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Actualités - CHRONOLOGIE

Un avion affrété par des hommes d'affaires libanais a rapatrié les membres de la communauté de Brazzaville Les libanais poursuivis par la malédiction africaine

Du Zaïre au Congo-Brazzaville, en passant par le Liberia et la Sierra Leone, les Libanais sont poursuivis par la malédiction africaine. En l’espace d’un an, nos compatriotes, parfois installés dans ces pays depuis des générations, ont été contraints à s’enfuir en catastrophe, laissant sur place le labeur de toute une vie et ramenant avec eux des traumatismes qu’ils auront du mal à surmonter.
Un avion transportant les derniers Libanais du Congo-Brazzaville a atterri à 23h30 samedi à l’Aéroport international de Beyrouth avec à son bord 190 personnes en provenance de Libreville, la capitale du Gabon.
L’appareil d’Air-Gabon a été loué pour 100.000 dollars par deux notables de la communauté libanaise du Congo-Brazzaville, MM. Antoine Tabet et Mohsen Hojeij. Auparavant, des négociations pour la location d’un avion de la MEA avaient échoué.
Les réfugiés dans leur propre pays sont apparus à bout de force à leur descente d’avion. Des larmes, des sanglots étouffés, le même spectacle s’est une nouvelle fois offert aux journalistes et aux agents des services de sécurité de l’Aéroport qui ont pris l’habitude de venir accueillir ces sinistrés d’Afrique qui débarquent presque chaque jour à l’AIB depuis maintenant trois semaine. Pour tout bagage, la majorité des Libanais ne portaient que des sacs d’épaule, ayant dû abandonner dans leur fuite éperdue de Brazzaville la plupart de leurs affaires personnelles.
M. Anis Tabet, qui a participé à l’organisation de l’évacuation des Libanais de la capitale congolaise, a déclaré que beaucoup de membres de la communauté ont été maltraités par des hommes armés qui sont maîtres de Brazzaville. Si par chance il n’y a aucun blessé à déplorer, certains ont perdu leurs biens dans les pillages. Des familles ont été rançonnées par des miliciens qui réclamaient argent et bijoux. Selon les voyageurs rentrés samedi, «les pertes essuyées par les Libanais de Brazzaville sont très importantes». «Ils ont tout pillé. Maisons, appartements, rien n’a été épargné, a déclaré une jeune femme portant un bébé. Ils ont même emporté les équipements électroménagers».

L’armée française

M. Tabet a précisé que l’avion d’Air-Gabon a ramené les derniers Libanais du Congo. «Certains se sont rendus à Paris, d’autres ont préféré rester à Libreville pour attendre les développements. Il n’y a plus de Libanais à Brazzaville», a-t-il indiqué.
Les membres de la communauté au Congo ont été évacués par l’armée française vers Libreville. C’est l’ambassadeur du Liban à Paris, M. Nagi Abou Assi, qui est entré en contact avec le Quai d’Orsay pour solliciter l’aide des troupes françaises déployées à Brazzaville depuis le début du conflit.
Le Congo comptait entre 350 et 400 Libanais avant le début des affrontements entre l’armée régulière et les miliciens de l’ancien chef de l’Etat. Mais cette petite communauté jouait un rôle très important sur le plan économique. Les Hojeij, Tabet, Achkar, Renno, el-Hajj, Chlala et autres familles possèdent de grandes entreprises dans le domaine du bâtiment, des travaux publics, de l’industrie agroalimentaire et des transports aériens internes (une des plus grandes compagnies d’aviation, la TAC, appartient au Libanais Bassam el-Hajj). Selon certaines informations, de nombreuses usines appartenant à des Libanais ont été pillées ou détruites pendant les affrontements à l’arme lourde qui ont opposé les deux factions congolaises rivales.
Les sinistrés rentrés de Brazzaville n’ont pas caché leur amertume face à «l’indifférence» des autorités libanaises. «Au Congo, il n’y a même pas de consul pour s’occuper des affaires de la communauté. Le consul honoraire, Mohsen Hojeij, fait ce qu’il peut, mais il n’a pas les moyens suffisants. Il faut que le gouvernement repense sa politique à l’égard des Libanais d’Afrique», précise-t-on de source proche des Libanais de Brazzaville.
Hier le Zaïre et la Sierra Leone, aujourd’hui le Congo et demain peut-être d’autres pays d’Afrique. Tous les jours, la superficie où les Libanais sont émigrés se rétrécit davantage.

P. Kh.
Du Zaïre au Congo-Brazzaville, en passant par le Liberia et la Sierra Leone, les Libanais sont poursuivis par la malédiction africaine. En l’espace d’un an, nos compatriotes, parfois installés dans ces pays depuis des générations, ont été contraints à s’enfuir en catastrophe, laissant sur place le labeur de toute une vie et ramenant avec eux des traumatismes qu’ils...