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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Fakhoury : tout a été prévu pour éviter les écueils de la nouvelle politique agricole Le ministre affirme qu'il n'y aura ni pénurie, ni flambée des prix, ni frelatage, ni contrebande (photo)

Le ministre de l’Agriculture, M. Chawki Fakhoury, s’est voulu rassurant hier. Alors que le tollé se poursuit contre la nouvelle politique agricole du gouvernement, il a insisté à plusieurs reprises dans une conférence de presse sur le fait que les craintes des détracteurs de la décision gouvernementale ne sont pas fondées. Il a évoqué une série de mesures envisagées pour lutter contre un éventuel monopole, une hausse injustifiée des prix ou une prolifération de la contrebande.
M. Fakhoury a particulièrement insisté sur le fait que la décision du gouvernement n’est pas rigide et reste en définitive tributaire «des données sur le marché».
M. Fakhoury a entamé la conférence de presse qu’il a tenue à son bureau par une contre-attaque: «Si ceux qui critiquent aujourd’hui notre politique agricole pouvaient seulement renoncer un moment à leurs théories et sortir de la capitale pour visiter les zones rurales, ils se seraient rendu compte de l’ampleur de l’erreur commise par les économistes qui ont toujours cru que la priorité doit être accordée dans l’économie libanaise au secteur des services».
Selon le ministre, ce secteur bénéficie à lui seul de «51,26% des facilités accordées par les banques alors que les secteurs de l’industrie et de l’agriculture ne profitent que de 15% de ces facilités». Il a justifié la nouvelle politique protectionniste du gouvernement par la nécessité d’un développement équilibré, qui passe, selon lui, par la dynamisation des secteurs productifs, agricole et industriel en premier. Il s’agit, a-t-il poursuivi, d’une condition sine qua non du redressement de l’économie libanaise.

«Le grenier à blé
de l’empire romain»

Partant du principe que le Liban est capable de parvenir à l’autosuffisance sur le plan agroalimentaire — il a rappelé dans ce cadre que la plaine de la Békaa était considérée dans l’Antiquité comme le grenier à blé de l’empire romain — le ministre a expliqué les raisons pour lesquelles l’Etat a privilégié les mesures protectionnistes: «Si nous n’avons pas les moyens financiers nécessaires pour subventionner une politique agricole, réaliser des projets considérés comme étant vitaux ou accorder des crédits aux agriculteurs, il nous est possible en revanche de protéger leur production, et c’est là la moindre des choses».
Il a rappelé dans ce contexte que l’Etat a déjà eu l’occasion d’appliquer cette méthode «qui s’est révélée être fructueuse» avant d’évoquer rapidement l’interdiction d’importer des bananes, du raisin, des pommes et d’autres produits. «Et voilà qu’aujourd’hui nous consacrons par une décision du Conseil des ministres les bases de ce protectionnisme et le mécanisme de son application en vue d’une dynamisation du secteur agricole», a-t-il dit en affirmant que la nouvelle politique agricole ne s’applique qu’aux denrées que le Liban produit en quantité. «Y a-t-il dans le monde un seul pays qui se respecte et qui accepte d’importer des denrées susceptibles de faire la concurrence aux produits locaux? » s’est-il interrogé.
Poursuivant la défense de la politique agricole dont il est le parrain, M. Fakhoury a réaffirmé que les produits dont l’importation sera interdite à partir du 1er octobre prochain ne représentent que 20% de l’ensemble des marchandises que le Liban commande de l’étranger. Il a repris la même argumentation que le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, soulignant que la facture des produits agroalimentaires importés s’élève à un milliard cinq cents millions de dollars par an, «alors que le déficit agroalimentaire fixé par l’ONU pour l’ensemble des Etats arabes ne dépasse pas au pire des cas les 50%» de ce chiffre.

«Lutter contre tout
dérapage»

Mais est-ce que l’Etat a les moyens de sa politique? Le ministre affiche une confiance à toute épreuve. Il a expliqué que des mesures ont été décidées en coordination avec le ministère de l’Economie pour «lutter contre tout dérapage». Et d’insister encore une fois sur les expériences «concluantes» du passé.
Selon les explications de M. Fakhoury, «des commissions spécialisées ont été formées jeudi pour étudier et contrôler le coût et la qualité de chaque produit protégé». Elles tiendront après-demain, lundi, leur première réunion et doivent régulièrement publier une liste des prix de toutes les denrées. Dans le même temps, a-t-il dit, des patrouilles du Service de protection des consommateurs vérifieront que les commerçants se conforment aux listes publiées. M. Fakhoury a révélé que son ministère a réclamé l’autorisation d’embaucher 25 experts pour cette mission alors que le ministère de l’Economie en a demandé 10. Il n’a toutefois pas précisé le nombre général des contrôleurs qui doivent courir aux quatre coins du pays pour s’assurer qu’aucun commerçant n’a modifié ses prix à la hausse. Il n’a pas non plus dit comment son département ou le ministère de l’Economie s’y prendront pour que l’enthousiasme des premiers jours perdure: on se rappelle comment le mouvement déclenché il y a plusieurs mois par le ministère de l’Economie — qui avait lancé les patrouilles du SPC à l’assaut d’établissements de commerce contrevenants — avait fini par s’essouffler au fil des jours.
Quoi qu’il en soit, le ministre de l’Agriculture a poursuivi en précisant qu’il se réserve le droit d’autoriser de nouveau, en coordination avec le ministère de l’Economie, l’importation de tout produit dont le prix dépasserait largement sur le marché la moyenne fixée par les deux départements. Il a par ailleurs rejeté les craintes que la nouvelle politique agricole n’affecte l’adhésion du Liban aux accords du GATT ou au projet de partenariat euro-méditerranéen. «Au contraire, le but de ce nouveau programme est de consolider le secteur agricole de manière à ce que nos produits deviennent compétitifs pour pouvoir affronter le marché mondial», a-t-il noté. «Que personne ne croie que nous avons improvisé ou que nous renonçons à l’économie libérale à laquelle nous restons attachés plus que quiconque», a lancé M. Fakhoury.
Et le problème de la contrebande? Selon le ministre, une réunion qu’il tiendra les 22 et 23 courant avec son homologue syrien est censée résoudre ce problème. «Nous avons une liste de tous les produits qui sont introduits de manière illicite au Liban à travers la frontière avec la Syrie. Nous ne pouvons toutefois réprimer ce trafic qu’avec l’aide de Damas», a-t-il dit sans plus d’explications.
Le ministre de l’Agriculture, M. Chawki Fakhoury, s’est voulu rassurant hier. Alors que le tollé se poursuit contre la nouvelle politique agricole du gouvernement, il a insisté à plusieurs reprises dans une conférence de presse sur le fait que les craintes des détracteurs de la décision gouvernementale ne sont pas fondées. Il a évoqué une série de mesures envisagées pour...