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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

L'association d'entraide professionnelle : tout pour la solidarité au service de l'emploi

S’il fallait résumer en une seule expression l’activité de l’AEP, l’Association d’entraide professionnelle (elle est une association libanaise de développement socio-économique à but non lucratif) on dirait: «Une raison d’espèrer dans la société libanaise». Cela parce que justement elle a pour objectif non pas l’assistanat charitable mais d’offrir des conditions incitant à la productivité et au travail.
L’AEP, depuis sa fondation en 1984, a été un partenaire privilégié d’«Emmaüs International» (dont elle officiellement membre depuis novembre 1995), le mouvement fondé en France par l’abbé Pierre en 1949 et qui, depuis, s’est étendu dans plus de 40 pays où il est représenté par 400 groupes.
Un bilan de l’activité de l’AEP, et qui plus est a été illustré par des témoignages d’un certain nombre d’emprunteurs et de bénévoles, a été présenté lors du «dîner des amis de l’AEP», organisé au Bristol en présence de la première dame Mme Mona Hraoui.
Dans son mot de bienvenue la présidente de l’AEP, Mme Annette Mansour, devait souligner la nécessité d’une solidarité sociale prenant d’abord en compte les couches défavorisées et les aidant à accéder à la classe moyenne, épine dorsale de toute société.
La vocation de l’AEP et ses réalisations devaient ensuite être passées en revue par sa directrice Mme Christiane Chammah-Sahyoun. Elle a ainsi rappelé que depuis sa fondation «l’AEP s’est voulue comme une association allant au-delà de l’assistance, pour prôner et vivre le droit à l’initiative économique et le droit au crédit pour tous». Autrement dit la vocation de l’AEP est d’être «une entreprise humaine et un support financier» puisqu’en effet la «Parabanque» de l’AEP, depuis sa fondation jusqu’au 30/4/97, a accordé 9112 prêts pour un montant de 2.458.743 US$ répartis comme suit: 852 prêts familiaux pour un montant de 2.061.778 US$ 54 prêts collectifs$ pour un montant de 281.965 US$, 5 prêts coopératifs pour un montant de 115.000 US$.
Ces prêts ont été octroyés à l’artisanat (menuiserie, couture, tissage), à l’agriculture (élevage de bovins ou de volailles, apiculture, culture sous serres), au commerce/service (épicerie, laiterie) et à la petite industrie (mécanique automobile, tôlerie, peinture, électricité, transformation alimentaire) dans les huit régions où l’AEP exerce son action: Tripoli, Batroun, Jbeil, Békaa, Kesrouan, Beyrouth, Chouf et Saïda.
Le taux de recouvrement a été de 94%
Le taux de perte a été de 1%
Le taux de défaillance a été de 5%
Les frais de fonctionnement ont varié entre 10% et 15% des montants annuels octroyés en prêts.

40% de l’emploi
au Liban relève
des micro-entreprises

Quatre emprunteurs auprès de l’AEP devaient ensuite apporter leurs témoignages: Mme Hala Jaber de la banlieue-sud de Beyrouth qui a pu développer, grâce au prêt de l’AEP son atelier de couture et nourrir sa famille de 9 enfants, M. Ragheb Fadel qui a pu développer à Jbeil-Byblos un projet d’apiculture, Mme Raymonda Habchy qui a réussi à monter dans la Békaa une distillerie produisant du vin et de l’arak de qualité. Le quatrième témoignage, émouvant de courage, est de M. Chafic Nahas qui a raconté comment grâce à l’AEP, il a pu réaliser son rêve d’enfance et développer un élevage de 17.000 cailles. Cela l’a aidé à surmonter les drames de sa vie puisqu’il est né avec un problème à l’œil et qu’un obus, qui a atteint pendant la guerre l’abri où il se cachait avec sa famille, a tué son fils sur le champ paralysé sa fille et fait perdre la vue à sa femme. Aujourd’hui M. Nahas, grâce à un autre prêt de l’AEP, est en train de monter un centre de plysiothérapie.
Il est d’ailleurs à noter à ce propos qu’au cours du dîner plusieurs produits fabriqués par les emprunteurs de l’AEP ont été dégustés par les convives (vin, arak, fromage, labné, huile d’olive, miel, œufs de caille, eau de fleur d’oranger, chocolat). De même la troupe de dabké folklorique «zaffé» qui a animé la soirée est intimement liée à l’AEP. En effet, cette dernière a octroyé un crédit de l’ordre de 100.000 US $ à la coopérative agricole de Bechwat en 1989 pour équiper un puits artésien qui peut irriguer toutes les terres du village, en vue de remplacer la culture du haschisch par des cultures maraîchères. Comme un des objectifs de ce projet était d’encourager le retour d’exode des jeunes du village, une maison de loisirs pour la jeunesse de Bechwat a été construite grâce aux contributions des amis de l’AEP. La troupe folklorique est née dans le cadre des activités du club de loisirs.
L’intervention de l’économiste M. Kamal Hamdan a été axée autour de «l’impact des micro-entreprises sur l’économie nationale». Soulignant le fait que la guerre au Liban a contribué à encourager le phénomène des micro-entreprises dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler «le secteur informel», M. Hamdan a rappelé les chiffres, combien symboliques, du relevé industriel réalisé en 1994-1995. Ceux-là montrent que près de 90% de l’ensemble des entreprises industrielles actives au Liban sont petites (- de 10 ouvriers) et emploient près de 55% de l’ensemble de la main-d’œuvre industrielle au Liban. A cette main-d’œuvre il faut ajouter selon M. Hamdan la catégorie des «économiquement actifs au foyer» et qui sont évalués selon l’étude réalisée par le ministère des Affaires sociales à près de 25.000 actifs pour l’année 1995. Ce qui vaut pour le secteur industriel, estime M. Hamdan, est également valable pour les autres secteurs surtout agricole et des services où la micro-entreprise, formelle et informelle, constitue l’épine dorsale du processus de production au moins du point de vue quantitatif M. Hamdan en conclut se basant par ailleurs sur l’ensemble des statistiques disponibles, que les micro-entreprises, offrent (ou occasionnent) du travail, à près de 40% des forces de l’emploi au Liban.
Quant à l’impact des micro-entreprises sur l’économie nationale, il se traduit par au moins 3 fonctions de celles-ci, à savoir: elles sont des sources de revenus pour des milliers de familles dans les villes et campagnes. Elles créent des milliers de nouveaux emplois. Elles assurent la redistribution des revenus en élargissant la base des citoyens qui en profitent.

