Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

L'armée turque accroit la pression sur les intégristes Le fondamentalisme désigné comme danger principal Peine de mort ou de prison à l'encontre de 164 extrémistes


SUITE DE LA PAGE 1

Selon des analystes, les propos antifondamentalistes des généraux montrent que l’armée est déterminée à aller jusqu’au bout pour obtenir une application sans réserve de ces mesures, en dépit du fait que M. Erbakan montre peu d’enthousiasme.

Certains analystes estiment même que l’armée souhaite aller au-delà de l’exigence de ces mesures et qu’elle veut en fait obtenir, par des moyens pacifiques sans recourir au coup d’Etat, la chute du gouvernement Erbakan qu’elle considère comme un danger pour le pays.l Le fondamentalisme désigné comme «danger principal»
l Peine de mort ou de prison à l’encontre de 164 extrémistes
Les Kurdes neutralisés à l’intérieur du pays, l’armée turque veut s’attaquer au fondamentalisme, désigné désormais comme le danger principal. «La lutte contre l’intégrisme religieux est d’une importance vitale pour l’armée», a ainsi déclaré le général Cetin Dogan, membre de l’état-major, lors d’un briefing à la presse. Dans le même temps, la pression s’est accrue au cours des dernières heures sur les milieux extrémistes religieux.
Ainsi, la peine de mort a été requise contre 42 personnes accusées de subversion et un tribunal d’Ankara a condamné 122 membres de la secte islamiste extrémiste des Aczmendis à des peines allant jusqu’à 4 ans de prison pour une manifestation illégale, insulte au régime laïc et attaque contre la police. La manifestation s’était déroulée en octobre dernier.
Les 42 auteurs d’actes de subversion pour lesquels le procureur de la Cour de sûreté de l’Etat, à Ankara, a demandé la peine capitale sont accusés du massacre de Sivas (centre), où 37 personnes avaient été brûlées vives en 1993.
Un premier jugement contre eux, datant de 1994, avait été cassé en octobre dernier par la Cour de cassation, qui avait demandé des sentences plus sévères, les peines infligées, pour simple meurtre, ne dépassant pas 15 ans de prison.
La Cour de cassation avait alors qualifié de «soulèvement intégriste» les incidents de Sivas, provoqués par une foule menée par des intégristes.
Le 2 juillet 1993, 37 personnes, en majorité des intellectuels libéraux, avaient péri brûlées vives dans l’hôtel Madimak, à Sivas. Le feu avait été allumé par la foule, menée par des intégristes, en réaction aux propos de l’écrivain satirique turc Aziz Nesin, qui avait mis en doute l’originalité du Coran lors d’un débat.
Aziz Nesin s’était également attiré les foudres des islamistes en publiant en turc des extraits des «Versets sataniques» de l’écrivain britannique Salman Rushdie, contre qui l’Iran a lancé une sentence de mort pour blasphème envers l’islam.
Aziz Nesin, qui avait échappé aux flammes, est décédé depuis de mort naturelle.
Le maire islamiste de la ville à l’époque, Temel Karamollaoglu, qui avait été accusé de n’avoir rien fait pour calmer les émeutiers, est actuellement député du Parti de la prospérité (Refah) du premier ministre islamiste, Necmettin Erbakan.
L’actuel ministre de la Justice, Sevket Kazan, un des ténors du Refah, était l’un des avocats de certains accusés lors du premier procès.

Jusqu’au bout

Pour les militaires par ailleurs, «les activités fondamentalistes constituent maintenant la menace la plus importante (...). La destruction du fondamentalisme (musulman) est d’une importance vitale», ainsi qu’ils l’ont affirmé au cours des dernières heures.
Les militaires ont également fait état pour la première fois d’une coopération entre le PKK et les organisations musulmanes fondamentalistes.
«Le mouvement séparatiste (kurde) et les organisations intégristes sont solidaires contre l’Etat (...) pour diviser la République de Turquie. Dans ce contexte, la menace intérieure devance la menace venant de l’extérieur», ont affirmé les militaires.
L’armée considère désormais le PKK comme «menace extérieure» car, pratiquement neutralisé sur le sol turc, il n’est guère plus présent que de l’autre côté des frontières, dans le nord de l’Irak et l’ouest de l’Iran.
Des propos de ce genre avaient déjà été tenus par des militaires de haut rang dans des interviews exclusives à des journaux turcs ou étrangers. Mais c’est la première fois qu’ils sont exprimés aussi clairement et publiquement.
SUITE DE LA PAGE 1Selon des analystes, les propos antifondamentalistes des généraux montrent que l’armée est déterminée à aller jusqu’au bout pour obtenir une application sans réserve de ces mesures, en dépit du fait que M. Erbakan montre peu d’enthousiasme.Certains analystes estiment même que l’armée souhaite aller au-delà de l’exigence de ces mesures et qu’elle...