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Actualités - CHRONOLOGIE

Le message d'espérance du Saint-Père parfaitement reçu par la foule (photos)

Si les Libanais avaient pu communiquer directement avec le pape, hier, ils ne lui auraient pas seulement répété «We love you», mais ils lui auraient aussi dit que son message d’espérance a été parfaitement reçu. Il n’a pas fallu au Saint-Père 32 heures (la durée totale de son séjour) pour conquérir le cœur des Libanais et leur communiquer sa foi en un avenir meilleur pour eux et sa conviction que la lumière finit toujours par jaillir au bout du tunnel. La graine plantée par le synode spécial pour le Liban a commencé à germer: l’espérance escomptée a transparu dans les commentaires de nombreux fidèles qui ont assisté à l’office divin hier, et qui étaient eux-mêmes émerveillés par le nombre incroyable des personnes présentes sur le front de mer au centre-ville de Beyrouth où la messe a été célébrée.
Pour la plupart, la visite du Saint-Père représente une consécration de la présence chrétienne dans l’ensemble de la région et surtout au Liban. Elle représente aussi une réaffirmation de la présence du Liban, en tant qu’Etat souverain, sur la scène internationale. Une petite phrase prononcée par un participant à la messe, Johnny Abou Jaoudé, illustre l’état d’esprit dans lequel se trouvaient de nombreux chrétiens; «Le pape a présenté sa visite comme étant un pèlerinage. On ne va en pèlerinage que dans un lieu à jamais sacré. Le Saint-Père a indirectement rappelé que le Liban est une terre qui restera toujours sacrée pour les chrétiens» parce qu’elle a accueillie le Christ, il y a deux mille ans.
Oubliés la frustration et le désenchantement ressentis par les chrétiens qui considèrent qu’ils sont traités comme des citoyens de seconde catégorie. De toute façon, en cette belle journée du 11 mai, rares sont ceux qui songent à la politique ou aux problèmes de tous les jours. On ne pense qu’à la joie du moment, à la foi retrouvée ou renforcée. «Jean-Paul II n’est pas seulement un pape. Il est le miracle que le Christ a réalisé à notre intention en nous l’envoyant», lance, survoltée, une dame entre deux âges à l’homme qui l’accompagne en agitant vigoureusement le drapeau jaune et blanc du Vatican. «Regarde tous ces gens qui prient. Depuis quand a-t-on vu au Liban les chrétiens réunis en un groupe aussi important pour la prière?». Sur l’autel, le révérend père Mansour Labaki entonne des chants religieux qui sont repris par l’assistance qui récitera ensuite l’Ave Maria.

«L’événement
le plus important
de ma vie»

Les prières se poursuivent jusqu’à l’arrivée du pape, accueilli une nouvelle fois triomphalement par une foule en délire. Sous le coup de la fatigue, des dizaines de jeunes qui se sont rendus au port tout de suite après leur rencontre avec le Saint-Père, samedi soir, perdent connaissance, et sont immédiatement pris en charge par les équipes de secouristes de la CRL, qui ont installé pour la circonstance six tentes-hôpitaux. Aussitôt rétablis, certains regagnent leurs sièges pour participer à la messe. «Pour rien au monde, je ne voudrai rater un événement, qui restera je le sais, le plus important de ma vie», nous dit Patrick, un adolescent qui s’asperge la tête d’eau de crainte d’un nouvel étourdissement.
Les personnes rassemblées pour la messe sont reconnaissantes à Jean-Paul II d’avoir «montré à tout le monde, en rassemblant autour de lui ces fidèles, que les chrétiens n’ont pas émigré, qu’ils sont toujours présents en force au Liban». C’est Michel Choueiry, la cinquantaine, qui le dit. Installé depuis vingt ans en France, il s’est arrangé pour que ses vacances au Liban coïncident avec la visite du Saint-Père. «C’est le pape qui, grâce à sa visite, a aussi réaffirmé la présence du Liban, ignoré pendant des années, sur la scène internationale», renchérit-il.
A ses côtés, Elie Nakhlé, lunettes de soleil et casquette à l’effigie du pape, constate que, même le ton de la chaîne internationale CNN, a positivement changé en ce qui concerne le Liban. Jamil Semaan qui agite les couleurs du Vatican insiste sur la «révolution blanche» que représente pour lui la visite de Sa Sainteté. «Elle exprime le rejet de la corruption, de l’immoralité, de l’absence de pureté et de foi», renchérit-il alors qu’un groupe de trois jeunes, Marc, Hanane et Rania exprime l’espoir que la visite du Saint-Père entraînera un changement dans la vie publique au Liban. San grande conviction toutefois. Ils se ravisent tout de suite après: «Le Christ avait bien dit que la foi peut déplacer les montagnes».

«Des propos
gravés dans
les cœurs»

Tout le monde espère que la visite de Sa Sainteté au Liban sera l’augure d’un avenir resplendissant pour le Liban. Plusieurs fidèles se félicitent de ce que le texte de l’exhortation apostolique n’a pas été modifié dans le fond et affirmer attendre impatiemment sa publication (le texte a été distribué après la messe). «Le pape ne nous lâchera pas. J’en suis sûre. Et, dorénavant, à chaque fois qu’un sentiment de découragement nous (les chrétiens) éteindra, je crois qu’il nous faudra penser fortement à lui et songer qu’il nous cite dans ses prières». Dolly est syrienne-orthodoxe. Depuis le 10 mai, le pape Jean-Paul II est devenu son idéal. «Ses propos resteront à jamais gravés dans le cœur de ceux qui ont bien voulu les écouter», dit-elle en essuyant une larme.

Tilda ABOU RIZK
Si les Libanais avaient pu communiquer directement avec le pape, hier, ils ne lui auraient pas seulement répété «We love you», mais ils lui auraient aussi dit que son message d’espérance a été parfaitement reçu. Il n’a pas fallu au Saint-Père 32 heures (la durée totale de son séjour) pour conquérir le cœur des Libanais et leur communiquer sa foi en un avenir meilleur...