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Actualités - DISCOURS

Violent réquisitoire de Nasrallah contre les autorités "Ceux qui devraient aller en prison, ce sont ceux qui nous gouvernent", déclare le responsable du Hezbollah

«Il n’est pas permis que, sous prétexte de faire régner la paix civile, l’Etat pratique le despotisme et l’oppression». Ce cri a été lancé samedi par le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah. Durant un meeting oratoire organisé au Hermel pour la huitième commémoration du décès du fondateur de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Khomeyni, le responsable de la formation intégriste a dressé un violent réquisitoire contre la politique de l’Etat qu’il a accusé de «jeter en prison ou de menacer ceux qui disent la vérité». «Si quelqu’un doit être incarcéré pour atteinte à la réputation du pays ce sont ceux qui gouvernent aujourd’hui le Liban», a-t-il déclaré.
Cheikh Nasrallah s’exprimait devant plusieurs centaines de partisans du Hezbollah réunis à Hermel, pour saluer la mémoire de l’imam Khomeyni. Il a rendu un vibrant hommage posthume au responsable iranien, avant de s’en prendre vivement à l’Etat. «Est-ce en pratiquant la politique de l’indifférence, des atermoiements, de la corruption, de l’oppression, du vol des deniers publics au profit des gouvernants et de leurs proches que la paix civile, la sécurité et la démocratie peuvent être préservées? Ce n’est pas en jetant en prison ou en menaçant ceux qui disent la vérité que l’Etat pourra le faire», a-t-il déclaré dans une allusion évidente aux poursuites judiciaires engagées contre le chef de la centrale syndicale contestataire, M. Elias Abou Rizk, pour «atteinte au prestige de l’Etat» et «usurpation de titre et de qualité». Le Hezbollah, rappelle-t-on, avait à maintes reprises exprimé sa solidarité avec le responsable syndical, relâché samedi sous caution.

Les disputes
des responsables

Cheikh Nasrallah a vivement critiqué le comportement des autorités à l’égard de M. Abou Rizk qu’il n’a pas toutefois nommé. «Personne de nous ne veut nuire au prestige de l’Etat puisqu’il s’agit d’un délit qui a entraîné l’emprisonnement d’un individu. Mais dites-moi: lorsque les pôles du pouvoir se disputent entre eux, s’insultent et s’accusent de vols et de corruption, ne portent-ils pas atteinte à la réputation de l’Etat?» s’est-il interrogé.
Après avoir souligné que le peuple se soucie de la paix civile «beaucoup plus que l’Etat», cheikh Nasrallah a jugé «inadmissible que la paix devienne une sorte d’épée de Damoclès dont l’Etat se sert» pour faire passer sa politique «tyrannique».
«Personne ne veut renverser le système au Liban», a poursuivi cheikh Nasrallah estimant que «si l’Etat veut venir à bout de l’opposition il n’y parviendra pas par la voie de l’intimidation ou des menaces, mais en ôtant leur raison d’être aux sujets de mécontentement. Que les autorités respectent les libertés publiques et renoncent au partage entre elles du paysage audiovisuel, qu’elles combattent le sous-développement dans de nombreuses régions libanaises et qu’elles règlent la crise socio-économique: elles ôteront ainsi à l’opposition tout prétexte» (pour les critiquer ou les attaquer).
Et de prononcer tout de suite après un long plaidoyer en faveur de l’opposition «à qui l’on ne peut pas faire assumer la responsabilité de ce qui se passe dans le pays puisqu’il ne s’agit pas d’une autorité».
Cheikh Nasrallah a ensuite mis le gouvernement au «défi d’élaborer des lois garantissant la participation de larges franges de Libanais au pouvoir». Il a insisté sur l’établissement d’une loi électorale «qui ne serait pas taillée sur mesure mais qui encouragerait les électeurs à se rendre aux urnes». Il a aussi «mis le gouvernement au défi de ramener à 18 ans l’âge de vote» qui est actuellement de 21 ans.
Abordant ensuite les problèmes inhérents aux villages du Liban-Nord, de la Békaa et du Liban-Sud, le responsable du Hezbollah a stigmatisé la politique suivie par l’Etat en matière de développement. Selon lui, «des millions de dollars sont dilapidés à cause de contrats conclus de gré à gré et de commissions touchées au profit de gouvernants ou de leurs proches» au moment où cet argent aurait pu servir à «panser les souffrances des régions déshéritées».
«Il n’est pas permis que, sous prétexte de faire régner la paix civile, l’Etat pratique le despotisme et l’oppression». Ce cri a été lancé samedi par le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah. Durant un meeting oratoire organisé au Hermel pour la huitième commémoration du décès du fondateur de la République islamique d’Iran, l’ayatollah...