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Actualités - CHRONOLOGIE

Camouflet de la magistrature turque au gouvernement Erbakan

Près de 400 magistrats turcs ont passé outre hier à l’ordre du ministre islamiste de la Justice de ne pas assister à un briefing organisé par les militaires sur les menées fondamentalistes en Turquie, dernier épisode de la crise entre l’armée et le gouvernement à dominante islamiste.
Des membres de la Cour constitutionnelle, plus haute instance judiciaire du pays, et d’autres juges et procureurs ont assisté au briefing au siège de l’état-major malgré l’interdiction du ministre de la Justice, Sevket Kazan, a indiqué l’agence Anatolie.
Le briefing, destiné aux magistrats, aux professeurs d’université et à des hauts fonctionnaires et portant sur les «activités réactionnaires», c’est-à-dire fondamentalistes, a été interprété comme un nouveau défi de l’armée au gouvernement du premier ministre Necmettin Erbakan.
Les généraux, qui se considèrent comme les garants de la laïcité de l’Etat, reprochent au gouvernement de favoriser une dérive vers le fondamentalisme dans le pays.
«Une enquête sera lancée contre ceux (des magistrats) qui assisteront» à ce briefing, avait averti M. Kazan au Parlement quelques heures avant.
«Je suis le ministre de la Justice et selon la loi, les magistrats doivent avoir ma permission pour assister à de telles réunions publiques», avait-il dit.
En réponse, l’armée avait annoncé que le briefing serait répété demain pour les magistrats qui n’auraient pas pu assister à celui d’hier, en raison de l’exiguïté de la salle où il devait se tenir.
Vendredi dernier, le général Erol Ozkasnak, secrétaire général de l’état-major des armées, avait accusé le gouvernement Erbakan de n’avoir pas alloué les fonds nécessaires à l’opération actuellement menée par l’armée dans le nord de l’Irak pour détruire les bases des rebelles du PKK (séparatistes kurdes de Turquie).

Bras de fer

M. Erbakan et l’armée sont également engagés dans un bras de fer à propos de l’islamisation rampante du pays.
Le Conseil national de sécurité, dominé par les militaires, a mis en demeure à plusieurs reprises depuis février le gouvernement de mettre en œuvre un plan visant à stopper la montée du fondamentalisme.
Mais M. Erbakan n’a pas fait grand chose pour appliquer ces mesures qui incluent la fermeture des sections secondaires des écoles formant les imams et l’expulsion des extrémistes religieux de l’administration.
La coalition formée entre le Parti de la prospérité (Refah) de M. Erbakan et celui de la juste voie (DYP, droite) du ministre des Affaires étrangères Tansu Ciller est affaiblie. Elle a perdu la majorité à l’assemblée après qu’une petite formation d’extrême-droite qui la soutenait jusque-là, le Parti de la grande union (BBP), lui a retiré ce soutien.
Près de 400 magistrats turcs ont passé outre hier à l’ordre du ministre islamiste de la Justice de ne pas assister à un briefing organisé par les militaires sur les menées fondamentalistes en Turquie, dernier épisode de la crise entre l’armée et le gouvernement à dominante islamiste.Des membres de la Cour constitutionnelle, plus haute instance judiciaire du pays, et...