Russie : gouvernement et députés s'affrontent sur le budget

MOSCOU, 25 Mai (Reuter). — Les députés de la chambre basse du parlement russe (Douma d’Etat) ont décidé de remettre à une date ultérieure un débat sur les réductions des dépenses publiques envisagées par le gouvernement en attendant de plus amples explications de la part de ce dernier.
Par 321 voix contre 11, les parlementaires ont adopté une résolution demandant au cabinet des ministres de leur exposer, d’ici le 1er juin, comment il compte s’y prendre pour augmenter de 30.000 milliards de roubles les recettes budgétaires au titre de l’exercice 1997.
«Le gouvernement doit nous présenter les mesures qu’il compte adopter concernant les recettes», a dit Iouri Voronine, vice-président communiste de la commission du Budget.
«Après seulement, nous pourrons raisonnablement parler des dépenses», a-t-il ajouté.
Le premier vice-premier ministre et ministre de Finances Anatoli Tchoubaïs a regretté cette décision, accusant la chambre de fuir ses responsabilités, rapporte l’agence Interfax.
Dominée par les communistes et les nationalistes, la Douma a également renoncé — provisoirement du moins — à exiger du gouvernement qu’il accroisse l’émission monétaire afin de payer les arriérés de salaires et pensions.
Selon le comité d’Etat aux statistiques, la dette salariale se monte aujourd’hui à 52.600 milliards de roubles (environ 9,3 milliards de dollars). Dans certains secteurs, ouvriers et employés ne sont plus payés depuis huit mois.
Mais le gouvernement se refuse à faire fonctionner la planche à billets de crainte de relancer l’hyperinflation des années 1992-1993.
En raison notamment d’une mauvaise collecte fiscale, les recettes du premier trimestre n’ont représenté que 65% des objectifs fixés par la loi de finances 1997. Les dépenses ont, quant à elles, été inférieures de 30% aux prévisions.
Estimant «irréalisable» le budget 1997 approuvé par la chambre, le gouvernement souhaite réduire les dépenses de 108.000 milliards de roubles (18,9 milliards de dollars) et collecter 30.000 milliards de roubles supplémentaires (5,3 milliards de dollars) par l’intermédiaire de la privatisation et du marché des titres.
Profitant d’un vice de forme de la Loi de finances — qui omet de préciser si le budget amendé doit être approuvé par la Douma -, le gouvernement a d’ores et déjà commencé à réduire ses dépenses.