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Actualités - INTERVIEWS

Toufayli à l'Orient-Le Jour : je ne renoncerai pas à la lutte (photo)

Le meeting achevé, cheikh Sobhi Toufayli rentre directement chez lui à Douris. Son modeste domicile grouille de jeunes enthousiastes, qui le couvent avec adoration. Après avoir vérifié qu’il veut bien recevoir des journalistes, ils nous introduisent dans le petit salon où il se repose. Le cheikh est las, il n’a presque plus la force de parler, mais il accepte quand même de répondre aux questions. Il est heureux d’avoir tenu sa promesse d’organiser le meeting et d’avoir défié les autorités, les contraignant à se rétracter, tout en respectant les règles du jeu. Car, le cheikh ne le dit pas, mais il pense connaître les limites à ne pas dépasser.
Et lui qui, en 1983, avait évité de justesse la condamnation à la peine de mort (après un incident avec l’armée dans la région de Baalbeck) — bien que cela soit désormais couvert par la loi d’amnistie — et qui, en 1991, avait été carrément écarté de la direction du Hezbollah parce qu’il avait été jugé trop extrémiste alors que s’annonçait la conférence de Madrid, est heureux de pouvoir de nouveau s’exprimer, lutter, combattre et mobiliser ses partisans.
«Malgré les entraves mises par les forces chargées de la sécurité, je peux affirmer, dit-il, que le chiffre des participants est honorable».
Cheikh Toufayli attendait peut-être un peu plus de personnes, mais il pense que «les malentendus sécuritaires, le déploiement des blindés le long de la route et le climat de peur qu’ils ont provoqué ont un peu découragé les gens. Mais je ne peux pas dire qu’il y a eu une interdiction de la part des forces de l’ordre».
«Nous avions quelques doutes sur la bonne volonté de l’Etat, ajoute-t-il, mais à la suite de contacts de dernière heure, un accord a été conclu».
Comment le chef d’une révolte peut-il conclure un accord avec les autorités qu’il est censé combattre?
«Nous sommes contre le pouvoir politique, mais nous devons coordonner notre action avec les forces de l’ordre pour faciliter les déplacements de nos partisans».

«Je ne me suis
pas rétracté»

Que se passera-t-il après le 4 juillet?
«Nous l’avons dit, nous irons à Beyrouth».
Mais pourquoi n’a-t-il pas fixé une date à cette marche sur la capitale?
«Beaucoup d’amis et de partisans m’ont demandé de ne pas le faire afin que nous puissions coordonner notre action et préparer le terrain. Nous devons mobiliser les habitants du Nord, du Sud, de la montagne, tout cela prend du temps et nécessite beaucoup d’efforts. Nous sommes sur un immense chantier. C’est pourquoi il était impossible de fixer une date, comme nous l’avions fait pour la Békaa».
N’est-ce pas plutôt parce qu’il met de l’eau dans son vin? Déjà, il s’est rétracté par rapport aux 150 milliards de LL accordés par le gouvernement à la région et qu’il avait d’abord qualifiés de «tentative de corruption»...
«Je ne me suis pas rétracté, mais il faut tout de même être logique. Je ne peux pas rejeter l’octroi d’une telle somme avant de voir comment elle sera dépensée...»
Comment explique-t-il l’absence de représentants du Hezbollah?
Là, cheikh Toufayli ne cache pas sa déception. «Nous avons essayé d’obtenir leur participation, mais nous avons échoué».
Est-il vrai qu’après avoir rejeté une demande iranienne de reporter le meeting du 4 juillet, pour permettre une médiation entre lui et le Hezbollah, il doit se rendre bientôt à Téhéran?
«Je n’ai pas d’objection à me rendre en Iran. Il est d’ailleurs tout à fait possible que j’y aille, mais il n’y a encore rien de concret».
Que fera-t-il si l’Etat décidait de couper l’eau et l’électricité dans la région de Baalbeck, suite à la désobéissance civile?
«Je ne crois pas que cela soit possible. Qu’ils essaient de le faire, nous verrons à ce moment-là».
Ses revendications sont irréalisables dans un proche avenir?...
«Nous souhaitons sentir que l’Etat veut s’occuper sérieusement de nos problèmes et qu’il est plein de bonne volonté à notre égard. A partir de là nous attendrons le temps qu’il faudra. Mais il doit cesser de nous mépriser. Il doit définir rapidement sa position à notre égard».
Avec les dernières mesures du gouvernement, ne l’a-t-il pas déjà fait?
«Je ne le crois pas. Ce n’est pas encore suffisant pour redonner confiance aux habitants de la région et aux nombreux déshérités de ce pays. Et tant que la situation restera ainsi, je ne renoncerai pas à la lutte...»
Craint-il une réactivation de certains dossiers judiciaires à son encontre?
Cheikh Toufayli hausse les épaules d’un air fataliste. Lui qui affirme être prêt à mourir pour la cause qu’il défend, a visiblement d’autres soucis en tête que la justice des hommes — et surtout celle des gouvernants.

S. H.
Le meeting achevé, cheikh Sobhi Toufayli rentre directement chez lui à Douris. Son modeste domicile grouille de jeunes enthousiastes, qui le couvent avec adoration. Après avoir vérifié qu’il veut bien recevoir des journalistes, ils nous introduisent dans le petit salon où il se repose. Le cheikh est las, il n’a presque plus la force de parler, mais il accepte quand même de...