Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Le scandale des douanes : nouveau test pour l'autorité du pouvoir

Le putride dossier des timbres fiscaux aux Finances (qui a fait deux victimes parmi les présumés complices) n’est pas encore refermé et voici qu’éclate un nouveau scandale, cette fois aux douanes. Et encore une fois la bande, qui comprenait des dizaines d’affidés, a opéré pendant longtemps sans être inquiétée, raflant des sommes énormes grâce à des manifestes falsifiés. Par une coïncidence dans laquelle certains voient de la malveillance politique, c’est toujours uniquement dans un département relevant des Finances — les douanes en dépendent en effet — que les «grosses affaires», qui ne doivent pourtant pas manquer dans d’autres administrations, sont mises au jour...
On peut supposer à ce propos d’une part que, par définition, les finances attirent plus les lascars et les rendent moins prudents; et, d’autre part, qu’ailleurs le contrôle est si nul qu’aucun corrompu ne risque d’être démasqué... Il est également possible que les développements de l’affaire des timbres, pour dramatiques qu’ils fussent, n’aient pas eu l’effet dissuasif qu’on aurait pu en attendre si les autorités avaient fait preuve de parfaite transparence, de sévérité et d’efficacité dans l’arrestation de tous les coupables. Autrement dit, les auteurs des exactions aux douanes auraient peut-être pris peur et auraient cessé de sévir s’ils avaient été impressionnés par la fermeté des réactions officielles au scandale des timbres...
Mais ce qui est fait est fait et maintenant, «il ne faut surtout pas, souligne un politicien, que le pouvoir ait l’air de négliger l’affaire des douanes, ni qu’il donne l’impression de vouloir l’étouffer. Il est nécessaire qu’il saisisse l’occasion pour faire un exemple et montrer qu’il est déterminé à épurer l’Administration, condition sine qua non comme on sait de tout redressement économique du pays. Les dirigeants ne doivent couvrir aucune de ces opérations traditionnelles à travers lesquelles on évacue le problème en se servant de petits fonctionnaires comme boucs émissaires. Il est temps que, parallèlement, on réhabilite les organismes de surveillance et de répression administrative comme la Cour des comptes, le Conseil de la fonction publique, l’Inspection centrale et le Conseil de discipline générale. Cette remise en selle doit précéder toute réforme administrative. Tant qu’elle ne se fait pas, le clientélisme continuera à sévir et cette emprise de la caste politique sur les rouages de l’Administration est encore pire par ses effets publics que le pot-de-vin...»
Pour ces opposants, «il faut exploiter dans le bon sens les scandales qui éclatent, afin de lever la couverture politique dont certains cadres bénéficient et de mettre un terme aux transactions ou projets douteux qu’ils mènent pour le compte des leaders dont ils dépendent. La justice doit aider l’Etat à s’amender en empêchant pour commencer l’opacité dont on entoure les affaires. Il est inadmissible que, dans un scandale comme celui de timbres fiscaux, deux chiffres très différents soient avancés, certains responsables indiquant que 42 milliards de LL se sont évaporées alors que d’autres officiels affirment que les pertes se limitent à 3 milliards... Il est également inadmissible qu’on joue systématiquement la discrétion par peur que le chapelet ne se dévide d’un seul coup et qu’on plonge le pays dans un cyclone de scandales. Si les autorités décident de prendre le taureau par les cornes, elles peuvent nettoyer les écuries d’Augias sans provoquer d’autres remous que l’approbation unanime de l’écrasante majorité des Libanais que la corruption écœure».
Mais ce que cette source veut ignorer, c’est qu’un véritable coup de balai impliquerait une remise en question des rapports de force politiques dans le pays. Un reformatage auquel les intéressés, qui tiennent solidement de nombreuses positions privilégiées, ne peuvent consentir...
C’est ce qui explique sans doute que malgré les accusations naguère de M. Nabih Berry sur les affaires de concussion couvertes par les dirigeants, aucune enquête n’a été — et ne sera — menée.

Ph. A.-A.
Le putride dossier des timbres fiscaux aux Finances (qui a fait deux victimes parmi les présumés complices) n’est pas encore refermé et voici qu’éclate un nouveau scandale, cette fois aux douanes. Et encore une fois la bande, qui comprenait des dizaines d’affidés, a opéré pendant longtemps sans être inquiétée, raflant des sommes énormes grâce à des manifestes...