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Actualités - OPINION

Ca presse, pour la presse !

Après la réorganisation de l’audiovisuel et le scandaleux partage du gâteau médiatique auquel elle a donné lieu entre les divers pôles du pouvoir en place, ce dernier entreprend de raffermir son contrôle sur la liberté d’expression en s’en prenant cette fois — et de la plus sournoise des manières — à la presse écrite. Une touchante attention étant réservée aux organes d’expression française ou anglaise...
A l’ordre du jour du Conseil des ministres de demain mercredi, figure ainsi un projet de loi revêtu, on se demande bien pourquoi, du caractère d’urgence, et autorisant les publications étrangères d’expression non arabe à mettre sous presse en territoire libanais. Rien de répréhensible ni d’inquiétant jusque-là, bien sûr: c’est même tant mieux si, comme le croient les responsables, le prestige de notre fière république doit monter d’un bon cran, du seul fait que des titres de renom international pourront s’adresser à des rotatives libanaises pour produire sur place leurs ventes locales. Là où tout se gâte cependant (et ce «détail» n’est même pas mentionné dans l’ordre du jour de la réunion distribué hier aux ministres), c’est que lesdites publications étrangères seront autorisées à recueillir de la publicité en territoire libanais pour leurs éditions locales, alors que les dispositions actuelles exigent expressément que pour ce faire, une publication doit être la propriété de Libanais et disposer d’une licence d’exploitation locale.
De fait, il ne devrait échapper à personne que dans un pays aussi exigu que le Liban, l’essentiel des rentrées d’un journal — de tout journal — provient de la publicité, et en aucun cas des ventes: c’est dire qu’en ouvrant toutes grandes les portes du marché publicitaire libanais à des publications étrangères — lesquelles, de surcroît, se contenteraient d’imprimer un certain nombre d’exemplaires au Liban sans y transférer le moindre service rédactionnel ou technique susceptible, à tout le moins, de créer des emplois — l’Etat aurait délibérément réduit la part de ce marché laissée par les télévisions à la presse écrite: le projet gouvernemental visant particulièrement, à l’évidence, «L’Orient-Le Jour» et tous nos confrères d’expression française ou anglaise.
A ce qui ressemble de très près à une déclaration de guerre nous ne pouvons répondre, quant à nous, que par deux démarches:
K A l’adresse des hommes qui nous gouvernent, nous ne cesserons jamais de rappeler que c’est leur propre respect des lois, des réalités et des traditions démocratiques de ce pays qui, seul, pourra faire un jour «la renommée internationale» du Liban, comme ils disent; nous osons espérer que demain en Conseil des ministres et plus tard au Parlement, il se trouvera des hommes de bonne foi pour demander des explications, celles-là mêmes qu’ont été incapables de nous fournir les autorités concernées. Et pour refuser de se faire les complices d’une mise à mort programmée.
K Et auprès de nos lecteurs dont la fidélité reste notre plus inestimable trésor, nous renouvelons notre engagement pour ce qui est de la défense des libertés et autres valeurs durement malmenées dans notre pays.
Après la réorganisation de l’audiovisuel et le scandaleux partage du gâteau médiatique auquel elle a donné lieu entre les divers pôles du pouvoir en place, ce dernier entreprend de raffermir son contrôle sur la liberté d’expression en s’en prenant cette fois — et de la plus sournoise des manières — à la presse écrite. Une touchante attention étant réservée aux...