Concert à Houat-Dara-Tarchiche Le site est interdit d'accès mais la soirée sauvée (photos)

Le magnifique théâtre naturel de Houât-Dara à Tarchiche (Metn) devait servir de cadre, vendredi dernier, à un concert musical organisé par le ministère de l’Environnement, le Centre culturel français et l’association verte S.O.S. Environnement. Sur place, une centaine de jeunes et de moins jeunes se voient interdire l’accès du théâtre par un groupe de F.S.I.. Que se passe-t-il?
A moins d’un kilomètre du site, une carrière, qui appartiendrait à plusieurs associés. L’un d’eux, accouru sur les lieux, crie au complot, et accuse les joyeux fêtards de vouloir lui «mettre des bâtons dans les roues». «Vous êtes là pour filmer notre carrière et semer la zizanie entre nous et le gouvernement, dit-il aux organisateurs. Ici vous êtes sur une propriété privée. Vous n’avez pas le droit de la violer. Toutefois, nous sommes prêts à vous assurer immédiatement un autre lieu pour votre concert».
Les discussions commencent alors, mais le propriétaire de la carrière ne veut rien entendre et refuse de croire aux «intentions pacifistes» des jeunes...
Qui est le responsable de ce malentendu? Qui a donné l’ordre d’interdire la fête? En quoi un concert de jeunes peut-il constituer un danger, même pour le propriétaire d’une carrière, quelle que soit la proximité de celle-ci d’un site naturel, et donc public? Comment et qui peut arrêter une manifestation officiellement autorisée par un ministère?...
Alors que la soirée était censée commencer à 18h, deux heures plus tard, tout le monde est là, sur le bord de la route. On attend le représentant du ministère du Tourisme qui est allé «faire des contacts». Quant au directeur du C.C.F., Jean-Claude Voisin, il a également quitté les lieux à la recherche d’un autre cadre pour le concert. Un groupe d’écolos, guitare à la main, chante pour faire passer le temps. Faut-il rester? Faut-il partir? Chacun donne son point de vue...
A 20h30, on grimpe en voiture pour rejoindre un nouvel endroit situé à quelque deux km de là, toujours à Majdel Tarchiche.
C’est ici que «campera» enfin le concert champêtre.
Très vite, la bonne humeur revient. On s’installe dans l’herbe, sur des pierres ou des rochers qui surplombent la «scène» improvisée. Tout le long du chemin qui relie la route au «théâtre», des sacs de sable, contenant des bougies allumées, sont placés. Çà et là, les organisateurs installent également des torches. l’ambiance est détendue, l’incident est presque oublié. La nuit tombe, la lune monte dans le ciel.
Ouverture avec Olivier Gredzinski qui souffle dans un didjuridoo, un instrument étrange qu’on voit pour la première fois au Moyen-Orient. «Le didjuridoo est vieux de 60.000 ans, explique le jeune musicien. En Australie, les aborigènes se servent de cette branche d’arbre vidée par les termites, qui donne, quand on y souffle, un son comme sorti des profondeurs de la terre».

Un dialogue aux
mille modulations

Le violon de Nidaa Abou-Mrad donne ensuite la réplique au didjuridoo. On assiste alors à un étonnant dialogue aux mille modulations, tout en échos et vibrations.
Place ensuite à Maguy Abillamah qui charme le public avec sa flûte de pan. Après «La prière de Syrinx», une composition du père Jacques Badaoui, elle interprète un pot-pourri de mélodies.
Kamal Morcos (oud), Abdo Yahchouchi (violon), Patrick Morcos (nay) et la chorale de l’école de musique Saint-Michel de Bickfaya présentent enfin des airs traditionnels libanais, des «mouachahât» andalouses, ainsi que des chansons de Feyrouz et de Philémon Wehbé. Le populaire «Ala Dal’ouna» déclenche une dabké, et la fête se prolonge jusque tard dans la nuit...

N.S.