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Actualités - CHRONOLOGIE

Le cas Geagea à l'ordre du jour Verdict de la cour demain et retombées d'un timing étonnant

Pure coïncidence ou timing voulu? La publication du verdict de la Cour de Justice dans l’affaire Murr, prévue pour demain vendredi 9 mai, c’est-à-dire à la veille de la visite du pape au Liban, n’en finit pas de soulever des interrogations. Si, dans les milieux officiels, on affirme que cette date était la seule possible en raison du fait que les vendredis et samedis (jours habituels des verdicts de la cour de justice) qui ont précédé la date du 9 mai étaient tous chômés depuis la clôture du procès, d’autres milieux considèrent qu’il s’agit là d’un message politique clair adressé au Saint-Père.
Jean Paul II et la délégation qui l’accompagne arriveront ainsi à Beyrouth alors que tous les journaux évoqueront dans leurs premières pages le sort que réservera la Cour de Justice au chef des FL dissoutes, Samir Geagea, à travers son verdict dans l’affaire de la double tentative d’assassinat du ministre Michel Murr en mars 1991. Geagea est, avec Manuel Younès, le principal inculpé dans cette affaire. Si on voulait pousser le Saint-Père à aborder avec les responsables libanais ce thème-là, on ne s’y serait pas pris autrement. Pourtant, les milieux proches du Vatican affirment que Jean Paul II n’abordera pas avec les responsables libanais des cas particuliers, et il se contentera d’évoquer les principes de liberté, de tolérance et les droits des prisonniers en général. Cela n’empêche pas les rumeurs les plus fantaisistes de circuler et la rue croit ferme qu’il «se passera quelque chose concernant Geagea». Ces rumeurs sont confortées par une véritable campagne médiatique menée depuis un certain temps par les anciens des FL et diverses associations en faveur des droits de l’homme qui évoquent systématiquement une éventuelle grâce de l’ancien chef de milice et ancien ministre.
Toutefois, des sources judiciaires précisent qu’une telle grâce est pratiquement exclue pour l’instant. Car la loi y pose des conditions strictes dont la principale consiste à ne la rendre possible que dans le cas des jugements sans appel. Or, dans le cas Geagea, le chef de l’Etat ne pourrait en signer une que dans l’affaire Chamoun, l’affaire Zayeck attendant encore le verdict de la cour de cassation (puisque les avocats de Rafic Saadé-condamné avec Geagea dans cette affaire — ont présenté un pourvoi contre le jugement de la cour d’appel) et l’affaire Karamé attendant l’ouverture du procès.
Dans ces conditions, si M. Hraoui décide de faire profiter Geagea d’une grâce présidentielle, elle ne serait d’aucune utilité effective pour le chef des FL dissoutes qui devrait rester en prison, en raison d’un mandat d’arrêt émis contre lui dans l’affaire Karamé et de sa condamnation à la détention à perpétuité dans l’affaire Zayeck.
Reste la possibilité d’une amnistie générale, mais, dans ce cas, elle ne peut être décidée que par le biais d’une loi qui devrait être adoptée par le parlement et qui annulerait ainsi la précédente loi d’amnistie votée en 1991 et qui excluait les crimes déférés devant la cour de justice et visant les diplomates et les personnalités politiques. Pour l’instant, M. Geagea, du fond de sa prison, est le seul à avoir préparé un projet d’amendement de la loi d’amnistie. Mais ni les députés ni le gouvernement n’ont pris une initiative de ce genre...
Pour toutes ces raisons, il serait irréaliste d’attendre une remise en liberté imminente du chef des FL dissoutes, dans la foulée de la visite du pape. Même si la cour décidait vendredi de l’acquitter pour manque de preuves, comme le pensent de nombreux observateurs... D’autres, au contraire, estiment que la cour se dirige vers une condamnation de M. Geagea afin de bien montrer qu’elle est imperméable aux considérations politiques. Naturellement, les sources proches de cette même cour réfutent toutes ces analyses, précisant que cette instance judiciaire n’a rien à prouver et qu’elle émet ses verdicts loin de tout calcul ou de toutes pressions politiques. En tout cas, voulu ou non, le timing du 9 mai fera immanquablement du cas de l’ancien chef des FL une dossier brûlant... pour quelques jours.

S.H.
Pure coïncidence ou timing voulu? La publication du verdict de la Cour de Justice dans l’affaire Murr, prévue pour demain vendredi 9 mai, c’est-à-dire à la veille de la visite du pape au Liban, n’en finit pas de soulever des interrogations. Si, dans les milieux officiels, on affirme que cette date était la seule possible en raison du fait que les vendredis et samedis (jours...