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Actualités - OPINION

Tribune Site en détresse

«Raouché», rien qu’une déformation du mot rocher et qui daterait des années vingt? Etonnant!
Est-ce à dire que ces restes spectaculaires d’effondrements préhistoriques émergeant du miroir d’une crique entourée de falaises aient pu être inconnus des Beyrouthins avant cette date? On pencherait plutôt vers l’explication que ces rochers étaient tellement familiers de tout le monde qu’ils n’avaient pas à porter de nom particulier, parce que constituant, le plus naturellement du monde et depuis toujours, le paysage ordinaire dans un pays aux sites naturels si nombreux.
Ceux qui utilisent la mémoire comme distraction parlent en mélangeant le vrai et l’imaginaire. Ils évoquent la grotte où nichaient des pigeons par milliers, les requins et les marsouins qui folâtraient dans la vague émeraude, les repaires de pirates, l’escarpement servant de tremplin pour les téméraires ou les désespérés..., autant d’affabulations ou de souvenirs que la nostalgie avive.
Aujourd’hui pour contempler les rochers de Raouché il faut réserver une table dans l’un des restaurants érigés au haut de la falaise entre le trottoir et le précipice.
Les promeneurs, eux, doivent se contenter de découvrir les deux îles à travers le fatras de ces installations vétustes ou bien pendant un court instant au début et à la fin du belvédère de Chourane. Ces gens ne perdent rien en réalité. Des cannettes vides et des sacs en nylon accrochés aux buissons de la falaise, des poubelles flottantes à la surface d’une eau glauque forment un spectacle dont on se passerait volontiers.
A se demander si l’écran opaque des murs des restaurants installés entre la corniche et la mer, au mépris de la moindre notion de ce que signifie préservation de sites, ne serait pas la meilleure solution pour cacher à la vue tout ce gâchis. Mais ce serait tomber de Charybde en Scylla, une bien triste alternative.

G. SEROF
«Raouché», rien qu’une déformation du mot rocher et qui daterait des années vingt? Etonnant!Est-ce à dire que ces restes spectaculaires d’effondrements préhistoriques émergeant du miroir d’une crique entourée de falaises aient pu être inconnus des Beyrouthins avant cette date? On pencherait plutôt vers l’explication que ces rochers étaient tellement familiers de...