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Actualités - DISCOURS

Dans une allocution radio-télévisée , le président français cerne les défis à relever Chirac joue son va-tout pour éviter une défaite de la droite

Le président Jacques Chirac a mis en garde les Français contre un retour de la gauche au pouvoir qui fragiliserait la France et «la construction européenne», hier soir, jouant ainsi son va-tout pour empêcher une défaite de sa majorité au second tour des élections législatives.
Le ton grave, M. Chirac, qui avait pris la veille la lourde décision de sacrifier son premier ministre Alain Juppé, dont l’impopularité risquait d’être mortelle pour la coalition gouvernementale, s’est placé dans une perspective d’avenir en décrivant les défis que devait relever la France, au cours d’une allocution radio-télévisée (VOIR AUSSI PAGES 10 ET 11).
Souhaitez-vous remettre en selle les idées socialistes d’hier? Pour ma part je vous engage à choisir une autre voie, une voie moderne et humaine qui serve mieux les chances et les intérêts de la France», a déclaré le chef de l’Etat, dans cette courte intervention de 7 minutes.
Il a également appelé les Français à ne pas mettre au pouvoir une majorité susceptible «de fragiliser la construction européenne» dans une allusion claire aux divergences existant entre le Parti socialiste et le parti communiste, son allié, sur l’euro et sur le traité de Maastricht.
Le second tour des législatives se déroulera le dimanche 1er juin. Arrivée en tête au premier tour avec 42,10% des suffrages exprimés contre 36,16% à la coalition gouvernementale, la gauche pourrait l’emporter avec une majorité d’une dizaine de sièges à l’Assemblée nationale qui en compte 577.
Mais l’étroitesse de cette marge, le «hara-kiri» politique d’Alain Juppé, et l’attitude du tiers des 39 millions d’électeurs français qui s’étaient abstenus au premier tour, rendent le résultat final incertain.
La droite devra également compter avec le Front national, le parti d’extrême-droite de Jean Marie Le Pen, qui sera en mesure de jouer les trouble-fêtes dans plus de 130 circonscriptions.
En redevenant hier soir chef de campagne pour la coalition gouvernementale, M. Chirac a pris un énorme risque.
Il devrait en effet assumer personnellement une défaite de la coalition de droite (RPR-UDF, gaullistes-centristes), au prix d’un sérieux amoindrissement de son prestige et surtout de son pouvoir qu’il devrait partager avec un gouvernement socialiste, dirigé par le chef du PS Lionel Jospin, avec le soutien de ses alliés communistes.
«A défaut d’être un intellectuel ou un visionnaire, M. Chirac avait toujours été au moins dans l’esprit des Français, un politicien au professionnalisme réel. A moins d’un miracle il paraît même avoir perdu ce pilier de respect», affirmait hier dans une analyse particulièrement sévère le quotidien International Herald Tribune.
Pour convaincre les électeurs de faire le bon choix M. Chirac a affirmé qu’une nouvelle équipe de droite aurait à «inventer une nouvelle méthode de gouvernement, plus proche des Français, à l’écoute de leurs attentes et de leurs difficultés».
Il a aussi promis aux Français de faire baisser les impôts et les charges pour les mettre «au niveau de ceux des autres pays européens».
«Dans cinq ans, il faut que la France soit devenue une grande nation moderne et nous en avons aujourd’hui les moyens. Pour cela, il faut une politique claire. Une économie d’initiatives et de libertés. Un Etat plus efficace et plus décentralisé. Un modèle social rénové nous garantissant contre les effets de la mondialisation», a-t-il déclaré.
Le chef du PS Lionel Jospin a répliqué à M. Chirac en affirmant que «le changement ne peut venir que d’un changement de majorité». Il a qualifié son intervention de «formidable aveu d’échec».
Il a également souligné qu’en cas de victoire de la gauche M. Chirac devra «laisser le gouvernement gouverner».
Tout en refusant de s’en prendre directement au chef de l’Etat, il a affirmé en première réaction que «la sanction est en train de venir» pour la droite.
M. Chirac n’a fourni aucune indication sur le nom d’un successeur éventuel à M. Juppé, en cas de maintien de la droite au pouvoir.
Jean-Marie Le Pen a estimé mardi sur France 2 que le président Jacques Chirac était «déjà dans sa tête dans la cohabitation qu’il voit venir de façon inéluctable».
Le président Jacques Chirac a mis en garde les Français contre un retour de la gauche au pouvoir qui fragiliserait la France et «la construction européenne», hier soir, jouant ainsi son va-tout pour empêcher une défaite de sa majorité au second tour des élections législatives.Le ton grave, M. Chirac, qui avait pris la veille la lourde décision de sacrifier son premier...