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Actualités - ANALYSE

La montée des extrémismes inquiète les modérés

Après Saïd Chaabane, Soubhi Toufayli. L’émir tripolitain du MUI (Mouvement de l’unité islamique) s’était distingué par ses diatribes antipapistes et antihraouistes. «On» était intervenu pour réfréner ses ardeurs xénophobiques avant qu’elles ne perturbent la visite pontificale. En fera-t-on de même pour l’ancien secrétaire général du Hezbollah qui, dans la Békaa, lance une offensive à caractère beaucoup plus interne et social, mais tellement virulente qu’elle appelle carrément à la désobéissance civile...
Face à ces éruptions, même certains modérés estiment que les autorités se montrent un peu trop laxistes et devraient, plutôt que de compter sur les «pressions amicales», se rappeler qu’il existe des lois et qu’il faut les appliquer... Un opposant, qui fait montre d’une soudaine sollicitude pour le pouvoir, affirme qu’en ne mettant pas en branle le Parquet «on encourage les pires extrémismes... Cheikh Toufayli, qui recommandait chaudement aux habitants de la Békaa de ne pas payer l’électricité, l’eau ou le téléphone (ce qui était du reste un pléonasme car les factures ne sont que rarement honorées dans cette plaine ou au Sud), pousse la chansonnette aujourd’hui jusqu’à appeler à la désobéissance civile, forme prérévolutionnaire très grave de subversion. Il fixe à cet effet la date-butoir du 4 juillet. Ce qui dénote tout à la fois la volonté de bien préparer cette révolte qui devra s’articuler autour d’une manifestation de masse devant le Sérail de Baalbeck et un certain souhait tacite de «négocier». Dans les deux cas, on ne saurait se sentir en meilleure position de force et il est urgent que l’Etat, l’Etat de droit surtout, y mette le holà car il y a là déjà, en termes de code pénal, un crime caractérisé. Tous les éléments constitutifs y sont et l’autorité judiciaire peut s’en saisir automatiquement, sans besoin de plainte. Si on peut mettre sur le compte de la lutte pour le Sud l’«exécution» en effigie, à l’occasion de l’Achoura, d’un chef d’Etat reconnu par le Liban à savoir le président Bill Clinton, mis dans le même sac que l’ennemi Benjamin Netanyahu; si on peut même considérer que ce geste se justifie par la liberté d’expression politique, on ne trouve par contre aucune excuse légale aux attaques lancées par les extrémistes contre les institutions locales et contre les plus hauts dirigeants. Attaques qui sont, ouvertement, des menaces contre la paix civile. D’autant qu’il en émane de forts relents de dissensions à caractère confessionnel ce qui, dans ce pays, est hautement explosif, la loi étant dès lors en principe très sourcilleuse sur ce point précis. Le moins que l’autorité devrait faire est d’interroger le dignitaire religieux concerné; or aucune convocation ne lui a été adressée...».
Pourtant, selon une source informée, des velléités d’action préventive avaient pris corps lors de la réunion du Conseil de Sécurité intérieure qui avait précédé la venue du pape. Lors de cette rencontre, ajoute cette personnalité, «il avait été convenu d’étouffer dans l’œuf les extravagances fondamentalistes et de faire convoquer l’émir du MUI par le Parquet pour un rappel à l’ordre coercitif... Mais aussitôt après la réunion, des voix s’étaient élevées mettant en garde contre une convocation judiciaire de Chaabane et l’Etat a fait machine arrière, se contentant d’«explications» assez embrouillées du reste, fournies par l’intéressé... Un précédent qui a sans doute encouragé la sortie de cheikh Toufayli dans la Békaa. Et si là non plus il n’y a pas de réaction d’Etat, la chaîne des défis à l’ordre public pourrait beaucoup s’allonger dans les jours à venir. C’est d’autant plus déplorable, conclut cette source, que les autorités civiles, plutôt que de parer les coups qui sont ainsi portés à l’Etat, s’acharnent à critiquer des institutions qu’elles accusent de se mêler de politique ou d’affaires syndicales. Ce qui est un comble en quelque sorte, car ces affaires syndicales on sait très bien qui s’en est abusivement mêlé...».

Ph.A.-A.
Après Saïd Chaabane, Soubhi Toufayli. L’émir tripolitain du MUI (Mouvement de l’unité islamique) s’était distingué par ses diatribes antipapistes et antihraouistes. «On» était intervenu pour réfréner ses ardeurs xénophobiques avant qu’elles ne perturbent la visite pontificale. En fera-t-on de même pour l’ancien secrétaire général du Hezbollah qui, dans la...