L’abbé Pierre
au Liban

Les témoignages de 4 bénévoles de l’AEP représentant des régions différentes: Tripoli, Kesrouan, Saïda, Békaa devaient précéder la lecture des recommandations par Mme Chammah-Sahyoun. Elle a rappelé que l’AEP accorde les crédits professionnels aux économiquement faibles et les accompagne jusqu’à la maturité du projet et l’autonomie économique de l’entrepreneur comme elle essaye d’initier les bénéficiaires de son action à intégrer le circuit formel de crédit. Cependant et à l’effet d’activer encore plus la solidarité, un changement doit être opéré à «3 niveaux»: celui du «consommateur» appelé à encourager les micro-entreprises, celui de «l’Etat» qui devrait réduire leurs charges, au moins à la phase de démarrage et au niveau du cadre législatif puisqu’il est nécessaire de mettre sur pied de nouvelles législations tenant compte des réalités sociales et protégeant les micro-entreprises pour qu’elles puissent s’ouvrir vers le monde extérieur.
Prenant à son tour la parole Mme Claude Audi, déléguée de l’AEP pour l’Europe devait souligner que «l’AEP participe à l’assemblée générale d’Emmaüs International ainsi qu’à sa commission administrative annuelle qui a choisi le Liban pour sa prochaine réunion en décembre 1997». L’abbé Pierre qui participe en général à cette commission pourrait venir au Liban pour l’occasion.
Mme Mona Hraoui devait conclure les interventions par un message mettant en exergue l’importance, au double plan social et humain, de l’action entreprise par l’AEP.
Il convient de rappeler dans ce sens que la «Parabanque» de l’AEP est un fonds de prêts servant à financer des projets (modestes) tant familiaux que collectifs ou coopératifs. Ces prêts sont à court et moyen terme et à faible taux d’intérêt. Les formalités relatives aux prêts s’effectuent à travers les services de 6 banques qui ont accepté d’exempter les emprunteurs bénéficiaires de tous frais et commissions. Le plafond du prêt par famille est aujourd’hui de 8.000.000 L.L. soit environ 5.000 US$ (remboursables sur 30 mois). Les 6 banques dont il est question sont: Audi, Saradar, Méditerranée, Libano-Française, la Société générale et la Banque de Beyrouth et des pays arabes.
Il est à souhaiter que cette implication des banques s’élargisse tant il est prouvé en cette fin de siècle que la sensibilisation au social (et aux politiques sociales) constitue, non seulement un repère civilisationnel mais aussi l’une des composantes essentielles du sentiment d’appartenance à la nation.
Notons pour conclure que chaque personne désireuse d’apporter son soutien à l’AEP peut le faire selon différentes options de participation en étant par exemple volontaire-conseiller suivant son expérience et sa compétence professionnelle. (Tél: de l’AEP: 01/382610).

Nayla ABI KARAM
S’il fallait résumer en une seule expression l’activité de l’AEP, l’Association d’entraide professionnelle (elle est une association libanaise de développement socio-économique à but non lucratif) on dirait: «Une raison d’espèrer dans la société libanaise». Cela parce que justement elle a pour objectif non pas l’assistanat charitable mais d’offrir des...