Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Mesures douanières : le pouvoir n'est pas près d'en démordre

Les mesures de protection de la production agricole et d’augmentation des taxes douanières sur les voitures «sont exécutoires et ne seront ni amendées ni a fortiori rapportées», soutient mordicus ce dirigeant en réponse aux contempteurs du pouvoir.
Il affirme que «le tollé s’apaisera quand l’opinion, à la lumière de nos explications, aura compris les avantages de ces dispositions. D’autant que ceux qui protestent ne fournissent aucune solution de rechange pour atteindre les buts recherchés, à savoir l’atténuation du déficit de la balance commerciale par la réduction des dépenses d’importation, la promotion de l’agriculture comme de l’industrie locale ainsi que le «largage» des anciennes voitures qui aggravent le problème du trafic et causent une forte pollution».
Ce responsable, qui semble très sûr de son fait, invite dès lors — en omettant de mentionner les ministres qui se sont pas d’accord — les «députés hostiles aux mesures prises à présenter des propositions de rechange ou de révision et on verra alors comment votera la majorité, Place de l’Etoile...».
Il met cependant un peu d’eau dans son vin en indiquant que «nous avons demandé aux services qualifiés d’établir un tableau comparatif entre les derniers tarifs douaniers sur les voitures et les nouveaux: on verra alors en chiffres que l’augmentation effective n’est pas bien terrible car elle se répartit en créneaux dégressifs suivant la valeur marchande globale de chaque véhicule».
Entrant dans les détails, cette personnalité réfute les soupçons de délit d’initié qui courent dans les salons au sujet de voitures enregistrées avant l’édit d’augmentation et qui pourraient être vendues au nouveau prix fort. «Il suffira à l’acquéreur potentiel, indique-t-elle, de vérifier les reçue auprès de la direction de douanes... En tout cas, personne à ma connaissance n’a eu vent à l’avance de nos intentions, dont seuls le chef de l’Etat, le chef du gouvernement et le ministre délégué aux Finances étaient au courant. Il n’y a donc pas eu de fuite... à moins, conclut-il sur une boutade, que comme dit l’adage tout secret partagé par plus de deux personnes n’en soit plus un...».
Les parlementaires, ainsi mis au défi par ce responsable, vont-ils relever le gant et présenter des solutions de rechange? Vont-ils se contenter de protestations verbales en considérant que leur devoir s’arrête là?

Pour sa part, le Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais (le RDCL, qui regroupe les professionnels du monde des affaires) note que le problème des finances publiques déborde de loin les palliatifs envisagés. Il rappelle que le déficit du budget est dû en grande partie au gaspillage, aux insuffisances de la perception fiscale sous toutes ses formes, au poids énorme des dépenses d’Etat improductives et aux carences d’une administration dont on attend vainement la réforme depuis des années...

Les députés peuvent, s’ils le veulent, prendre en compte de telles remarques et consulter des experts à volonté pour bien peser le pour et le contre, voir si les avantages des mesures gouvernementales en surclassent les inconvénients ou l’inverse. Mais en réalité, on se retrouve tôt ou tard devant cette contradiction de base, imposée par «les considérations régionales»: la Chambre a beau grogner, descendre en flèche les positions gouvernementales lors des débats Place de l’Etoile, contester même son projet de budget, à l’heure de vérité elle doit comme un seul homme lui voter la confiance, donc se soumettre à ses options comme à ses décisions .Cependant, il peut y avoir en pratique pour la Chambre une certaine marge de manœuvre en ce qui concerne les dernières mesures, mais à la condition expresse que l’opinion fasse fortement pression sur le pouvoir...
Mais même cela ne suffirait pas, comme on l’a vu en 96, si les décideurs conseillent aux autorité locales de camper sur leurs positions... Un conseil qu’elles suivraient d’autant plus volontiers qu’elles sont absolument convaincues de leur bonne foi, affirmant que leurs décisions ne visent pas à accabler la population ni à porter atteinte à l’économie libre, mais à aider l’agriculture et le Trésor. Il est donc possible, quoique peu probable, qu’un jour, les dirigeants rapportent d’eux-mêmes les mesures prises en constatant qu’elles ne donnent pas les résultats qu’ils en escomptaient...

E.K.
Les mesures de protection de la production agricole et d’augmentation des taxes douanières sur les voitures «sont exécutoires et ne seront ni amendées ni a fortiori rapportées», soutient mordicus ce dirigeant en réponse aux contempteurs du pouvoir.Il affirme que «le tollé s’apaisera quand l’opinion, à la lumière de nos explications, aura compris les avantages de ces...