L'état nous a transformés en esclaves, déclare le meneur de la révolte des affamés

Poursuivant sa campagne en faveur de la «révolte des affamés» (qui devrait être officiellement lancée le 4 juillet), cheikh Sobhi Toufayli s’est rendu hier au village Al-Kasar au Hermel. Au cours d’une rencontre avec les habitants, à la «husseyniyé» du village, cheikh Toufayli a expliqué les grandes lignes de son action.
En présence de son beau-frère et allié, cheikh Khodr Tleiss — ancien député du Hezbollah — Toufayli a déclaré que le peuple du Liban pourrait être l’un des brillants de la terre, «mais l’Etat veut à tout prix en faire un peuple ignare, paralysé, inculte, puisque les seuls projets qu’il exécute sont ceux de la discorde et de la corruption».
A un auditoire nombreux et intéressé, cheikh Toufayli a affirmé qu’il n’acceptera plus des promesses en l’air ou des accusations lancées à tort et à travers. «Nous n’accepterons plus d’être classés parmi les hors-la-loi, nous voulons au contraire un Etat qui puisse édifier une société juste».
Tout en soulignant que la réunion des députés de la Békaa, dimanche dernier au sérail de Baalbeck, est arrivée un peu en retard, cheikh Toufayli a émis le souhait que cette action se poursuive et soit sérieuse. Il a ensuite remercié tous ceux qui appuient son action, «ne serait-ce que par une déclaration, bien que le rôle des députés soit en fait de servir les intérêts de leurs électeurs».
Cheikh Toufayli a aussi émis quelques réserves sur le communiqué publié par les députés de la Békaa, à l’issue de la réunion de dimanche dernier précisant qu’il est incomplet.
Cheikh Toufayli a ensuite tenu une réunion préparatoire de la révolte du 4 juillet, dans un village à l’ouest de Baalbeck. Il y a notamment déclaré que, «grâce à l’Etat actuel, nous sommes devenus des esclaves, non seulement piétinés mais aussi affamés. Avez-vous vu pire que ces gouvernants qui pillent, affament, violent les droits les plus sacrés et n’éprouvent aucune honte à le reconnaître clairement devant les citoyens? Nous devons reconquérir notre dignité et traiter chacun comme il le mérite. Ce pays est le nôtre et cette terre nous appartient. Pourquoi les gouvernants se comportent-ils comme s’ils étaient les propriétaires de la terre et du ciel et comme si nous étions, nous les étrangers, voire les importuns?...»
«Je vous le dis, a encore déclaré cheikh Toufayli, si nous arrêtons aujourd’hui notre action, nous nous réveillerons demain et nous verrons qu’ils (les gouvernants) ont emporté nos meubles. Comme vous le savez, ils ont essayé de nous faire peur, de nous menacer, mais en somme, nous sommes les plus forts. Nous sommes capables d’arracher nos droits, mais nous ne voulons pas plus que cela. Ce sont les gouvernants qui sont en train de détruire le pays, de le piller, de l’appauvrir et de le vider, alors que nous, nous essayons de le sauver».
En conclusion, cheikh Toufayli a déclaré que «l’opposition au projet de nous appauvrir est une forme de résistance contre l’ennemi» et il a invité les habitants de la région à participer massivement à la journée de protestation du 4 juillet.