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Actualités - CHRONOLOGIE

Des commissions Ad Hoc chargées du suivi de la politique agricole Le gouvernement confirme ses précédentes résolutions mais reste ouverte au dialogue La situation à Jezzine longuement évoquée hier en conseil des ministres(photo)

Deux dossiers vitaux ont été longuement examinés au cours de la réunion du Conseil des ministres qui s’est tenue hier au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’Etat Elias Hraoui: les dernières mesures économiques protectionnistes adoptées le 10 juin par le gouvernement; et la situation déplorable à Jezzine où les opérations d’infiltration menées par les combattants anti-israéliens n’établissent pas toujours une distinction entre les objectifs militaires et la population civile. Sur un autre plan, et dans le cadre des sujets inscrits à l’ordre du jour, le projet de loi portant amendement de certaines dispositions de la loi sur les municipales a été renvoyé devant une commission ministérielle ad hoc pour complément d’examen.
Ce sont, semble-t-il, les décisions économiques du 10 juin qui ont occupé la plus large part des débats du Conseil des ministres. Le dossier a été discuté pendant près d’une heure (la séance du Cabinet s’est tenue de 18 heures à 21h30). De nombreux ministres sont revenus à la charge pour critiquer vivement certaines des mesures en question, notamment pour ce qui a trait à l’augmentation des taxes sur les voitures et à l’interdiction de l’importation de certains produits agricoles étrangers en vue de soutenir la production locale.
Les réactions virulentes provoquées par ces mesures au sein de l’opinion publique ainsi que dans les milieux d’affaires et au niveau des organismes économiques ont été évoquées dans ce cadre. Certains membres du gouvernement devaient suggérer que les décisions controversées soient révisées pour tenir compte des critiques et des appréhensions exprimées çà et là. Au terme de près d’une heure de discussions, le premier ministre Rafic Hariri a souligné qu’il serait maladroit et inopportun de revenir sur des résolutions prises en Conseil des ministres car «c’est la crédibilité et l’autorité morale du gouvernement qui risqueraient de s’en ressentir» (il existe, pourtant, des précédents en la matière, le Cabinet Hariri étant déjà revenu sur certaines de ses décisions, notamment dans l’affaire de l’octroi d’une autorisation exceptionnelle aux médias audiovisuels du Hezbollah pour la diffusion de programmes politiques).
Soucieux, donc, du prestige du gouvernement, M. Hariri a suggéré que le Conseil des ministres confirme officiellement ses précédentes résolutions, quitte à les réviser par la suite à la lumière des concertations qui auraient été entreprises avec les organismes économiques, ou sur base des recommandations des commissions formées par le ministre de l’Agriculture afin de fixer les modalités d’application de la nouvelle politique agricole. La fermeté de façade cacherait ainsi, en réalité, une souplesse officieuse. C’est du moins ce qu’ont indiqué hier soir des sources gouvernementales. Reste à savoir si cette fenêtre ouverte sur le dialogue englobe l’augmentation des taxes sur les voitures ou simplement la politique agricole.
Dans les deux cas, il faudra attendre le bilan des concertations avec les organismes économiques pour en savoir plus. La mesure qui pose le plus de problème, au stade actuel, est l’augmentation des taxes sur les voitures. De nombreux ministres y sont fermement opposés. Et l’opinion publique n’a pas encore saisi le bien-fondé des considérations invoquées par les responsables pour justifier cette surtaxation.
Quant à la politique agricole, son application semble devoir se faire dans la souplesse, comme ne cesse de le souligner le ministre de l’Agriculture Chawki Fakhoury. Le tollé provoqué par les premières informations (officielles) faisant état de l’interdiction de l’importation de plusieurs produits agroalimentaires n’aura pas été vain. Les modalités pratiques de la mise en application des mesures de soutien à la production agricole seront, en effet, examinéespar des commissions ad hoc. Celles-ci grouperont des représentants du ministère de l’Industrie, pour ce qui a trait à tous les produits agroalimentaires. Une réunion a groupé hier les deux ministres concernés, MM. Chawki Fakhoury et Nadim Salem, pour mettre au point la coordination entre les deux ministères pour tout ce qui touche aux produits agroalimentaires industrialisés. Dans une déclaration à la presse, M. Salem devait souligner hier que son ministère aura son mot à dire dans l’adoption de toute mesure portant sur les produits agroalimentaires.

