L'UE veut convaincre Israël de renouer le dialogue avec la Syrie "Je n'ai pas entendu à Damas de bruits de bottes, mais plutôt les tambours de la paix", affirme Moratinos à Lévy (photo)

L’envoyé spécial de l’Union européenne Miguel Angel Moratinos a tenté hier de convaincre un gouvernement israélien sceptique de reprendre les pourparlers de paix avec la Syrie, suspendus depuis quinze mois. «Contrairement à ce que décrivent les Israéliens, je n’ai pas entendu à Damas de bruits de bottes, mais plutôt les tambours de la paix», a déclaré M. Moratinos après un entretien d’une heure avec le ministre des Affaires étrangères David Lévy.
L’émissaire européen, de retour de la capitale syrienne, a indiqué à M. Lévy que les accusations israéliennes à l’égard de Damas ne reflétaient pas «l’engagement sérieux et profond de la Syrie à l’égard du processus de paix avec Israël», a-t-il déclaré. «M. Lévy a été assez encouragé par mes propos et entend les transmettre au premier ministre Benjamin Netanyahu», a-t-il ajouté.
Outre les négociations israélo-syriennes, les deux hommes ont également évoqué le volet palestinien et la contribution européenne à la reprise du processus de paix. M. Moratinos doit poursuivre sa tournée dans la région et s’est rendu dans la soirée au Caire avant de revenir aujourd’hui en Israël.
«Cette semaine est très importante pour le processus de paix, avec d’une part la rencontre entre le président israélien Ezer Weizmann et le président palestinien Yasser Arafat prévue mardi et de l’autre la visite de l’émissaire américain Dennis Ross dans la région», a-t-il déclaré.
Le bureau de M. Netanyahu a cependant manifesté peu d’enthousiasme quant à l’initiative européenne visant à renouer le dialogue entre Israël et la Syrie.
«Nous plaçons peu d’espoir dans l’effort des Européens», a déclaré le secrétaire général du gouvernement Danny Naveh, en ajoutant que l’initiative européenne pouvait gêner l’action diplomatique des Américains dans la région. L’émissaire américain Dennis Ross est attendu cette semaine au Proche-Orient.

La polémique

Israël a rejeté ces dernières semaines trois propositions successives de la Syrie de reprendre les pourparlers, parce qu’elles prévoyaient toutes un retrait israélien complet des hauteurs du Golan, occupé depuis 1967, a indiqué le directeur général des Affaires étrangères Eytan Ben-Tzur.
Selon M. Ben-Tzur, qui s’exprimait samedi lors d’un colloque, le gouvernement de M. Netanyahu, qui est opposé à un retrait du Golan, exige que les pourparlers reprennent sans condition préalable.
Israël a repris ces derniers jours ses attaques verbales contre la Syrie, accusée de préparer une «option militaire» et de produire des armes de destruction massive.
«La Syrie prépare vraiment une option militaire et l’armée israélienne doit en tenir compte», a estimé le chef des études stratégiques du service de renseignements militaires, le général Amos Gilad.
Israël a affirmé que Damas produit du gaz «VX», très dangereux pour les poumons et la peau, et en équipe des missiles sol-sol. M. Lévy a mis en garde vendredi la Syrie contre une attaque à l’arme chimique contre Israël.
Les négociations de paix, lancées en 1991, ont été suspendues par Israël en février 1996 et la tension entre les deux pays s’est accrue depuis l’arrivée au pouvoir de M. Netanyahu il y a près d’un an.