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Actualités - CHRONOLOGIE

Avec Funny Games , polar ultra-violent Le festival de Cannes sous électrochoc(photo)

L’Autrichien Michael Haneke a donné, avec «Funny Games» — polar ultra-violent —, un électrochoc au Festival de Cannes, tandis que Milos Forman administrait aux festivaliers une «leçon de cinéma» en leur rappelant sa devise: «Dire la vérité sans être ennuyeux» (VOIR AUSSI PAGE 7).
Passionné par les rapports entre la violence et les médias, Michael Haneke — qui avait présenté à Cannes «71 fragments d’une chronologie du hasard» — utilise le genre du thriller pour «montrer la violence telle qu’elle est» et «faire réfléchir» le spectateur, explique le cinéaste.
Une famille aisée, en vacances dans une maison proprette. Il y a le père, la mère et le petit garçon. Deux jeunes hommes très cleans, très propres, en gants blancs, prennent la famille en otage. Commence alors un jeu pervers et sadique de tortures gratuites et d’atrocités, jamais montrées directement.
S’affranchissant peu à peu des règles du thriller, Haneke met les nerfs du spectateur à vif, lui donnant une véritable «douche froide», selon ses propres termes. Le public est pris à témoin par les tortionnaires, qui parfois se tournent vers la caméra pour s’adresser à lui.
Filmé avec efficacité, plein de suspense, «Funny Games» est servi par de très bons acteurs, notamment Susanne Lothar, la mère, et Arno Frisch, l’un des jeunes. Mais le propos de Haneke est à double tranchant car, censé dénoncer la violence, il utilise ce ressort de la violence pour capter le public.
Plus classique et plus confortable pour les spectateurs, «L.A. Confidential», seul film de la compétition produit par une «major» hollywoodienne (Warner), est un film noir bien fait, un peu long à se mettre en place à cause d’une intrigue complexe, adapté d’un roman de James Ellroy.

Le film plonge dans le monde pourri et corrompu de la police de Los Angeles, dans les années 50. L’ombre du cinéma plane sur ce puzzle, avec des putes qui sont des sosies d’actrices hollywoodiennes.

Il y a la call-girl qui ressemble à Veronika Lake (Kim Basinger), le flic vertueux (Guy Pearce, découvert dans «les aventures de Priscilla» de Stephan Elliot), le journaliste véreux (Danny de Vito), le commissaire (Kevin Spacey, Oscar du second rôle pour «Usual Suspects» de Bryan Singer)...
Suspense également, mais au fin fond de la campagne australienne: «Le puits» de Samantha Lang, en lice pour la Caméra d’or du meilleur premier film, peint les relations tordues de deux femmes aussi dissemblables que possible — une vieille fille coincée et une jeune citadine passionnée de techno.

Opéra muet

«Dire la vérité sans être ennuyeux? Ce n’est pas facile, car la vérité est ennuyeuse puisque c’est la vérité. Les mensonges sont plus intéressants, plus intrigants, plus amusants», à en croire le réalisateur américain d’origine tchèque de «Vol au-dessus d’un nid de coucou», «Amadeus» ou plus récemment «Larry Flint» (Ours d’or au Festival de Berlin 97).
«Qu’est-ce que vous préférez que je vous dise? Que 25+5=30 ou que 25+5=29?», a-t-il demandé à des centaines de journalistes et de jeunes cinéphiles massés au Palais des Festivals.
Chaque année durant le festival, un grand metteur en scène vient dispenser une «leçon de cinéma».
Quand on lui demande ce qui est avant tout nécessaire pour réaliser un bon film, le cinéaste répond: le scénario. «La base de chaque bon film, c’est le scénario».
Et d’expliquer qu’il avait l’ambition d’écrire quand il a commencé à faire du cinéma. «Cela ne suffisait pas et quand je suis arrivé en Amérique (en 1969), j’ai cherché des écrivains qui avaient digéré la langue anglaise».
Mais, même en présence d’un bon livre ou d’une bonne pièce de théâtre, Forman travaille énormément le scénario, en équipe le plus souvent: «Ce qui fonctionne pour la littérature ne fonctionne pas forcément pour le cinéma» ou «on ne peut pas seulement illustrer le théâtre».
Il évoque sa déception après avoir vu «Gatsby le magnifique» dans lequel les auteurs avaient trop respecté le texte de Scott Fitzgerald. «Quand on a entendu les personnages à l’écran, on a ri», se rappelle-t-il.
Son premier souvenir de spectateur? «Blanche Neige», le dessin animé de Walt Disney, à 5 ans. «J’étais fasciné mais mon premier grand choc a été le film d’un opéra tchèque connu, «La fiancée vendue»».
«C’était un opéra mais le film était muet!, a-t-il lancé au public hilare. Alors, les spectateurs se sont mis à fredonner puis à chanter. C’était magique. J’ai été très touché».
L’Autrichien Michael Haneke a donné, avec «Funny Games» — polar ultra-violent —, un électrochoc au Festival de Cannes, tandis que Milos Forman administrait aux festivaliers une «leçon de cinéma» en leur rappelant sa devise: «Dire la vérité sans être ennuyeux» (VOIR AUSSI PAGE 7).Passionné par les rapports entre la violence et les médias, Michael Haneke — qui...