Le problème de Jezzine
Autre dossier examiné par le Conseil des ministres: la situation à Jezzine, à la lumière de la recrudescence des opérations militaires touchant parfois des civils. M. Salem (qui est député de Jezzine) a soulevé le problème sans détours, soulignant que «les habitants de Jezzine sont des Libanais à part entière, ce qui signifie que l’Etat doit assumer ses responsabilités à leur égard». M. Salem faisait allusion, d’une manière à peine voilée, aux vexations auxquelles sont soumis, souvent, les habitants de Jezzine lorsqu’ils quittent leurs villages pour se rendre à Beyrouth. Ils sont harcelés et longuement arrêtés au barrage de l’armée, sur la voie de passage reliant Jezzine à la zone sous contrôle de l’Etat. Ils sont, en outre, parfois interpellés dans certains secteurs de la capitale sous prétexte qu’ils habitent la «zone de sécurité».
A la lumière de l’intervention de M. Salem, qui a exposé en détail les épreuves endurées par les habitants de Jezzine, le président Hraoui a pris la parole pour souligner qu’il allait donner ses instructions afin que les habitants de Jezzine soient traités à l’instar de leurs concitoyens. En clair, cela signifie que des démarches seront entreprises afin de mettre un terme au harcèlement au barrage de l’armée et dans certains secteurs de la capitale. M. Salem pourrait, d’autre part, entreprendre des contacts avec le Hezbollah afin que ses miliciens évitent de s’en prendre à la population civile en effectuant des infiltrations sur les routes de Jezzine.
Ce dernier point avait été également soulevé dans la journée au cours des entretiens que M. Samir Azar, député de Jezzine, avait eus avec le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, le nonce apostolique, Mgr Pablo Puente, et certains responsables du Hezbollah. Les contacts entrepris par M. Azar, et auxquels se sont associés certains notables de Jezzine, auraient abouti à un engagement pris par le Hezbollah d’éviter les attaques contre la population civile et de ne plus placer des charges explosives sur les routes de la région.
Pour en revenir au Conseil des ministres, qui s’est réuni en l’absence des ministres Michel Eddé, Yassine Jaber, Fawzi Hobeiche, Elie Hobeika et Omar Meskaoui, le ministre de l’Information M. Bassem el-Sabeh a donné lecture des informations officielles suivantes:
«Le président de la République, a annoncé qu’une délégation officielle séoudienne l’a averti que le prince héritier, l’émir Abdallah, souhaite effectuer une visite au Liban la semaine prochaine. Le président de la République a précisé que le prince héritier arrivera au Liban jeudi prochain par voie de terre en provenance de la Syrie. Il sera accompagné d’une délégation comprenant plus de 140 personnes...»(VOIR PAR AILLEURS).
«Le chef de l’Etat considère que ces visites officielles (celles du premier ministre malais et de l’émir Abdallah) confirment que le Liban est promis à un avenir radieux malgré les défis auxquels ils est confronté à cause de l’occupation israélienne du Sud et de la Békaa-Ouest», a ajouté le ministre Sabeh qui a rapporté aussi «la satisfaction du chef de l’Etat pour la condamnation qu’Israël a subie aux Nations Unies suite au crime qu’il a commis à Cana».
Poursuivant son exposé, le ministre Sabeh a indiqué que «le ministre Nadim Salem a soulevé la question de la région de Jezzine et de ses relations avec l’Etat».
M. Salem a demandé que «cette relation soit redéfinie dans un cadre qui puisse confirmer les habitants (de Jezzine) dans leur résistance à l’occupation et leur attachement à leur Etat».
M. Sabeh a ajouté: «Cette question a été abordée sous deux angles: celui de la liberté d’action de la résistance et son droit à mener des actions contre l’occupant et ses agents, et celui du devoir des autorités libanaises d’appliquer dans toutes les régions occupées une politique qui favorise la résistance des habitants à toute normalisation avec l’occupant».
Selon le ministre de l’Information, «les débats en Conseil des ministres, concernant les dernières mesures économiques, ont duré une heure complète».
«Tous les ministres, notamment ceux qui étaient absents lors du précédent Conseil, ont participé aux débats. Le président de la République et le président du Conseil ont repris les arguments qui ont motivé ces décisions à savoir la mise au point d’une politique agricole nationale qui mette fin à l’exode rural qui vide depuis des années nos campagnes et la réduction de notre facture extérieure du fait de l’importation d’un grand nombre de voitures. Le Conseil des ministres confirme les décisions précédemment adoptées sans aucune modification», ajoute-t-il.
