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Actualités - ANALYSE

Tamraz : encore un pied de nez...

Francis Carco l’aurait appelé «l’anguille»: encore une fois Roger Tamraz, chevalier d’industrie qui avait raflé un jackpot de plusieurs dizaines de millions de dollars quand il sévissait au Liban, glisse entre les mailles du filet. Il a pu quitter la Géorgie où il avait été placé en garde à vue à son hôtel pendant deux jours et regagner les Etats-Unis dont il a eu la prudence de devenir citoyen, après avoir mis les voiles à l’issue de son épopée libanaise voici neuf ans.
Tbilissi n’a donc pas eu la courtoisie d’attendre que les autorités libanaises lui expédient le dossier d’extradition établi pour un inculpé poursuivi pour de nombreux exploits commis au Liban et qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international répercuté par l’Interpol. Les autorités U.S., interrogées par les Géorgiens, avaient pour leur part répondu que l’homme n’est pas recherché aux States, ce qui a sans doute contribué à sa relaxe.
Une décision qui a déçu Beyrouth où le ministre de la Justice M. Bahige Tabbarah a indiqué en substance que les autorités géorgiennes n’ont notifié officiellement le Liban ni de l’interpellation ni de l’élargissement de Roger Tamraz. Le ministre s’est insurgé contre un tel comportement, qu’adoptent du reste selon lui beaucoup d’Etats «et auquel, a-t-il dit, le Liban va dorénavant riposter par une attitude réciproque»...
Toujours est-il qu’à Beyrouth on souligne que les Américains n’ont jamais voulu livrer Tamraz, car c’est contraire à leurs lois qui prescrivent la protection de tout ressortissant U.S. ayant maille à partir avec la justice d’un autre pays.
Des sources opposantes locales se demandent par ailleurs si le pouvoir tient vraiment à récupérer cet encombrant cadeau qu’est l’homme d’affaires caméléon et soulignent que si on voulait vraiment mettre la main sur Tamraz, on aurait tout de suite envoyé son dossier d’extradition à Tbilissi... Et on aurait, ajoutent ces sceptiques, pris langue avec les Américains pour qu’ils ne mettent pas trop de bâtons dans les roues... Ce qui n’aurait pas été trop leur demander car si Tamraz n’est pas officiellement poursuivi aux States, il n’en fait pas moins l’objet d’une enquête du Congrès pour les 170.000 dollars payés pour aider Clinton (qui l’a reçu six fois à la Maison Blanche!) à se faire réélire. Ces mêmes mauvaises langues opposantes expliquent que «les responsables chez nous ne tiennent probablement pas à ce que Tamraz vienne déballer tout ce qu’il sait, comme il a menacé de le faire si jamais on lui met le grappin dessus. On sait en effet que du temps de la guerre et de sa magnificence l’homme d’affaires avait partie liée avec nombre de parties locales de bords différents, bien qu’il fût ce qu’on appelle un homme du président» à l’époque M. Amine Gemayel. Et de rappeler qu’«un moment Tamraz avait même caressé l’idée de succéder à l’ancien chef de l’Etat et avait multiplié les contacts à cet effet... Plus tard, il avait été arrêté mais des âmes sensibles étaient parvenues à organiser son évasion. Puis il avait mystérieusement disparu. On avait retrouvé sa trace dans une région libanaise dite à risques et quand il avait réapparu on l’avait fait filer hors du pays...»
Un vrai Latude ou Monte-Cristo, au choix, l’aventurier cosmopolite, étant devenu par le biais de ses jongleries bancaires aussi riche qu’Edmond Dantes... Il n’est dès lors pas exclu de penser que ce sont ses ressources qui lui permettent à chaque fois de se tirer d’affaire. Et on peut, pour finir, relever que sa présence en Géorgie s’explique sans doute par l’intérêt qu’il porte à un projet gigantesque d’oléoduc, projet éminemment dangereux car il intéresse beaucoup les Etats comme les mafias des Républiques ex-soviétiques et aurait même été une des causes de la guerre de Tchétchénie...

Ph. A-A.
Francis Carco l’aurait appelé «l’anguille»: encore une fois Roger Tamraz, chevalier d’industrie qui avait raflé un jackpot de plusieurs dizaines de millions de dollars quand il sévissait au Liban, glisse entre les mailles du filet. Il a pu quitter la Géorgie où il avait été placé en garde à vue à son hôtel pendant deux jours et regagner les Etats-Unis dont il a eu la...