Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

A quatre jours de la consultation Chirac dramatise les enjeux des législatives françaises

Jacques Chirac a dramatisé les enjeux à quatre jours du premier tour des législatives en agitant l’épouvantail d’une cohabitation qui fragiliserait la France sur la scène européenne mais l’exemple des cohabitations passées ne vient guère nourrir l’argument présidentiel
Intervenant devant la presse avant une rencontre avec Helmut Kohl, le chef de l’Etat a affirmé que la France tiendrait «ses engagements européens avec lucidité et avec pragmatisme» mais qu’elle «ne pourra défendre ses intérêts que si elle est capable de parler d’une seule voix, d’une voix forte».
A quelques nuances près, cette phrase avait été prononcée en mai 1986 par François Mitterrand, à la veille du sommet du G7 de Tokyo, qui devait voir se dérouler un épisode plutôt comique de la première cohabitation de l’histoire de la Ve République.
Le président avait alors défini la règle de la cohabitation sur la scène internationale: «Chacun a son rôle, ils peuvent être complémentaires, mais, en dernier ressort, la France ne doit avoir qu’une seule voix à l’égard du monde extérieur».
Deux jours plus tard, François Bujon de l’Etang, conseiller diplomatique du premier ministre, Jacques Chirac, avait observé que cette voix unique pouvait parfaitement s’exprimer «par deux bouches différentes».
Lionel Jospin n’a pas réagi différemment quelques minutes après l’intervention de Jacques Chirac. «Il est évident qu’en cas de cohabitation, la France parlerait d’une seule voix après 1997 comme elle l’a fait entre 1986 et 1988 et entre 1993 et 1995», a affirmé le premier secrétaire du Parti socialiste.
Et, de fait, les collaborateurs de François Mitterrand comme ceux de Jacques Chirac estimaient, au lendemain de la première cohabitation, avoir «géré en souplesse et sans problème 90% de l’action diplomatique».
Un pourcentage sans doute accru entre 1993 et 1995, lors de la deuxième cohabitation dite «de velours», lorsqu’Edouard Balladur était à Matignon et un certain Alain Juppé, complice remarqué de François Mitterrand dans les instances internationales, au Quai d’Orsay.
Ces quatre années de «coexistence» au sommet de l’Etat n’ont pas laissé de mauvais souvenirs aux Français qui, selon les derniers sondages publiés, sont toujours bien disposés à l’égard de ce fonctionnement particulier des institutions.
La mémoire de Jacques Chirac est plus douloureuse.
Le chef de l’Etat avait sûrement en tête la cohabitation «de combat» qu’il a lui-même vécue et dont le scénario — deux présidentiables face à face — pourrait se répéter en cas de victoire de la gauche le 1er juin.
De la guerre des ordonnances sur les privatisations perdue en juillet 1986 au débat télévisé d’avril 1988, Jacques Chirac avait vu à plusieurs reprises le sol se dérober sous ses pieds face à un adversaire jouant de toutes ses cartes.
Dès la composition du gouvernement Chirac, François Mitterrand avait donné le ton: «Quand je pense qu’après-demain je serai assis à la table du Conseil des ministres avec quarante types dont au moins vingt me haïssent».
Le 26 mars, il avait prévenu qu’il refuserait de signer des ordonnances qui reviendraient sur les nationalisations d’avant 1982. Ce qu’il fit le 14 juillet en prenant les Français à témoin par télévision interposée.
La France avait alors vécu le tournant de la cohabitation. Le premier ministre avait envisagé d’«aller à la crise», de démissionner pour précipiter de nouvelles échéances électorales. Le président n’avait pas plié. «Je viens de menacer Mitterrand de démissionner et il s’en fout», avait déclaré Jacques Chirac.
Jacques Chirac a dramatisé les enjeux à quatre jours du premier tour des législatives en agitant l’épouvantail d’une cohabitation qui fragiliserait la France sur la scène européenne mais l’exemple des cohabitations passées ne vient guère nourrir l’argument présidentielIntervenant devant la presse avant une rencontre avec Helmut Kohl, le chef de l’Etat a affirmé que...