«Après cela, le Conseil des ministres a examiné son ordre du jour et il a approuvé un projet de loi amendant la création du ministère de l’Environnement».
«Après l’avoir discuté, il a donné son accord de principe à un projet de loi autorisant le gouvernement à nommer des fonctionnaires au sein du corps diplomatique, parmi les détenteurs de licence en droit».
«Le Conseil des ministres a ensuite discuté un projet de loi amendant certains textes portant sur les élections municipales et celles des moukhtars. A la suite d’une intervention du ministre de l’Intérieur, il a été décidé de tenir une réunion ministérielle restreinte, la semaine prochaine, pour discuter le projet et lui donner une nouvelle mouture avant de le soumettre de nouveau au Conseil des ministres. Cette réunion sera présidée par M. Michel Murr et elle regroupera MM. Tabbarah, Fattouche, Démerdjian et Hmayed».
Le Conseil des ministres a ensuite approuvé plusieurs points, notamment:
— un projet de crédit entre le Liban et la Banque séoudienne de développement et de Construction, destiné à limiter la pollution de la côte
— un projet de crédit entre le Liban et la Caisse internationale de développement agricole, pour la réhabilitation de l’infrastructure agricole du pays
— une demande du ministère des Travaux publics visant à élaborer une étude sur un plan directeur général de l’ensemble du territoire, à la lumière des travaux d’une commission ministérielle technique présidée par le président du Conseil
— la demande du ministère du Tourisme de confier l’étude et l’exécution de divers travaux urgents liés à la tenue de festivals en été
— l’octroi d’une avance au CDR pour le réaménagement de la route Bécharré-Zghorta
— la demande du ministère de l’Information de former la délégation du Liban aux réunions de la commission permanente de l’information arabe et aux réunions des ministres de l’Information arabes qui se tiendront au Caire. Cette délégation est présidée par le ministre de l’Information et elle a pour membres l’ambassadeur du Liban au Caire, M. Hicham Démachkiyé, le directeur de Radio-Liban, M. Fouad Hamdane, et le directeur de l’ANI, M. Rafic Chélala.
Le ministre Sabeh a ensuite répondu aux questions des journalistes. Il a ainsi reconnu l’existence de divergences entre les ministres au sujet des dernières décisions dites «protectionnistes», mais il a précisé que finalement, le Conseil a décidé de les confirmer.
En réponse à une question sur le calendrier agricole publié à la fin de la précédente réunion du gouvernement, M. Sabeh a précisé que le texte distribué n’est pas celui qui avait été amendé en Conseil des ministres. «Cela a créé une confusion», lui a-t-on fait remarquer. Et M. Sabeh a répondu que ce sont là de petits détails. «L’important, a-t-il ajouté, c’est qu’en matière agricole, la décision du Conseil des ministres ouvre une grande fenêtre dans l’octroi de nouveaux permis d’importation de produits agricoles si le besoin s’en fait sentir».
Au sujet du scandale aux douanes, M. Sabeh a déclaré que le sujet a été évoqué en Conseil des ministres, que le ministre Siniora a fourni de nombreuses précisions, et il a assuré que le ministère de la Justice a demandé au parquet de mener l’enquête et que l’affaire est désormais entre les mains de la justice.
Qualifiant les dernières mesures protectionnistes d’impopulaires, le ministre de l’Information a déclaré qu’elles sont aussi nécessaires et il a précisé qu’il faudra attendre un peu avant de les juger.
Interrogé sur Jezzine, M. Sabeh a répondu que le ministre Salem a exposé son opinion sur la question et il a été convenu de renforcer les liens entre l’Etat et les régions occupées, notamment Jezzine, tout en insistant sur la nécessité d’œuvrer pour mettre un terme à l’occupation du territoire. A ce sujet, le ministre de l’Information a précisé que l’action de la résistance est un point acquis qui ne peut être remis en question.
Deux dossiers vitaux ont été longuement examinés au cours de la réunion du Conseil des ministres qui s’est tenue hier au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’Etat Elias Hraoui: les dernières mesures économiques protectionnistes adoptées le 10 juin par le gouvernement; et la situation déplorable à Jezzine où les opérations d’infiltration menées par les...