Il n’y a pas encore eu de vrai débat aux Etats-Unis sur la prochaine admission dans l’OTAN de pays d’Europe centrale anciens satellites de Moscou et sur ce que cela signifie pour l’Amérique: un accroissement de son influence sur le continent européen, certes, mais aussi de ses responsabilités.
Durant la récente campagne présidentielle, M. Clinton n’avait consacré à ce thème qu’un seul discours. C’était à Detroit (Michigan), dans une région où les Américains originaires des pays d’Europe centrale ont un poids électoral important.
Si la Hongrie, la Pologne et la République tchèque — les trois pays les plus souvent mentionnés — sont admis dans l’OTAN d’ici à 1999, comme le souhaitent les Etats-Unis, ceux-ci s’engageront, par traité, à garantir leur sécurité contre toute menace extérieure.
Or, si les événements qui ont suivi l’écroulement de l’ex-URSS et la fin de la guerre froide ont montré une chose, c’est bien la réticence des Américains — mais aussi du Pentagone — à voir les «boys» risquer leur vie à l’étranger.
La mise au point de cet accord OTAN-Russie et l’élargissement de l’Alliance, qui portent tous deux la griffe des Etats-Unis, constituent l’initiative de politique étrangère la plus importante et la plus lourde de conséquences de M. Clinton depuis son arrivée au pouvoir.
Le manque d’explication et de préparation au niveau de l’opinion publique n’en est que plus étonnant et obligera le gouvernement à mettre les bouchées doubles.
Car si «l’acte fondateur» n’a pas à être ratifié par le Sénat, la Chambre haute devra, en revanche, entériner à la majorité des deux tiers l’entrée dans l’OTAN de nouveaux membres, puisque celle-ci entraînera une modification du traité de l’Atlantique Nord. Une minorité de 34 sénateurs, sur 100, peut donc à elle seule bloquer l’ouverture de l’Alliance.
«Ce n’est pas gagné d’avance», admet le secrétaire d’Etat adjoint Strobe Talbott.
«Ça ne va pas être facile», poursuit-il. «Et ça ne devrait pas l’être, justement en raison des enjeux».
Conscience des risques
Les deux grands partis, démocrate et républicain, ont pourtant tous deux pris position pour l’élargissement.
Les républicains, qui contrôlent le Congrès, l’avaient inscrit en 1994 dans leur programme électoral, le «Contrat avec l’Amérique».
Ce soutien en apparence unanime a commencé à se lézarder ces derniers mois, comme si les élus des deux partis prenaient conscience des risques que cela comporte.
«Il y a des gens qui attaquent des deux côtés, les russophiles à gauche et certains conservateurs», affirme Peter Rodman, directeur des programmes de sécurité nationale au Centre Nixon pour la paix et la liberté, un organisme de réflexion républicain partisan de l’ouverture à l’Est de l’Alliance, mais très critique à l’égard de «l’Acte fondateur».
M. Rodman estime que «malgré l’existence de courants isolationnistes dans les deux partis», «il y a les voix au Sénat» à l’heure actuelle pour élargir l’OTAN.
Rien ne dit que cela durera. «La Maison-Blanche a tellement fait traîner les choses en longueur que cela constitue un certain risque», dit-il.
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