Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Une préoccupation syro-libanaise prioritaire : le blocage sur le plan régional

En principe — mais on ne peut trop se fier au système question principes... — la visite de MM. Abdel Halim Khaddam et Farouk el-Chareh va amener une détente sur le front interne, en obligeant les responsables à renoncer pour un moment aux délices des crocs-en-jambe habituels pour faire mine de s’intéresser, la mine soucieuse, aux graves problèmes de la situation régionale.
On sait en effet que l’intransigeance, aussi obtuse que délibérée, du gouvernement Netanyahu bloque tout le processus, volets syrien et libanais compris. Le Likoud s’efforce manifestement de placer les Arabes dans leur ensemble devant cette alternative extrême: soit se lancer dans une nouvelle guerre pour la reconquête de leurs droits spoliés; soit se soumettre aux conditions, et partant à l’hégémonie de l’Etat hébreu.
Mais les Arabes ne se laissent pas enfermer dans cette nasse et résistent, sur l’impulsion de Damas, en adoptant une voie qui passe par l’arrêt de la normalisation des relations et une ré-application stricte du boycottage économique d’Israël. Plus de Casablanca, plus d’Amman: cette fois le Congrès économique général prévu à Qatar en octobre sera automatiquement boudé par les membres de la Ligue et dès lors on s’achemine tout bonnement vers son annulation, pour le remplacer si possible par une conférence uniquement interarabe chargée d’étudier la possibilité de créer un marché commun régional dont l’Etat hébreu serait exclu...
Dans ce contexte, la logique voudrait que les Arabes tiennent un sommet élargi. Pour d’innombrables raisons cela n’est pas possible et la Syrie compense ce manque, si l’on peut dire, en déployant une intense campagne diplomatique en vue de dégager une plate-forme commune de mesures, économiques et politiques, pour contrer Israël. Ce genre de pressions peut contrebalancer l’évident déficit arabe dans le domaine militaire où la technologie et l’argent U.S. assurent la suprématie israélienne. Il reste que le temps, dans le cas d’un maintien du statu quo de guerre froide, jouerait en faveur de Netanyahu en lui permettant de déployer encore plus largement son plan de colonisation, donc d’annexion de fait, de terres arabes notamment à Jérusalem, parallèlement au renforcement de son emprise sur les territoires occupés en Cisjordanie, au Golan, au Liban-Sud et dans la Békaa-Ouest. Il n’y a de ce fait, souligne Damas, qu’une seule réaction possible: la lutte économico-diplomatique à outrance, pour bien isoler Israël et en refaire un «corps étranger» au ban de la région.

Evaluation

C’est donc, faute de moyens militaires, une stratégie de confrontation limitée, mais réaliste et déterminée, que la Syrie adopte. Avec évidemment le plein appui de Beyrouth où un diplomate estime que «sous la pression économique d’une solidarité arabe retrouvée, Israël peut être contraint à faire des concessions. Par contre il est évident que la persistance de divisions entre Arabes l’avantage au maximum».
«Le plus difficile pour l’Etat hébreu, analyse cette personnalité, est que le processus le met au pied du mur (des lamentations) à propos d’une question qu’il a toujours esquivée: la délimitation de ses frontières définitives. Israël a fait plus d’une guerre d’agression rien que pour garder ses frontières floues et mobiles, dans l’espoir jamais éteint de s’étendre de plus en plus. En confirmant qu’il refuse de se retirer du Golan, Netanyahu remet en vigueur l’annexion du haut plateau — condamnée par la communauté internationale — décrétée par la Knesset en 1981. En posant des conditions obstructionnistes pour le retrait du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest il prouve en outre qu’Israël malgré ses démentis a bien des visées sur ce territoire libanais riche en eaux. Enfin Netanyahu, partisan donc de l’Eretz Israël soi-disant biblique, précise qu’il ne rétrocédera aux Palestiniens que 40% de la Cisjordanie. C’est du moins ce que révèle la presse israélienne qui publie une carte dressée par le chef du gouvernement israélien en personne. On sait donc à quoi s’en tenir avec Netanyahu mais aussi avec Clinton qui ne lève pas le petit doigt pour empêcher le chef du Likoud de mener à bien ses entreprises de torpillage de la paix régionale... Les principes de Madrid sont maintenant aussi oubliés par leur auteur U.S. que la 425 dont il fut également l’auteur. D’autre part le souhait syrien de voir l’Europe jouer un rôle plus renforcé semble s’estomper avec le retour au pouvoir des socialistes français, réputés pour leur «neutralité» bienveillante pour Israël et qui du reste seront trop accaparés par la crise intérieure française pour faire de la haute politique ailleurs. Dans ces conditions, qui avantagent Israël, les Arabes ne doivent compter que sur eux-mêmes et leur union est aujourd’hui une nécessité pressante», conclut ce diplomate qui semble doté d’une forte capacité d’espérance aveugle...
E.K.
En principe — mais on ne peut trop se fier au système question principes... — la visite de MM. Abdel Halim Khaddam et Farouk el-Chareh va amener une détente sur le front interne, en obligeant les responsables à renoncer pour un moment aux délices des crocs-en-jambe habituels pour faire mine de s’intéresser, la mine soucieuse, aux graves problèmes de la situation...