Les festivités du 1er mai confirment la division du mouvement syndical (photos)

Le monde ouvrier a fêté le 1er mai dans la division. Deux meetings commémoratifs ont été organisés à cette occasion, l’un par le mouvement Amal, l’autre par le regroupement syndical de M. Elias Abou Rizk. Ces commémorations interviennent à quelques jours de la décision de justice qui doit départager les deux organisations ouvrières rivales en se prononçant sur la légalité de l’élection syndicale du 24 avril, qui a marqué la scission au sein du monde ouvrier.
La contestation porte sur la décision du ministère de la Justice d’affilier cinq fédérations syndicales au conseil exécutif de la CGTL, sans en référer à la direction en place et malgré l’opposition de cette dernière.
Le président nouvellement élu de la CGTL, M. Ghanim Zoghbi, ainsi que le président de l’Association des industriels, M. Jacques Sarraf, ont participé au meeting organisé par le mouvement Amal, aux côtés des ministres du Travail, des Affaires sociales, de l’Environnement et du ministre d’Etat pour la réforme administrative, M. Béchara Merhej.
Le second meeting s’est tenu à l’appel de la CGTL-tendance Elias Abou Rizk, qui se considère comme la direction légitime du mouvement ouvrier, à l’hôtel Beaurivage.
Meeting d’appui à la «nouvelle direction» de la CGTL, la réunion organisée par le mouvement Amal a donné l’occasion à M. Sarraf de choisir son camp syndical et de fixer à un dialogue avec les ouvriers trois objectifs principaux: la refonte de la sécurité sociale et l’instauration de l’assurance-vieillesse, en lieu et place de l’indemnité de fin de service, l’amendement du Code du travail, vieux de 50 ans, et la création d’un comité supérieur pour l’enseignement et l’entraînement professionnel.
Pour sa part, M. Ghanim Zoghbi devait lancer un appel à l’unité du mouvement ouvrier, à une relance du dialogue tripartite Etat-syndicat-patronat, et approuver le principe d’une révision du Code du travail et d’un amendement de la loi sur la

Hariri appelle à
la concertation

Le président du Conseil, M. Rafic Hariri, devait lancer, le même jour, un appel à la relance «dans les plus brefs délais» de la concertation entre les trois partenaires du «contrat de travail».
Accueilli en «héros de la classe ouvrière», M. Elias Abou Rizk a harangué les représentants syndicaux réunis à l’hôtel Beaurivage, assurant que «l’avenir ne sera pas dessiné par les armes des Forces de sécurité intérieure», allusion aux ingérences attribuées par le président sortant de la CGTL aux forces de l’ordre dans le récent déroulement des élections pour le renouvellement du conseil exécutif de la centrale. «La confédération du pouvoir n’est pas, et ne sera jamais, la confédération des ouvriers», devait-il également proclamer.
M. Abou Rizk s’est rendu hier à Bkerké, où il a informé le patriarche des circonstances du déroulement des élections à la CGTL, le 24 avril dernier. Dans une homélie, le chef de l’Eglise maronite avait dénoncé les ingérences de l’Etat dans les affaires syndicales.
M. Abou Rizk devait annoncer, par ailleurs, que le tribunal de première instance présidé par M. Nehmé Lahoud s’est prononcé, hier, dans le recours introduit par un certain nombre de fédérations réclamant l’annulation des élections du 24 avril. Le tribunal a écourté à six jours le délai d’échange des documents entre les deux parties, à compter de la date de notification, et a demandé à la défense de répondre dans un délai de trois jours à compter de la date de sa notification.
Par ailleurs, la CGTL de M. Zoghbi devait organiser une réception à l’hôtel Bristol à l’occasion du 1er mai. Dans une courte allocution de circonstance, le président reconnu de la CGTL devait appeler à l’unité du monde ouvrier.

Conflit transposé
à l’étranger

En attendant l’arbitrage des tribunaux, les «deux CGTL» se disputent la reconnaissance des organisations du travail arabe et internationale. M. Ghanim Zoghbi a protesté officiellement auprès de la Fédération internationale des travailleurs arabes contre des déclarations jugées «factieuses» de son secrétaire général adjoint, M. Hassan Jammam, qui a pris partie pour M. Abou Rizk.
Pour sa part, M. Abou Rizk a officiellement désigné M. Jihad Moallem pour représenter la CGTL au sein du secrétariat de la Fédération arabe. De son côté, M. Zoghbi a informé, par voie officielle, les responsables de la Fédération arabe que le représentant de la centrale au sein du secrétariat est M. Saadeddine Hamidi-Sacre.