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Actualités - ANALYSE

L'organisation d'élections saines, seul moyen de rétablir l'équilibre politique

Plusieurs voix se sont élevées récemment, dans le sillage de la visite du pape Jean-Paul II et de la publication de l’Exhortation apostolique, pour mettre l’accent sur la nécessité d’aboutir à une véritable réconciliation nationale et de stabiliser la situation politique sur la scène locale. Dans les milieux de l’opposition on souligne sur ce plan que le seul moyen de rectifier le tir au niveau de l ’exercice du pouvoir est d’organiser des élections législatives et municipales sur des bases saines et équitables.
Dans tout pays qui se respecte et qui cherche réellement à entretenir des traditions démocratiques, les élections sont au centre de la vie politique et nationale. Lorsque les dirigeants sont confrontés à de graves difficultés ou lorsqu’ils sont amenés à prendre de grandes décisions engageant le sort du pays, ou aussi lorsque de profondes divergences se manifestent au sein de la population au sujet de problèmes vitaux, le pouvoir a recours alors à des élections afin de s’en remettre au verdict du peuple.

Marginalisation

Au Liban, c’est le phénomène inverse qui s’est produit ces dernières années. Les élections ont été pour le pouvoir en place un moyen de marginaliser et de court-circuiter l’opinion d’une très large frange de la population et de l’électorat. Nul, désormais, ne conteste le fait que la loi électorale appliquée en 1992 et en 1996, ainsi que les circonstances dans lesquelles ont eu lieu les élections législatives à ces deux dates avaient pour seul but d’affaiblir et de diminuer le poids politique de l’électorat chrétien. Preuve en est que le pouvoir a tenu à organiser les élections en 1992 et 1996 sans tenir compte de la position du camp chrétien. De surcroît, le boycottage massif du scrutin de la part de l’électorat chrétien n’a nullement fait réfléchir ou n’a nullement embarrassé outre mesure les dirigeants.
Ce peu d’égard manifesté par le gouvernement vis-à-vis d’un acte politique aussi fondamental que les élections législatives a poussé une grande partie de la collectivité chrétienne à rejeter le pouvoir en place et à se tenir à l’écart de la vie politique. Le climat de désenchantement et de morosité qui sévit ainsi dans le pays depuis plusieurs années est dû, entre autres, au caractère tronqué et totalement partial des deux consultations populaires qui se sont déroulées en 1992 et 1996.
Pour compléter son comportement déséquilibré, le pouvoir a entrepris de reporter à l’année prochaine les élections municipales qui devaient avoir lieu à la fin du mois de juin. Or les élections municipales sont, tout comme le scrutin législatif, l’un des moyens dont dispose la population pour exprimer ses aspirations et participer à la vie publique.

Une loi équitable

Il ressort de ce qui précède que l’organisation d’élections législatives et municipales constitue, dans le contexte présent, la seule voie qui pourrait être suivie afin de mettre fin au désenchantement et rétablir l’équilibre national et communautaire rompu depuis l’application (ou plutôt la «non application») de l’accord de Taëf. Pour que les élections puissent avoir lieu dans des conditions saines, encore faut-il que la loi électorale soit équitable et qu’elle soit élaborée de manière à refléter réellement les réalités socio-politiques et communautaires du pays.
Les milieux de l’opposition soulignent, à la lumière des considérations susmentionnées, que tout dialogue interne et toute tentative visant à assainir le climat politique dans le pays doivent avoir impérativement comme fondement l’adoption d’une loi électorale équitable et équilibrée. Il ne suffit pas, en effet, d’éviter les fraudes et les irrégularités le jour même si, au départ, la loi électorale est partiale et déséquilibrée. Dans cette même optique, même les tentatives de relance du dialogue entre la Syrie et le camp chrétien devraient être fondées essentiellement sur le problème de la représentation populaire (et chrétienne en particulier) au niveau des deux pouvoirs législatif et exécutif.

A titre d’exemple, la proposition portant sur l’organisation des élections parlementaires sur base d’une circonscription unique à l’échelle de tout le pays constitue un projet piégé et ne peut aboutir qu’à un surcroît de déséquilibre sur le plan de l’exercice du pouvoir. Les sources de l’opposition soulignent sur ce plan que le premier ministre Rafic Hariri avait pris pour prétexte les impératifs de la représentation chrétienne pour justifier le report des élections municipales.

M. Hariri avait souligné sur ce plan que si les élections municipales étaient organisées dans les circonstances présentes et à l’ombre de l’actuelle loi sur les municipales, les chrétiens risqueraient d’être sous-représentés au sein de nombreuses municipalités en raison des déplacements de population dont le pays a été le théâtre au cours des dernières années. Le premier ministre avait affirmé que les chrétiens ne pourraient contrôler que 25% uniquement des municipalités au cas où les élections seraient organisées dans les circonstances actuelles.

Ce même raisonnement auquel s’est livré M. Hariri est applicable également dans le cas des élections législatives. L’organisation du scrutin parlementaire sur base d’une circonscription unique ou l’ombre d’une loi électorale déséquilibrée ne risquerait-elle pas d’aboutir à une représentation chrétienne erronée, sans aucun rapport avec les réalités sur le terrain?

E.K.
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