La guerre intersyndicale se poursuit sur le front judiciaire Les instances arabes renouvellent leur soutien à Abou Rizk

La guerre intersyndicale se poursuit de plus belle sur le front judiciaire. La Confédération générale des travailleurs au Liban (CGTL) dirigée par M. Ghanim Zoghbi a demandé au tribunal de première instance présidé par le juge Nehmé Lahoud de rejeter la plainte d’invalidation des élections syndicales du 24 avril dernier présentée par trois fédérations alliées à M. Elias Abou Rizk.
Selon l’avocat de la CGTL-Ghanim Zoghbi, Me Camille Fénianos, la plainte, présentée par la fédération des typographes, la fédération des ouvriers du bâtiment et des menuiseries et la fédération des chauffeurs de taxis, est «illégale et manque de sérieux». Me Fénianos se réserve le droit de répondre ultérieurement en détail aux attendus de la plainte déposée par les alliés de M. Abou Rizk et a rappelé que le conseil exécutif de la CGTL présidé par ce dernier a refusé, il y a deux ans, d’intégrer à la centrale syndicale les cinq fédérations que le ministère du Travail a décidé de considérer comme membres de la confédération. Ce sont les 10 voix de ces cinq fédérations (proches du mouvement Amal) qui ont permis à M. Zoghbi d’être élu président de la CGTL lors du scrutin contesté du 24 avril.
D’un autre côté, M. Hassan Jammam, secrétaire général de la Fédération des syndicats arabes, a déposé une plainte auprès du Bureau international du travail contre l’intervention des forces de l’ordre libanaises lors des élections syndicales du 24 avril. M. Abou Rizk, qui jouit d’une légitimité arabe et internationale, a reçu une copie de la plainte de M. Jammam.
Dans le texte envoyé au Bureau international basé à Genève, M. Jammam déclare: «Le jour des élections le 24 avril, nous avons été surpris par la présence massive de forces de l’ordre. Un grand nombre de délégués n’a pas été autorisé à pénétrer dans les locaux de la CGTL où se trouvaient déjà des fonctionnaires du ministère du Travail. Dès que les élections truquées et tragiques se sont terminées, les forces de sécurité ont pris d’assaut les locaux de la centrale syndicale et ont agressé le président de la CGTL, M. Elias Abou Rizk, et plusieurs de ses collègues et ont brisé du matériel. La victoire d’une liste préparée à l’avance par le pouvoir a été ensuite proclamée et une direction fantoche a été installée à la tête de la centrale».

M. Jammam a demandé au Bureau international du travail d’intervenir auprès du gouvernement libanais pour cesser de se mêler des affaires syndicales.
Sur un autre plan, M. Elias Abou Rizk a reçu hier le chargé d’affaires à l’ambassade suisse, M. Walter Suter, accompagné d’un député socialiste au Parlement fédéral, M. Franco Cavalli, qui visite actuellement le Liban. L’entretien a porté sur la situation économique et sociale au Liban.
M. Abou Rizk a d’autre part reçu une copie d’une lettre envoyée par le secrétaire général de la centrale syndicale jordanienne, M. Khaled Chreim, au président Elias Hraoui, dénonçant les «interventions du pouvoir dans les affaires syndicales». Dans un autre message adressé à M. Abou Rizk, M. Chreim déclare que la centrale syndicale jordanienne est prête à apporter à la CGTL «toute l’aide nécessaire».

Par ailleurs, les syndicats des ouvriers des compagnies pétrolières «Total» et «Mobil Oil» ont présenté des plaintes au tribunal de première instance de Beyrouth présidé par M. Nehmé Lahoud, pour l’invalidation des résultats des élections de la répartition des postes au sein du conseil exécutif de la fédération des syndicats pétroliers au Liban.
Enfin, le comité de coordination syndicale a décidé de reporter à une date ultérieure le congrès syndical national qui était prévu le 6 mai.