Les étrangers fuient Phnom Penh par centaines

Plusieurs centaines de ressortissants étrangers ont pu fuir Phnom Penh hier à bord d’avions de l’armée de l’air thaïlandaise. Mais des dizaines d’autres étaient pris au piège à Siemp Reap, une des villes les plus touristiques du pays isolée par les combats qui se sont déplacés vers le nord et le nord-ouest du Cambodge.
La capitale, théâtre ce week-end d’affrontements meurtriers entre les forces des deux co-premiers ministres, Hun Sen et Norodom Ranariddh, a connu une journée relativement calme. Mais les marchés, les magasins et les administrations sont restés fermés tandis que le bilan établi de sources médicales s’est alourdi à 58 morts au moins.
Les forces de Hun Sen ont pris le dessus dans Phnom Penh où les affrontements ont quasiment cessé.
En revanche, des combats ont éclaté dans la nuit aux abords de la ville de Siem Reap, à 200 km environ plus au nord, et sur la route vers la frontière, alors que des forces fidèles au prince Ranariddh quittaient Siem Reap pour rejoindre leurs camarades dans la campagne environnante.
Ces combats ont entraîné l’annulation d’un projet d’évacuation par la route vers la Thaïlande, ce mardi, de touristes et de membres d’organisations humanitaires.

Appel de l’ASEAN

La ville abrite l’un des hauts lieux touristiques de l’Asie du Sud-Est: le temple d’Angkor Wat.
Des combats étaient également signalés à proximité de Sisophon, près de la frontière avec la Thaïlande.
Enfin, la police de Sihanoukville, sur la côte sud, a annoncé que les factions rivales de Hun Sen et du prince héritier Norodom Ranariddh s’affrontaient également.
A Kuala Lumpur, l’Association des nations du sud-est asiatique (ASEAN), qui devait initialement accueillir en son sein le Cambodge à la fin du mois, a réclamé «un cessez-le-feu immédiat».
Dans un communiqué, les sept Etats-membres de l’ASEAN se disent «consternés et regrettent profondément le tour malheureux pris par les événements au Cambodge, se traduisant par la perte de vies innocentes, parmi la population cambodgienne comme parmi les étrangers».
Les ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN (Thaïlande, Malaisie, Singapour, Indonésie, Philippines, Vietnam et Bruneï) se réuniront jeudi pour discuter de la situation cambodgienne.
Le Japon, la Thaïlande, Singapour et les Philippines ont commencé à étudier l’évacuation de leurs ressortissants pris dans la crise. Quatre-vingt-dix Japonais se trouvent actuellement à Siem Reap. Le premier ministre japonais, Ryutaro Hashimoto, a donné l’ordre d’examiner toutes les possibilités d’évacuation.
Le président Philippin, Fidel Ramos, a ordonné l’évacuation du demi-millier de Philippins qui travaillent au Cambodge.

Evacuation héliporté

Bangkok a d’ores et déjà évacué quelque 300 ressortissants étrangers mardi à bord d’avions-cargo de l’armée. Trois Hercules C-130 ont effectué dans la journée une rotation sur Phnom Penh.
D’autres vols étaient prévus avant la tombée de la nuit.
Les autorités thaïlandaises ont par ailleurs exhorté le gouvernement cambodgien à prendre des mesures d’urgence pour assurer la sécurité des étrangers qui se trouvent sur son territoire.
Un responsable de l’armée cambodgienne a annoncé qu’une opération d’évacuation héliportée des 200 touristes bloqués à Siem Reap avait débuté. Contactée dans cette ville par téléphone, une source occidentale a dit que des membres de l’ONU tentaient de coordonner l’opération et de regrouper les touristes.
Plus à l’ouest, une centaine d’expatriés, pour la plupart des membres d’organisations humanitaires, ont déjà quitté Battambang, deuxième ville du Cambodge située dans le nord-ouest du pays, pour la Thaïlande.
Le premier ministre australien, John Howard, a déclaré que son pays suivait de près la situation au Cambodge et restait prêt à évacuer les Australiens en cas d’aggravation des choses.