Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Un test politique majeur : la future loi électorale

On peut être tenté d’y voir le zèle d’un néophyte qu’une expérience déterminée obsède pendant quelque temps: le président Rafic Hariri, qui a connu l’été dernier pour la première fois l’épreuve des urnes, semble encore baigner dans ce climat au point de mettre les bouchées doubles pour préparer les prochaines élections générales comme si elles devaient avoir lieu demain... Ainsi, après avoir lancé sa fameuse proposition d’un Liban circonscription unique, il s’est hâté de mettre sur pied une commission ministérielle pour l’élaboration d’un nouveau Code électoral.
Il paraît dès lors probable que sous sa diligente impulsion le projet puisse être soumis au Conseil des ministres puis à la Chambre avant l’expiration du mandat du président Elias Hraoui dans un an et demi.
Mais il n’est pas exclu non plus, loin de là, que le texte gouvernemental suscite de tels tiraillements qu’on le laisse dormir sagement en commission, comme cela avait été le cas entre autres pour le projet de décentralisation administrative — autre sujet sensible — du temps du président Omar Karamé...
D’ailleurs l’opposition donne le ton dès à présent et l’un de ses chefs de file affirme que «pour une question d’intérêt national aussi crucial que la loi électorale, le gouvernement ne peut pas faire cavalier seul. Il faut un large consensus qui déborde le cadre officiel pour englober des parties politiques non représentées au niveau de l’Etat ainsi que les chefs spirituels. Il ne faut pas répéter la faute commise en 92 puis en 96 où l’on a imposé au pays politique un dispositif discriminatoire qui l’a déséquilibré. Car comme dit le proverbe familier, la première fois ça passe, la deuxième fois ça lasse et la troisième fois ça casse...».
Cette personnalité insiste dès lors pour «une loi électorale équitable autant qu’équilibrée permettant une saine représentation des diverses composantes du corps électoral, dans un esprit de coexistence, de participation, de démocratie et d’édification d’un véritable Etat de droit. Il faut donc dès le départ prendre soin de consulter tout le monde, puisque tout le monde est concerné, tenter ensuite d’élaborer une mouture de synthèse conciliant au mieux de l’intérêt général les thèses en présence, la soumettre à la discussion publique pour les dernières retouches et enfin la faire adopter par la Chambre. Il est inutile de préciser, ajoute cette source, que l’avis des exilés doit également être pris en compte, tout autant que celui de Bkerké... Les gens du pouvoir doivent cesser de considérer la République comme leur chasse gardée et de n’agir qu’en fonction de leurs intérêts propres. Qu’ils prennent donc exemple sur Chirac, l’ami commun des Libanais, qui à la veille d’échéances importantes a tenu à en référer au peuple, au prix de la perte de la majorité à l’Assemblée nationale et de l’avènement d’un gouvernement de gauche. C’est cela le sens de la démocratie comme de l’Etat et tant que nos dirigeants ne l’auront pas compris, le véritable redressement du Liban restera compromis et le pays continuera à battre de l’aile. Il est également temps qu’ils comprennent que «dialogue» et «ouverture» ne se font pas en vase clos, entre loyalistes et taëfistes. La majorité écrasante des Libanais récusent le système, même quand leurs leaders y prennent part. Si l’on veut que le Liban tienne sur ses pieds, il faut enclencher sérieusement un processus de véritable entente nationale. Et à cet égard une bonne loi électorale est absolument indispensable».
Et d’estimer que «pour traiter un problème aussi grave, il vaut mieux éviter toute précipitation et laisser le dossier au prochain régime qui pourrait éventuellement être ouvert sur tous, dialoguer avec toutes les parties, taëfistes ou pas, sans complexe ni crainte... En tout cas, conclut cette personnalité opposante, les Libanais n’admettront plus une loi qui consacre les deux poids deux mesures et ses dispositions devront être les mêmes pour tous, dans toutes les régions du pays, conformément aux principes, d’égalité consacrés par la Constitution et foulés au pied par le pouvoir à deux reprises, en 92 et en 96».

E.K.
On peut être tenté d’y voir le zèle d’un néophyte qu’une expérience déterminée obsède pendant quelque temps: le président Rafic Hariri, qui a connu l’été dernier pour la première fois l’épreuve des urnes, semble encore baigner dans ce climat au point de mettre les bouchées doubles pour préparer les prochaines élections générales comme si elles devaient avoir...