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Actualités - ANALYSE

Les ultras de l'est changent d'avis...

Initialement opposés à la visite papale, les ultras de l’Est, notamment les exilés, ont changé d’avis ces derniers temps, appelant leurs partisans à participer en masse aux différentes manifestations qui marqueront le prochain week-end. Au départ, ils exprimaient la crainte que ce passage du Saint-Père en un Liban otage ne vienne y consacrer un statu quo tissé de différents faits accomplis, dont l’occupation israélienne d’une partie du Sud comme de la Békaa-Ouest et l’aliénation de la volonté officielle à celle d’autrui.
«Maintenant que les jeux sont faits, que la décision est prise, indique une source informée, les leaderships expatriés ou de l’intérieur estiment qu’il faut surmonter toutes les considérations conjoncturelles, répondre à l’appel du patriarche maronite pour faire écho à un événement historique et lui donner valeur de rassemblement mobilisateur derrière la bannière d’une foi qui cristallise aussi, en termes temporels, la juste cause d’une collectivité brimée. Un tel objectif, un tel effort tendu, impliquent évidemment que l’on remise pour le moment des questions dont l’importance est tout aussi certaine — en d’autres temps — que relative à pareille occasion. On ferme ainsi les yeux, ajoute cette personnalité, sur les impairs protocolaires relevés dans le programme établi par les officiels, qui n’ont pas cru devoir inclure des figures de proue reconnues, des anciens dirigeants, installés ici ou au dehors, dans les invitations pour l’accueil à l’AIB ou pour la réception à Baabda».
Toujours est-il que le camp radical veut adresser au souverain pontife un mémoire qui devra être remis pour transmission au patriarche Sfeir par le président du PNL M. Dory Chamoun qui, seul du trio qu’il forme avec le président Amine Gemayel et avec le général Michel Aoun, a accès au Liban... Ils y expriment leur point de vue, leurs appréhensions pour l’avenir du pays. A noter que le général Aoun n’a pas voulu contresigner pour sa part ce document, en signe de protestation contre le fait que le Vatican n’a jamais répondu aux 12 missives qu’il lui avait expédiées. Les aounistes soutiennent que c’est le nonce apostolique Mgr Pablo Puente qui est derrière ce «mépris» dans lequel la curie tiendrait leur chef. Quant au président Gemayel, qui se trouve présentement au Brésil, il a fait savoir que sa propre signature au bas du mémoire ne lui semble pas nécessaire et que M. Chamoun peut à son avis parapher pour tout le groupe. On peut voir par ces deux exemples que la volonté — évoquée plus haut — de dépasser les questions de forme reste relative...
Pour ce qui est de M. Raymond Eddé, qui ne fait pas partie de la coalition, consulté à Paris par M. Chamoun, il a indiqué à ce dernier que le Vatican connaît parfaitement ses positions et qu’il n’a pas besoin de les lui rappeler.
Toujours est-il que le document préparé par M. Chamoun, qui s’étale sur quatre pages fullscape, développe en français, après une brève introduction soulignant le caractère spécial du Liban même sous l’occupation ottomane, les thèmes principaux de la souveraineté ébréchée et de l’indépendance ligotée. Il y est question de «syrianisation» accélérée, des déséquilibres intérieurs qui s’aggravent, de l’entente qui reste lettre morte, de la loi qui est transgressée par les autorités elles-mêmes, des droits de l’homme piétinés, des libertés restreintes. Le texte affirme que bon nombre de Libanais luttent, pacifiquement et par les moyens démocratiques, pour corriger la trajectoire, en ajoutant qu’ils sont taillés en pièces, fortement combattus par le pouvoir, empêchés de participer à la vie publique et sciemment marginalisés. Les remarques jamais entendues du patriarche sont évoquées dans le document, qui détaille d’autre part les méfaits de la crise socio-économique que subit le pays. Il est ensuite fait appel au Saint-Père pour un effort intensifié en vue de l’application de la 425, du retrait de l’occupant israélien, en prélude au départ des forces syriennes. Puis l’accent est mis sur le drame non encore résolu des déplacés. Un mémoire dont les coalisés de Paris défendront les points lors d’une audience qu’ils comptent demander au pape après sa visite au Liban.
Signalons enfin que par ailleurs plusieurs parties, dont les avocats de M. Samir Geagea, se proposent également de confier à Mgr Sfeir des suppliques destinées au pape.

Ph.-A-A.
Initialement opposés à la visite papale, les ultras de l’Est, notamment les exilés, ont changé d’avis ces derniers temps, appelant leurs partisans à participer en masse aux différentes manifestations qui marqueront le prochain week-end. Au départ, ils exprimaient la crainte que ce passage du Saint-Père en un Liban otage ne vienne y consacrer un statu quo tissé de...