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Actualités - CHRONOLOGIE

Loyalistes et opposants à la messe de l'unité (photo)

Venus tôt — comme l’exigeait le carton d’invitation officiel —, ils ont attendu plus d’une heure sous le soleil, comme le plus anonyme des citoyens, une casquette avec l’effigie du pape hâtivement flanquée sur le crâne. Les responsables et autres personnalités de la IIe République n’avaient plus rien d’officiel à la messe célébrée par le Saint-Père pour tous les Libanais.
D’ailleurs, pour bien montrer qu’il s’agissait surtout d’un rendez-vous avec les humbles, les modestes, les malheureux et les simples fidèles en quête de la Vérité, Jean-Paul II s’est souvent adressé à eux, insistant pour faire le tour de l’immense périmètre afin de donner l’occasion à toute la foule de l’apercevoir.
Et pendant ce temps, ces hommes habitués aux privilèges et aux honneurs attendaient, avec parfois un rien d’impatience. Mais soudain, quand à travers la vitre de sa papamobile, le Saint-Père s’est tourné et les a bénis, ils n’étaient plus que de simples mortels, émus comme des enfants, qu’il s’agisse du chef de l’Etat, du président du Conseil, des nombreux ministres et députés, des membres de l’opposition, présents en masse à cette messe, un peu comme pour se rattraper d’avoir été plutôt ignorés au cours des autres étapes. Il y avait ainsi, au premier rang des personnalités partisanes, Dory Chamoun et Elie Karamé, et un peu loin, Albert Moukheiber, Sethrida Geagea, Massoud Achkar, Elias Abou Rizk pour ne citer que ceux-là.. C’est comme si, le temps d’une messe — prolongée — opposants, loyalistes, exclus, vaincus, nouveaux venus dans la politique et vétérans de l’action publique se retrouvaient unis.
Du coup, les multiples entorses au protocole, relatives à l’emplacement de certains hauts fonctionnaires et personnalités, ainsi que la chaleur terrible et la marée humaine se rapprochant sans cesse de la tribune d’honneur, ignorant les injonctions des soldats, semblaient dérisoires. D’ailleurs, comme touchés par la grâce de l’homme en blanc, les soldats de la moukafaha, en charge de la sécurité des lieux, semblaient particulièrement compréhensifs, essayant autant que possible de ne pas entraver la progression des fidèles vers la tribune en dépit des contraintes de la sécurité, distribuant régulièrement des bouteilles d’eau aux personnes assoiffées et s’occupant avec l’aide des secouristes de la Croix-Rouge des nombreux présents pris de malaise. A la fin de la messe, le colonel Jean Salloum s’est pratiquement transformé en nurse, s’occupant de tous les enfants ayant égaré leurs parents et multipliant les appels au micro. Hélas, les milliers de fidèles n’ont pu s’empêcher d’arracher, en partant, les plantes et autres roses blanches et jaunes qui ornaient la tribune et, après le départ de la foule, le lieu ressemblait à un champ de bataille... Qu’importe, il se passera longtemps avant qu’il ne soit utilisé de nouveau pour une si importante réunion de masse.

S.H.
Venus tôt — comme l’exigeait le carton d’invitation officiel —, ils ont attendu plus d’une heure sous le soleil, comme le plus anonyme des citoyens, une casquette avec l’effigie du pape hâtivement flanquée sur le crâne. Les responsables et autres personnalités de la IIe République n’avaient plus rien d’officiel à la messe célébrée par le Saint-Père pour tous...