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Actualités - CHRONOLOGIE

L'oecuménique et les contacts avec les non-chrétiens

Depuis son accession au trône de Pierre, Jean-Paul II a multiplié les initiatives œcuméniques tant en direction des églises orthodoxes qu’envers les «hérétiques» protestants. Mais son action n’a pas toujours reçu un accueil favorable auprès de certaines communautés chrétiennes qui l’ont parfois soupçonné d’avoir des arrière-pensées.
Le pape a consacré d’innombrables discours, documents et lettres personnelles au dialogue avec les chefs des autres églises chrétiennes, notamment l’encyclique «Ut unum sint» (Pour que tous soient un) et la lettre apostolique «Orientale Lumen» (La lumière de l’Orient), en 1995.
Avec les orthodoxes, l’objectif est de mettre un terme définitif à un schisme qui a séparé pendant mille ans les destinées de l’Orient et de l’Occident chrétiens. A cet égard, il convient de souligner que les obstacles retardant la réunification ne sont pas liés à des considérations purement religieuses, les différences dans le dogme entre catholiques et orthodoxes étant minimes.
C’est plutôt le contexte historique et politique qui agit ici comme détonateur, avec pour toile de fond permanente l’évolution de la Russie ou plutôt de l’«empire» russe. Pour savoir où en est le dialogue œcuménqiue, il faut toujours tâter le pouls de Moscou.
Or l’effondrement du colosse soviétique, loin de faciliter les choses, a considérablement compliqué la tâche, en entraînant des difficultés importantes pour le monde orthodoxe, déchiré par les conflits nationalistes et religieux.
L’un des points majeurs de friction avec le Saint-siège concerne les uniates, ces communautés d’Europe orientale ralliées à Rome, et qui avaient été persécutées sous les régimes communistes. A la chute de ces régimes, les autorités orthodoxes, recherchant elles-mêmes un second souffle après des décennies de frustrations marxistes-léninistes, ont eu l’impression que l’Eglise catholique a voulu en profiter en tentant, par le biais des uniates, un retour massif dans la région.
Il y a près de quatre ans, à Balamand, ici au Liban, les orthodoxes ont établi une distinction entre églises grecques-catholiques et uniates. Reconnaissant pleinement la légitimité des premières, ils ont demandé que l’«uniatisme», à savoir le «passage» d’une église entière à Rome, soit supprimé des méthodes catholiques d’évangélisation. Ce qui fut en principe accepté.
Toujours est-il que les difficultés du monde orthodoxe slave ont jusqu’ici empêché la tenue d’une rencontre entre Jean-Paul II et le patriarche de Moscou Alexis.
En revanche, le pape a reçu comme un frère, au Vatican, en 1995, le patriarche de Constantinople Bartholomée 1er, chef symbolique de l’orthodoxie, mais sans autorité réelle (et pour cause: il y a longtemps que la deuxième Rome a perdu, à la différence de Moscou, sa qualité de centre d’un empire chrétien). Ensemble, Jean-Paul II et Bartholomée ont annoncé, à cette occasion, un avenir d’unité chrétienne.
Dès 1979, Jean-Paul II avait rencontré à Istanbul le patriarche Dimitrios 1er. En 1982, à Canterbury, il avait échangé son anneau avec celui du Dr Runcil, primat de l’église d’Angleterre, reconnaissant ainsi l’ecclésialité de cette confession. Jean-Paul II engage le dialogue avec les confessions non-chrétiennes. En 1985, il rencontre le roi du Maroc, Hassan II, protecteur de l’islam. Un an plus tard, il déclare à la synagogue de Rome: «Vous êtes nos frères préférés, en un sens nos aînés». En octobre 1986, à Assise, le pape accueille pour prier avec eux les représentants des religions chrétiennes et non-chrétiennes.
Il n’empêche que pour ce qui est des relations entre Rome et les églises réformées, l’important fossé doctrinal rend difficile toute velléité de réunification formelle entre catholiques et orthodoxes d’une part, protestants de l’autre. Mais cela n’empêche pas que la réconciliation soit enfin scellée, effaçant pour de bon le souvenir des périodes les plus barbares de l’histoire du christianisme.
Certes, il y a belle lurette qu’on ne se trucide plus entre catholiques et protestants (sauf, bien entendu, en des points isolés du globe, comme en Irlande du Nord, mais cela n’a rien à voir avec la religion). Si, au cours des derniers siècles, les sociétés ont apaisé leurs haines réciproques, en revanche, jusqu’à tout récemment, peu de gestes symboliques avaient été accomplis dans ce sens par les autorités religieuses.
Jean-Paul II, lui, a passé le cap. Il s’est mis à genoux devant un monument consacré aux protestants victimes des catholiques et s’est rendu pour la première fois à Rome dans un temple de Luther. Là, il avait solennellement demandé pardon pour les fautes de l’église à l’égard du moine réformateur de Wittemberg.
Il reste que les réaffirmations fermes par le pape de la doctrine traditionnelle catholique, notamment au sujet du célibat sacerdotal, du refus du sacerdoce aux femmes, ainsi que, dans les domaines de la famille, de la procréation, de l’avortement et de la morale en général se sont parfois heurtées aux attitudes libérales de certaines églises protestantes et de l’église anglicane.
Elie FAYAD
Depuis son accession au trône de Pierre, Jean-Paul II a multiplié les initiatives œcuméniques tant en direction des églises orthodoxes qu’envers les «hérétiques» protestants. Mais son action n’a pas toujours reçu un accueil favorable auprès de certaines communautés chrétiennes qui l’ont parfois soupçonné d’avoir des arrière-pensées.Le pape a consacré...