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Actualités - OPINION

Carnet de route Le badigeon algérien et la mule de pie XII

Les Algériens ont bien lu les classiques de la pensée politique occidentale, au point de comprendre l’importance de la laïcité. Il ne s’agit point des FSI, mais des autorités gouvernementales qui viennent de décréter une nouvelle loi sur les partis. «Celle-ci interdit l’utilisation des composantes de l’identité nationale, islam, arabité, amazighité (berbérité), à des fins partisanes». Ainsi l’appellation «MSI-Hamas» est-elle amputée du mot Hamas et s’appelle désormais «mouvement de la société de la paix», et vous coupez un peu par ici, vous contournez par là-bas, tant pis pour les tautologies, vous n’avez plus que des partis tout propres tout nets pour se présenter le 5 juin 1997 aux élections législatives algériennes. Tant qu’à faire, on aurait pu supprimer «législatives», car une masse de citoyens algériens, comme on le sait, seront privés de représentation, pour péché d’islamisme. On pourrait dire élections législatives illégitimes, partielles ou anti-GIA/FIS; à vrai dire, on aurait pu ne rien dire, tant le divorce des mots et des choses est ici flagrant. Tels que l’on connaissait les Algériens, aucun peuple au monde, peut-être, à part le peuple vietnamien, ne supportait, moins qu’eux, de tomber dans le ridicule. C’est désormais chose faite. On n’a plus envie depuis longtemps de défendre ceux qui sont au pouvoir à Alger et qui ont du sang innocent sur les mains. On ne peut non plus faire l’éloge des islamistes, pour les mêmes raisons. Valait-il la peine d’évoquer ce marché de dupes que l’on nous prépare pour les premiers jours de juin? «Tant de choses ne valent pas d’être dites, et pour le reste, tant gens ne valent pas qu’on le leur dise; cela fait beaucoup de silence». Alors, se taire. Exprimer seulement son admiration et sa fraternité pour les Algériens résistants, écrivains, intellectuels, artistes, pour la plupart en exil, qui dénoncent le temps des assassins.
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Mon prochain éditorial parlera sûrement, à l’avant-veille de l’arrivée en tant que chef de l’Eglise catholique, de ce pape qui sera, heureusement, reçu à l’aéroport «par tous les hauts personnages de l’Etat». Les apartés viendront ensuite. Mais je voulais, avant qu’elle ne trouble la gravité de cette visite solennelle, rappeler une anecdote. Une petite délégation de chrétiens libanais avait demandé audience à Pie XII. Parmi elle, une Libanaise célèbre pour son influence politique sur le pouvoir de Beyrouth, et néanmoins animée d’une foi de charbonnier. Son tour vient de s’agenouiller devant le souverain pontife; elle s’avance, se jette à ses pieds et lui dit: «Bénissez-moi, Saint-Siège». On n’a guère vu Pie XII ciller derrière ses lorgnons. Mais le Tout-Beyrouth le savait avant la fin de la semaine. C’était un peu de francophonie à la libanaise...
Amal NACCACHE
Les Algériens ont bien lu les classiques de la pensée politique occidentale, au point de comprendre l’importance de la laïcité. Il ne s’agit point des FSI, mais des autorités gouvernementales qui viennent de décréter une nouvelle loi sur les partis. «Celle-ci interdit l’utilisation des composantes de l’identité nationale, islam, arabité, amazighité (berbérité), à...