mais elles viennent tard, très tard, quand le pays est déjà surchargé de dettes , alors quec’est par elles qu’il fallait commencer. Alors qu’il fallait, sept ans après que le canon se fut tu, que le retour des déplacés soit déjà largement avancé. On aurait ainsi défait la guerre, démographiquement parlant, alors que tant de choses continuent à en alimenter le pathos, et à consacrer l’existence d’un vainqueur et d’un vaincu.
Et si l’on veut bien croire le président Hraoui affirmant qu’il veille sur les droits du Liban et de chaque Libanais, on ne le suit plus quand il se demande, rhétoriquement, s’il existe un pays au monde où l’individu jouit de plus de libertés. On suit plus volontiers M. Hraoui affirmant la nécessité d’une formation à la «citoyenneté», à tous les niveaux, une citoyenneté qui bannit l’exploitation de la fibre confessionnelle à des fins égoïstement communautaires, ou communautaristes. On le suit encore volontiers quand il évogue la nécessité d’un certain «réalisme» qui permette de constater que «nous ne vivons pas dans des conditions normales». A conditions, toutefois, de ne pas justifier par ces conditions anormales, toutes sortes de répressions et de manipulations. A condition de ne pas modeler à son image le paysage audiovisuel. A conditions de respecter l’indépendance de la magistrature, et de ne pas se placer au-dessus des lois.
«L’équilibre entre les droits et les devoirs», que ce soit au niveau individuel ou communautaire, est la règle d’or à suivre, dit le président Hraoui. A-t-on respecté cet équilibre vis-à-vis de la communauté grecque-catholique? Hier même, le conseil de l’archevêché grec-catholique de Beyrouth s’est élevé contre la spoliation des droits de cette communauté, dans les récentes nominations administratives (VOIR AUSSI PAGE 3).
Enfin, on nous demande de faire corps avec l’Etat et de ne pas faire le jeu des détracteurs de cet Etat. Et dans le même temps, on renvoie à 1999 les prochaines municipales...
Heureusement, les paroles de M. Hraoui ont été prononcées à l’occasion d’un événement bien précis: l’appel de fonds pour la construction d’une maison de retraite et d’un hôpital de jour, concrétisation exemplaire d’une «solidarité sociale», dont le Liban doit réapprendre le sens, aussi bien au niveau de chaque communauté, qu’au niveau intercommunautaire. Remerciant le président de la République pour avoir accepté de patronner ce dîner de bienfaisance, le patriarche Maximos V Hakim devait renouveler la ferme intention de la communauté grecque-catholique «de participer à l’édification du Liban dans tous les domaines et secteurs», concrétisant d’une certaine façon l’une des paroles du pape dans l’Exhortation apostolique: «Chaque Libanais est responsable, en définitive, de l’avenir de son pays...»
F.N.
Entre les paroles et les actes de ceux qui dirigent les destinées du pays, il y a un écart substantiel. Les Libanais ont pu le constater, hier soir, une fois de plus, à l’occasion du dîner annuel de l’Association grecque-catholique de bienfaisance, auquel étaient conviés les présidents de la République, M. Elias Hraoui, de l’Assemblée nationale, M. Nabih Berry, et du...