Jeux panarabes : suspense diplomatique jusqu'au bout

A quarante-huit heures de l’échéance on ne sait toujours pas si l’Irak va être invité à la cérémonie d’ouverture des Jeux panarabes (qui vont se prolonger jusqu’au 27)... Ni comment on va appeler la Cité sportive où ils vont se dérouler!
Pour ce qui est de Bagdad, on devrait avoir la réponse aujourd’hui en principe. Comme le Liban est notoirement un pays très indépendant, cette réponse va être fixée par les pays arabes consultés, notamment par l’Arabie Séoudite et le Koweit, qui on le sait, ne portent pas Saddam Hussein dans leur cœur depuis la guerre du Golfe.
A tout hasard le chef du gouvernement M. Rafic Hariri est entré en contact avec notre ambassadeur à Amman M. William Habib pour le prier de ne pas octroyer de visa à une délégation sportive irakienne qui se présenterait à cet effet au siège de l’ambassade «car nous ne voulons pas fâcher l’Arabie Séoudite et le Koweit»...
Mais la Ligue en tant que telle n’est évidemment pas tout à fait de cet avis. Son secrétaire général, M. Esmat Abdel Méguid, qui est attendu aujourd’hui à Beyrouth, est entré en contact avec le ministre des Affaires étrangères M. Farès Boueiz pour souhaiter que l’Irak soit invité à la cérémonie d’ouverture, même s’il ne devait pas participer aux Jeux à cause des susceptibilités qu’il faudrait ménager. M. Boueiz a prié M. Abdel Méguid de lui donner un peu de temps, pour s’enquérir auprès du ministre de l’Education et des Sports des dispositions prises. Relancé, le ministre de l’Education et des Sports M. Jean Obeid a confirmé que son département, sans en avoir reçu formellement avis, avait pu comprendre que l’Arabie Séoudite et le Koweit boycotteraient les Jeux si l’Irak était invité. Poursuivant ses efforts, M. Boueiz a pris contact avec les ambassadeurs du Koweit et de l’Arabie Séoudite. Il leur a transmis le souhait de la Ligue, tout en soulignant que le Liban pour sa part tient avant tout à ses relations avec leurs pays respectifs, pour conclure en les priant de demander à leurs gouvernements s’ils avaient des objections à ce que l’Irak soit présent à la cérémonie inaugurale.
Puis M. Boueiz a reçu un coup de fil de M. Hariri qu’il a fallu rassurer: non, aucune invitation n’avait été adressée à l’Irak et d’ailleurs ce ne sont pas les A.E. qui invitent... Au passage le palais Bustros s’est étonné que le sérail entre en contact avec les ambassades du Liban au dehors et leur donne des instructions sans même l’en aviser...
— En ce qui concerne l’appellation de la Cité, la question n’est toujours pas réglée car Koraytem, qui avait laissé entendre qu’on garderait le nom de Camille Chamoun semble avoir de nouveau fait machine arrière ou du moins tergiverser... Les haririens dont on peut admirer la bonne foi, affirment sans sourciller qu’en réalité «lorsque le président du Conseil a dit qu’il n’y aurait pas de changement, il voulait signifier qu’on continuerait à parler de Cité sportive tout court, comme les gens étaient tout le temps habitués à le faire». Et d’ajouter, tout aussi imperturbables qu’en tout cas «les travaux à la Cité n’étant pas terminés, il est prématuré de parler de l’appellation...». Prématuré, à 48 heures de l’ouverture des Jeux! Cette désinvolture agace beaucoup de loyalistes appartenant à d’autres courants et des ministres comme des députés ont fait savoir qu’ils bouderaient les cérémonies panarabes si le gouvernement ne proclame pas le maintien du label Camille Chamoun.
Ph. A-A.