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Actualités - ANALYSE

Sud : nouvelle diversion diplomatique israélienne

Encore une fois Israël remet le couvert, comme on dit familièrement, et se lance au Sud dans une opération «poudre aux veux» de grand style, en relançant la France pour lui proposer un rôle-tampon sur le terrain, dans le cadre d’une force multinationale, en prévision d’un retrait de ses troupes d’occupation. Cette proposition israélienne suit de près la tension suscitée dans la zone de Jezzine par les attentats islamistes, incidents qui ont remis sur le tapis le vieux slogan piégé sioniste «Jezzine d’abord», qui selon Tel-Aviv doit lui-même servir d’entrée en matière à un plan de nature régional baptisé «Liban d’abord».
Des sources diplomatiques occidentales relèvent que lors de sa visite à Paris le 17 juin dernier, le ministre israélien de la Défense M. Yitzhak Mordehaï a instamment demandé l’aide française pour la réalisation d’un retrait israélien du Sud-Liban, à travers la participation d’un contingent français à une force multinationale qui épaulerait l’armée libanaise lors de son déploiement dans l’enclave frontalière présentement occupée. Indication que l’entourage du nouveau ministre français de la Défense M. Alain Richard a récemment confirmée. Ces sources ajoutent que M. Mordehaï a précisé qu’Israël maintient cette condition sine qua non: tout arrangement avec le Liban doit impliquer une garantie formelle quant au sort des officiers et des soldats de l’Armée du Liban-Sud d’Antoine Lahd. M. Richard lui aurait alors répondu qu’il transmettrait ses propositions au gouvernement socialiste de M. Jospin pour réponse définitive et que de son côté son propre département étudierait avec soin l’aspect technique du problème, pour le cas où Paris estimerait possible de participer à une nouvelle force multinationale au Liban. Parallèlement lundi dernier, l’ambassadeur français à Tel-Aviv a été autorisé par son gouvernement à confirmer les relances israéliennes, ajoutant comme M. Richard que Paris était en train de les étudier, mais rappelant que la France reste attachée à l’application de la 425 et qu’elle respecte avant tout dans ce domaine la position du Liban.
Rien de nouveau donc: l’an dernier déjà le gouvernement de M. Netanyahu avait sollicité le président Jacques Chirac pour qu’il transmette à Beyrouth une offre similaire qui avait été aussitôt rejetée. Cependant on indique de bonne source que l’ancien directeur général du ministère israélien de la Défense, M. David Ivry, entouré des conseillers de M. Mordehaï, avait à l’époque engagé de véritables négociations, officieuses et secrètes, avec les cadres du ministère français de la Défense, sur la programmation technique d’un retrait israélien du Liban. Le thème des discussions s’articulait autour de la mise en place d’une force multinationale et libanaise conjointe, sous commandement français pour la période transitoire. Mais M. Mordehaï est allé semble-t-il plus loin, puisqu’il a parlé d’accord de paix entre Israël et le Liban déclarant à ce propos que «les relations étroites qui lient la France au Liban et ses rapports avec la Syrie peuvent aider à la conclusion d’un tel accord». Selon les mêmes sources diplomatiques, il aurait ensuite usé de menaces voilées, déclarant à son homologue français qu’une nouvelle fin de non-recevoir libanaise, inspirée par la Syrie, pourrait provoquer une grave dégradation de la situation sur le terrain au Sud. Ajoutant que le gouvernement israélien refuse absolument que le statu quo, qu’il ne lui est plus possible de supporter, soit maintenu car il lui faut répondre de la vie de ses soldats, attaqués par les résistants libanais, devant son opinion publique. M. Mordehaï aurait conclu, selon les mêmes sources, en répétant qu’Israël veut une solution définitive à ce problème, soit par le retrait soit par une opération militaire d’envergure, et refuse de continuer à subir une guerre d’usure.
En tout cas, intimidation ou menace réelle, le message israélien a été dûment transmis à Beyrouth comme à Damas, la France pour sa part confirmant à tel-Aviv qu’à ses yeux seules comptent la 425 et la volonté du Liban. Pour qui le retrait israélien doit être inconditionnel...

PH.A-A.
Encore une fois Israël remet le couvert, comme on dit familièrement, et se lance au Sud dans une opération «poudre aux veux» de grand style, en relançant la France pour lui proposer un rôle-tampon sur le terrain, dans le cadre d’une force multinationale, en prévision d’un retrait de ses troupes d’occupation. Cette proposition israélienne suit de près la tension...