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Actualités - CHRONOLOGIE

Les jours du gouvernement turc sont désormais comptees La coalition anti-Erbakan regroupe l'armée, les syndicats, la presse, la justice et le patronat

Rien ne va plus pour le gouvernement de coalition turc. Rejeté par la quasi-totalité des composantes de la société, engagé dans une lutte désespérée pour sa survie, l’équipe que dirige l’islamiste Necmettin Erbakan est aux abois et, de l’avis de tous les observateurs, ses jours sont désormais comptés. Dans une tentative pour sauver son équipe, l’idée d’élections anticipées a été avancée, sans toutefois que le Parti de la juste voie de Mme Tansu Ciller, souscrive à cette proposition.

«Nous ne sommes pas parvenus à un accord avec nos partenaires sur un calendrier pour un scrutin anticipé. Mais nous allons poursuivre nos entretiens», a déclaré en soirée Gihan Pascal, membre du Parti de la juste voie (DYP, droite). La date avancée par M. Erbakan, président du Refah islamiste, est celle d’octobre, alors que le DYP préfère attendre le printemps 1998. Normalement, la prochaine consultation populaire doit intervenir en décembre de l’an 2.000.

M. Erbakan et Mme Ciller avaient offert mercredi au petit Parti de la grande union (BBP, extrême-droite), de Musin Yazicioglu, d’entrer au gouvernement afin de bénéficier du soutien permanent de ses sept députés au Parlement.
C’est ce parti qui avait permis au gouvernement de repousser de justesse une motion de censure la semaine dernière.
Jeudi, M. Yazicioglu a fait savoir qu’il «prendrait l’offre en considération» mais que le Refah et le DYP devraient d’abord «régler leurs problèmes entre eux». Il s’agissait là d’une allusion aux tractations en cours entre les deux partenaires, à l’initiative de Mme Ciller, pour sauver son parti de l’éclatement. Pour elle, redevenir premier ministre est sans doute le seul moyen de retenir dans son parti les députés dissidents, avec promesses de postes ministériels à la clé.
M. Erbakan, semble-t-il, est réticent à céder son poste, dans tous les cas de figure, y compris en cas d’élections anticipées, où il préférerait faire campagne à la tête du gouvernement plutôt que comme adjoint de Mme Ciller, estiment les analystes.
Le protocole de coalition entre les deux partenaires prévoit que M. Erbakan cédera la place à son alliée dans un an.
Aujourd’hui se dresse contre l’équipe au pouvoir une coalition formidable des forces pro-laïques composée de la très puissante armée, des milieux d’affaires de la grande presse, de l’opposition parlementaire, de la justice et, depuis mercredi, de la plupart des syndicats ouvriers et patronaux du pays.
Mercredi, ces syndicats avaient annoncé une alliance sans précédent pour organiser ensemble grèves et manifestations jusqu’au départ du gouvernement.
C’est un nouveau défi pour le gouvernement mis en place il y a 11 mois, qui faisait déjà face à des motions de censure à répétition, à une procédure légale de dissolution et à l’hostilité ouverte de la puissante armée turque.
«Les actions sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord inclueront des grèves et des manifestations de masse», a déclaré à la presse Fuat Miras, président de l’Union des chambres de commerce et des Bourses de Turquie (TOBB).
Les syndicats ouvriers participant à ce plan d’action conjoint comprennent la Confédération des syndicats turcs (centriste), qui compte plus de 1,5 million de membres, et la Confédération révolutionnaire des syndicats (gauche), avec près de 500.000 membres.
Les groupements patronaux incluent la Confédération turque des syndicats patronaux, la TOBB et la Confédération turque des syndicats d’artisans.
L’Association turque des hommes d’affaires et industriels, le principal groupement d’industriels, avait déjà appelé à une action conjointe contre le gouvernement.
La coalition formée entre le Parti islamiste de la prospérité (Refah) de M. Erbakan et celui de la Juste voie de Tansu Ciller ne compte plus qu’une voix de majorité au Parlement, suite à l’hémorragie de députés dont souffre le DYP où le mécontentement devant la poursuite de la coalition ne cesse d’augmenter.
Selon Mme Ciller elle-même, il reste encore au DYP 12 élus hostiles à la poursuite de la coalition qui pourraient faire défection à tout moment.
Or, après avoir repoussé de justesse, la semaine dernière au Parlement, une motion de censure déposée par l’opposition, le gouvernement est sous la menace d’une nouvelle motion, qui devrait être déposée mardi prochain.
«Cette fois, le gouvernement tombera», avait déclaré Mehmet Kececiler, un haut responsable du Parti de la mère patrie (Anap, droite, premier parti d’opposition) de l’ex-premier ministre Mesut Yilmaz.
L’incertitude sur l’avenir du Cabinet survient sur fond de grande tension entre les islamistes et l’armée, gardienne de la laïcité de l’Etat, qui reproche au Refah de favoriser une dérive fondamentaliste dans le pays.
Le Conseil national de sécurité (MGK), organe dominé par les militaires qui avait dicté au gouvernement en février des mesures strictes contre la montée du fondamentalisme, se réunit de nouveau samedi.
La réticence de M. Erbakan à mettre en œuvre ces mesures a fait monter la tension depuis lors et les militaires devraient le questionner samedi sur les progrès du gouvernement dans la lutte contre le fondamentalisme.
«En tentant de prendre le poste de premier ministre et d’obtenir des élections pour l’an prochain, Mme Ciller vise à réduire la pression de l’armée sur le gouvernement et à raffermir son emprise sur les députés de son parti», a estimé un analyste.

(AFP, Reuter)
Rien ne va plus pour le gouvernement de coalition turc. Rejeté par la quasi-totalité des composantes de la société, engagé dans une lutte désespérée pour sa survie, l’équipe que dirige l’islamiste Necmettin Erbakan est aux abois et, de l’avis de tous les observateurs, ses jours sont désormais comptés. Dans une tentative pour sauver son équipe, l’idée d’élections...