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Actualités - ANALYSE

Ricanements sceptiques dans les rangs de l'opposition

Allant droit au fait et au but, un porte-parole de l’opposition parlementaire affirme que «les mesures prises par le gouvernement manquent par trop de sérieux pour ne pas déboucher sur un lamentable fiasco et pour ne pas déboucher sur des résultats exactement contraires à ceux que l’on prétend rechercher. En effet, le Cabinet s’est réuni mardi en séance spéciale non pas dans le louable souci de plancher sur la crise économique du pays, mais pour «inventer» d’urgence quelque chose pour faire pièce à cheikh Sobhi Toufayli avant le rassemblement qu’il compte organiser le 4 juillet devant le sérail de Baalbeck».
«Au lieu de répliquer à la révolte du cheikh, qui lance comme on sait un appel subversif à l’insubordination civile, par un mandat d’arrêt, les autorités tentent de le contrer sur son terrain de prédilection, l’agriculture, ressource principale de la Békaa où il sévit. Les responsables ont sans doute de bonnes raisons — mais on aimerait bien qu’ils les rendent publiques — de ne pas interpeller le cheikh comme ils l’avaient fait avec Elias Abou Rizk. On peut dans ce cadre leur concéder que le cas est différent, bien plus délicat car il se rapporte aux décideurs ainsi qu’à la connexion iranienne. On peut même reconnaître avec eux que la raison d’Etat tout court prévaut en de telles circonstances sur la raison d’Etat de droit. Mais on ne saurait admettre qu’à ce titre on recoure à de hâtives improvisations instituant des mesures régaliennes mal étudiées, qui risquent en réalité de faire du Liban un pays à pénuries dans le domaine vital du ravitaillement. Libre à eux de ne pas arrêter Toufayli, mais arrêter à sa place les importations nourricières relève de l’autodestruction...»
Surenchérissant à cette boutade, un ministre grommelle mezza voce qu’«en fait, une fois de plus, on nous a mis devant le fait accompli. Les mesures avaient été préparées d’avance et le président du Conseil a passé à la trappe toutes nos objections. Cela s’est passé comme aux plus beaux jours de la troïka; puisque les dirigeants étaient d’accord entre eux, nous n’avions plus qu’à applaudir...»

Aucun argumentaire

Ce frondeur honteux, dont on se demande à l’entendre pourquoi il ne part pas en claquant la porte, révèle également que «le débat s’est déroulé dans un véritable tohu-bohu, ce qui convenait parfaitement aux dirigeants. Car ainsi personne n’a eu la tête assez froide pour constater que les décisions envisagées ne s’étayaient sur aucun argumentaire, qu’il n’y avait pas d’attendus ni de dossier économique solidement chiffré ou d’étude technique pour les justifier. Nous n’avons entendu aucun avis d’expert ou de pôle concerné. Nous ne savons pas encore si ces mesures prohibant l’importation de certaines denrées sont constitutionnelles, si elles ne touchent pas à la nature libérale de notre système économique. Tout ce qu’on nous a dit, c’est que l’Etat a besoin de sous pour payer les fonctionnaires. Passe encore pour la surtaxation des voitures, encore qu’on se demande si la flambée douanière ne va pas tarir d’un coup les importations, ce qui ferait un manque à gagner plutôt qu’un plus... Mais ce n’est certainement pas l’interdiction des produits agricoles qui va remplir les caisses du Trésor...»
Ces indications sont cependant corrigées et nuancées par un autre ministre qui précise que «les mesures adoptées mardi dernier ne sont qu’un premier train, le plan global prévoyant différentes étapes et autant de secteurs pour réduire la pression financière que l’Etat libanais subit par suite du déficit de son budget. Un effort va notamment être déployé pour améliorer la perception car sans cela il ne sert à rien d’augmenter les impôts et les taxes ou d’en établir de nouveaux. Un effort va également être fait pour réduire le gaspillage des deniers publics à tous les niveaux, administratifs ou politiques».
Mais il aurait peut-être fallu commencer par là...
A noter enfin l’extraordinaire engagement pris, selon certains témoins, par M. Rafic Hariri: le 4 juillet «j’irai dans la Békaa, je serai là-bas» dit-il selon les témoins en réponse à un long exposé inquiet du ministre des Ressources hydro-électriques M. Elie Hobeika sur l’agitation Toufayli...
Ph.A-A.
Allant droit au fait et au but, un porte-parole de l’opposition parlementaire affirme que «les mesures prises par le gouvernement manquent par trop de sérieux pour ne pas déboucher sur un lamentable fiasco et pour ne pas déboucher sur des résultats exactement contraires à ceux que l’on prétend rechercher. En effet, le Cabinet s’est réuni mardi en séance spéciale non pas...