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Actualités - REPORTAGE

Le prix méditerranée : une identité bien affirmée

PARIS.- De Mirèse AKAR

Le Prix du Levant? Disparu en même temps que la disparition de la scène politique française de son initiateur, Maurice Arreckx, ancien président du Conseil général du Var, lequel se dotait d’une aura culturelle en le dotant généreusement de 200.000FF.
Le Prix des Deux Hémisphères? Envolé lui aussi, au grand dam d’Aimé Césaire qui le remettait lui-même, non pas en Martinique mais dans la capitale guadeloupéenne où il se rendait en voisin. Son mécène — qui déboursait à chaque fois 300.000FF — a, comme on dit, filé sans laisser d’adresse, et Tahar ben Jelloun aura été le dernier à empocher cette somme non négligeable.
Le Prix Hassan II des Quatre Jurys, remis chaque année au Maroc au cours d’une réception fastueuse? Sa création avait été le fait du prince, ou plutôt du roi, en l’occurrence. Sa récente suppression le fut sans doute aussi.
Le Prix français du Monde Arabe que la Libanaise Maha Dalloul avait créé et aux destinées duquel on l’avait vue présider deux années de suite, mais deux années seulement? Il n’aura pas survécu à son retour au Liban.
Le Paris Ritz Hemingway Award dont il fallait convertir en francs la dotation — la plus élevée de tous les prix littéraires internationaux — consentie en dollars par le sultan de Bruneï, les frères Al-Fayed, propriétaires de l’hôtel Ritz, offrant de leur côté une réception pour honorer le lauréat? Il n’y en a plus trace depuis quelques années, alors que Pierre Salinger, lié de près à sa création, se faisait fort de le maintenir.
Le Prix Marcel Proust? Il est en sommeil depuis la mort de son ancien secrétaire général, Jacques de Ricaumont, et sa mécène, la richissime épouse d’Akram Ojjeh, négocierait en ce moment avec le ville de Cabourg une refonte de ses statuts.

Les auteurs du Sud

Ainsi vont les prix littéraires, quelquefois mis en place par calcul plus que par philanthropie ou par amour de la littérature et supprimés pour les raisons à chaque fois différentes, pouvant relever aussi bien de l’aléa politique ou conjoncturel que du caprice personnel. Les grands perdants sont alors les écrivains — les maisons d’édition également —, et il se trouve que toutes ces distinctions, à l’exception des deux dernières — qui avaient en commun d’être financées par des pétrodollars — étaient destinés à choyer des auteurs de l’aire arabe, ou plus largement méditerranéenne, ou encore, comme on aime à dire aujourd’hui, des auteurs du Sud.
Par bonheur, une petite relève se dessine avec la création du Prix Rachid Mimouni, attribué depuis maintenant deux ans à Villeneuve-sur-Lot dont le salon du livre, tourné justement vers la production des pays du Sud, avait en 1996 le Liban pour invité d’honneur.
Mais, surtout, il y a le Prix Méditerranée, indéfectiblement fidèle, depuis 1985, à son rendez-vous printanier. Créé par le Centre Méditerranée de Littérature, il est patronné par la ville de Perpignan dont le maire, Paul Alduy, se plaît à rappeler qu’elle fête en 1997 les huit cents ans d’un acte constitutionnel qui, en 1197 et avec une immense audace pour l’époque, montra en France le chemin des libertés municipales. Ce prix, dont on peut dire aujourd’hui qu’il a trouvé ses marques et affirmé son identité, s’est vu adjoindre en 1992 un Prix Méditerranée étranger parrainé par le Conseil régional de Languedoc-Roussillon et qui couronne un auteur du bassin méditerranéen dont l’œuvre est traduite en français. Il est allé cette fois au «Tambour de papier» (Actes Sud), un ensemble de neuf récits où s’exerce l’humour ravageur de l’Albanais Besnik Mustafaj. Cet ancien professeur d’université joua un rôle de premier plan dans le renversement de la dictature et l’avènement de la démocratie dans son pays. Il se partage aujourd’hui entre littérature et politique: auteur, à trente-neuf ans, de pas moins de six romans, essais, recueils de nouvelles et de poèmes, il est également ambassadeur d’Albanie en France depuis 1992.
Quant au Prix Méditerranée proprement dit, il récompense «L’Abyssin» (Gallimard), un premier roman du neuropsychiatre Jean-Christophe Rufin qui a déjà publié cinq ouvrages traitant de problèmes politiques et humanitaires mais a choisi de tourner casaque en racontant ici de façon savoureuse l’équipée de Jean-Baptiste Poncet, jeune médecin des pachas du Caire dépêché par Louis XIV comme ambassadeur auprès du plus mythique des souverains orientaux, le Négus d’Ethiopie.
PARIS.- De Mirèse AKARLe Prix du Levant? Disparu en même temps que la disparition de la scène politique française de son initiateur, Maurice Arreckx, ancien président du Conseil général du Var, lequel se dotait d’une aura culturelle en le dotant généreusement de 200.000FF.Le Prix des Deux Hémisphères? Envolé lui aussi, au grand dam d’Aimé Césaire qui le remettait...