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Actualités - CHRONOLOGIE

Les missiles russes ne seront plus pointés sur les pays de l'alliance L'OTAN et la Russie enterrent la guerre froide (photo)

Boris Eltsine a versé hier les premiers dividendes de la fin de la guerre froide en annonçant dans la foulée de la signature de l’Acte fondateur Otan-Russie à Paris que les ogives nucléaires russes ne menaceraient plus les alliés (VOIR AUSSI PAGE 9).
L’encre des 18 signatures apposées au bas de l’Acte qui régira désormais les relations entre les deux anciens ennemis était à peine sèche et les présidents français et russe venaient de se féliciter de cet événement historique, qui rend possible l’élargissement de l’Alliance atlantique vers l’Est en 1999.
«Aujourd’hui, nous bâtissons la paix», avait souligné Jacques Chirac. «L’accord de Paris ne déplace pas la ligne de fracture de Yalta. Il l’efface définitivement».
«Cet Acte préserve l’Europe et le monde d’une nouvelle confrontation», avait renchéri un Boris Eltsine tout sourire.«Le président Bill Clinton venait quand à lui de souligner que le «voile de l’hostilité entre l’Ouest et l’Est tombait».
C’est le moment qu’a choisi le président russe pour une deuxième intervention, non prévue dans une cérémonie réglée comme du papier à musique, afin de faire une «annonce».
«J’ai pris une décision aujourd’hui», a-t-il déclaré devant une assistance médusée. «Toutes les armes que nous possédons qui sont tournées vers les pays ici présents seront démantelées. Les ogives seront démantelées, vous m’avez bien entendu».
Pris par surprise, les alliés se sont tout d’abord interrogés sur la portée réelle de cet engagement, certains se demandant si la langue des interprètes n’avait pas fourché.
Vérification faite, Boris Eltsine avait parlé en russe d’«ôter» les têtes nucléaires des missiles de la Fédération.
Serguei Iastrjembski, son porte-parole, devait préciser la pensée présidentielle: «Le président veut dire que les ogives ne seront plus dirigées vers les pays qui ont signé l’Acte».
Cet engagement implique que Moscou, qui dispose au total de 6.500 têtes nucléaires stratégiques et de 10.000 ogives tactiques (jusqu’à 3.000 km de portée) étendra aux alliés européens de l’Otan l’engagement pris en 1994 de ne plus pointer ses missiles balistiques sur des cibles américaines.
Selon Jean-Luc Dehaene, Boris Eltsine a toutefois expliqué à ses homologues lors d’un déjeuner qu’il entendait bien détruire les ogives en deux temps: retrait des «cartes de programmation» des systèmes d’armes et ensuite destruction elle-même.
L’Alliance, dont les rouages bien huilés ne détestent rien tant que la surprise, s’est félicité du geste eltsinien.
«C’est une annonce très positive qui est vraiment dans l’esprit d’une nouvelle coopération, d’un nouveau départ», a déclaré le porte-parole de l’Alliance atlantique, Jamie Shea.
En attendant d’en savoir plus, elle a toutefois renvoyé très diplomatiquement la balle au président russe sur le thème: respectez d’abord vos promesses prises dans le cadre de traités.
L’Otan veut donc prendre son engagement comme une assurance que Boris Eltsine s’investira pour que la douma ratifie l’accord Start II de janvier 1993 sur la réduction de 6.000 à 3.000 des ogives nucléaires stratégiques de Moscou et Washington.
Boris Eltsine a versé hier les premiers dividendes de la fin de la guerre froide en annonçant dans la foulée de la signature de l’Acte fondateur Otan-Russie à Paris que les ogives nucléaires russes ne menaceraient plus les alliés (VOIR AUSSI PAGE 9).L’encre des 18 signatures apposées au bas de l’Acte qui régira désormais les relations entre les deux anciens ennemis...