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Actualités - ANALYSE

Demain à Baalbeck , un test décisif pour l'état

Le festival de Baalbeck, ce n’est pas la dabké de Caracalla ni les sanglots longs du violoncelle de Rostro à la fin du mois, mais la carmagnole de Toufayli dès demain le 4, Place u Sérail... Faisant comme si de rien n’était, pour minimiser l’enjeu, M. Rafic Hariri prend l’avion pour le Maroc.
Mais les «services qualifiés» sont pour leur part sur les dents et ont été mobilisés à plein pour contenir le phénomène et prévenir les débordements qu’annonce le meeting de la «révolution des affamés» organisé par le «cheikh rouge».
L’absence du chef du gouvernement, signe de sang-froid selon ses proches, est toutefois regrettée par d’autres loyalistes qui soulignent que «beaucoup de Libanais vont malheureusement penser que le milliardaire, plutôt que de porter son attention sur une actualité qui est après tout centrée sur leurs problèmes socio-économiques, thème qu’exploite à fond Toufayli, a préféré aller frayer avec un autre nanti célébrissime, le fastueux roi du Maroc. Si encore le voyage hors du pays pouvait se justifier par des impératifs ayant trait à la situation régionale, l’opinion pourrait comprendre. Il en irait de même, par exemple, si nous avions avec le Maroc des accords économiques importants à conclure d’urgence, ce qui n’est pas du tout le cas, nos rapports avec ce pays étant pratiquement nuls sur ce plan... On n’y trouve ni investisseurs potentiels, ni colonie libanaise à relancer pour qu’elle ramène ses capitaux au pays. M. Hariri a donc l’air d’effectuer un voyage d’agrément ou d’affaires ce qui, en ce moment précis, n’était vraiment pas indiqué. Et on va nous accuser de fuite en avant...»
Et de souligner que «l’argument de certains haririens qui laissent entendre que leur chef, après la visite de l’émir Abdallah, se rend à Rabat pour tenter de relancer le haut comité tripartite arabe (Maroc, Algérie, Arabie Séoudite), en vue de ressusciter le Fonds de soutien de 2 milliards de dollars promis à Taëf, cet argument-là donc ne tient pas debout et prête à sourire. D’une part, parce que cette affaire de Fonds, le Liban a dû en faire son deuil depuis longtemps, depuis la guerre du Golfe en fait. Et ensuite parce que, par définition, quand on commence à s’intéresser à l’archéologie et qu’on veut fouiner du côté d’un aussi lointain passé, on a tout son temps, rien ne presse, surtout quand il y a le feu à la maison et qu’on ferait mieux de s’employer à l’éteindre...»
Après ces boutades d’une ironie sarcophagique, cette personnalité gouvernementale révèle que «les initiatives successives de M. Hariri en agacent plus d’un au sein même du pouvoir et depuis quelque temps il y a de l’eau dans le gaz au niveau du gouvernement où plusieurs ministres commencent à grogner de plus en plus fort, malgré les conseils de retenue prodigués par les décideurs. Et on peut les comprendre: M. Hariri les laisse se débrouiller tout seuls face aux problèmes qui se posent et ils ont l’impression que le capitaine abandonne le navire chaque fois qu’il y a tangage...»
Les opposants de leur côté martèlent ce même thème de la «désertion inopportune» en l’étendant pour leur part à «une absence politique chronique, le pouvoir n’étant jamais là pour traiter les vrais dossiers qui préoccupent ou accablent les Libanais comme la cherté et le manque de ressources financières. Il est difficile dans ces conditions de lutter contre les dérapages style Toufayli et d’œuvrer pour que la «révolution» promise dans la Békaa ne fasse pas boule de neige pour gagner le Nord, le Sud, la montagne et Beyrouth où les appels du cheikh trouvent déjà beaucoup d’échos, un solide tremplin du côté de la banlieue-sud...»
A ces appréhensions, une source officielle répond en affirmant que «le mouvement de Toufayli reste sous contrôle et ne fera pas tache d’huile. Les mesures nécessaires ont été prises à cette fin, tant sur le terrain que sur le plan politique. Le risque de dérapages provoqués par des éléments infiltrés, durant le rassemblement de demain, subsiste certes et on ne se méfie jamais assez des agents de l’ennemi; mais, globalement, la consigne, reçue cinq sur cinq par les toufaylistes, est qu’il ne doit y avoir aucun acte de subversion, aucun magasin attaqué, aucune voiture brûlée...» Cette source laisse donc entendre que des limites déterminées ont été fixées par les décideurs et ajoute même qu’à son avis il n’est pas exclu que toute l’opération de protestation populaire soit en définitive décommandée. On verra bien demain. Et on notera cependant, qu’encore une fois, pas un mot n’est dit sur l’appel de Toufayli à l’insubordination civile, appel qui constitue une grave infraction aux lois en vigueur...
Ph. A-A.
Le festival de Baalbeck, ce n’est pas la dabké de Caracalla ni les sanglots longs du violoncelle de Rostro à la fin du mois, mais la carmagnole de Toufayli dès demain le 4, Place u Sérail... Faisant comme si de rien n’était, pour minimiser l’enjeu, M. Rafic Hariri prend l’avion pour le Maroc.Mais les «services qualifiés» sont pour leur part sur les dents et ont été ...