Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Abou Rizk determiné à aller de l'avant L'ancien président de la CGTL maintient le meeting du 1er mai que les autorités , cependant, pourraient interdire

Dans une actualité un peu terne, le feuilleton syndical — commencé au début du mois avec la guerre ouverte entre M. Elias Abou Rizk et le gouvernement — apporte chaque jour du nouveau. Aujourd’hui, tout le monde attend l’échéance du 1er mai et le déroulement du meeting oratoire organisé par l’équipe de M. Abou Rizk à l’hôtel Beaurivage. Après des rumeurs sur le refus de la direction de l’hôtel de louer une de ses salles pour ce meeting — rumeurs vite démenties par M. Abou Rizk — des sources judiciaires laissaient entendre hier que la tenue d’un tel meeting nécessite une autorisation préalable du ministère de l’Intérieur.
Or, jusqu’à hier, aucune demande en ce sens n’a été présentée et, d’ailleurs, il y a peu de chances qu’une autorisation soit donnée. En d’autres termes, le meeting ne devrait pas se tenir et comme ses organisateurs n’ont pas obtenu l’autorisation nécessaire, les forces de sécurité sont habilitées à empêcher sa tenue... Simple menace destinée à décourager M. Abou Rizk et à le pousser à rentrer dans le rang, c’est-à-dire à accepter la direction reconnue par le pouvoir actuel? Ou détermination réelle à mettre un terme à son action «opposante»?
En tout cas, pour l’instant, rien ne semble devoir décourager M. Abou Rizk et les membres de son équipe, qui ont tenu hier une conférence de presse au siège du syndicat des rédacteurs, en présence du représentant de ce syndicat, M. Antoine Chidiac. M. Abou Rizk a commencé par exposer une nouvelle fois les ingérences évidentes du pouvoir dans le déroulement des élections du 24 avril, tout en confirmant la tenue du meeting oratoire à l’occasion du 1er mai ainsi que celle du congrès annuel de la CGTL à partir du 6 mai, toujours à l’hôtel Beaurivage. En dépit des pressions exercées sur lui par le pouvoir, M. Abou Rizk ne considère pas que sa bataille est perdue puisqu’il a l’appui de la plupart des courants et des personnalités de l’opposition, notamment les présidents Husseini et Hoss auxquels il a d’ailleurs rendu visite hier, ainsi que celui des instances syndicales internationales. Rappelons à ce sujet que le secrétaire général de la Fédération internationale des travailleurs arabes, M. Hassan Jammam, a exclu hier de cette fédération le représentant de la CGTL, M. Saadeddine Hamidi Sakr, membre de l’équipe de M. Ghanim Zoghbi, car la fédération ne reconnaît que la CGTL de M. Abou Rizk. Ce qui a d’ailleurs provoqué une vive réaction au sein de l’équipe de M. Zoghbi, qui a rejeté «toute tutelle, fut-elle arabe sur la CGTL».

L’appui des trois
piliers du pouvoir

Si donc l’équipe de M. Zoghbi a clairement obtenu hier l’appui des trois piliers du pouvoir, à l’issue d’une visite protocolaire au chef de l’Etat puis au président de la Chambre et au président du Conseil des ministres, elle est toujours à la recherche d’une reconnaissance internationale et d’une légitimité populaire.
A l’issue de ses trois rencontres hier, M. Zoghbi a répondu aux questions des journalistes, en tenant un langage modéré appelant à la réunification de la CGTL et annonçant son intention d’entreprendre des contacts dans ce but.
Tout en prônant lui aussi la réunification de la CGTL, M. Abou Rizk s’est toutefois demandé comment des syndicalistes acceptaient que leurs collègues soient maltraités par les forces de l’ordre, bafouant ainsi le principe sacré de la solidarité syndicale. M. Abou Rizk s’est aussi demandé comment des syndicalistes pouvaient accepter d’être des instruments entre les mains du pouvoir alors que la raison d’être de la CGTL est de défendre les droits des ouvriers et des opprimés.
Les proches de M. Abou Rizk ne manquent d’ailleurs pas de rappeler que les manifestations du 6 mai 1992 qui avaient entraîné la démission du gouvernement de M. Omar Karamé avaient été lancées à l’initiative de la CGTL alors présidée par M. Antoine Béchara. C’est dire, selon eux, que si politisation il y a de la CGTL, elle existe depuis longtemps. Toutefois, ajoutent-ils, la politisation est permise lorsqu’elle sert les intérêts du pouvoir, mais elle devient un crime lorsqu’elle s’inscrit dans une ligne opposante...
A cet argument, les partisans de M. Zoghbi répondent en affirmant que ce dernier ne s’occupera que des revendications sociales, afin de dépolitiser la CGTL. D’ailleurs, à l’issue de la première réunion de son bureau exécutif — qui s’est tenue hier dans l’après-midi, au siège central de la CGTL qu’il contrôle désormais — M. Zoghbi a publié un communiqué dans lequel il a annoncé qu’il adoptait le programme de revendications de ses prédécesseurs avec toutefois quelques modifications qu’un comité de trois personnes se chargera de préparer.
Si M. Abou Rizk a répété hier qu’il ne se considérait pas comme responsable de la scission puisque celle-ci existait déjà avec la Confédération des syndicats sectoriels présidée par M. Béchara et que les élections du 24 avril n’ont fait que l’officialiser, M. Zoghbi, de son côté, assimile l’activité actuelle de M. Abou Rizk à celle de M. Béchara, à la tête de la C.S.S. Et il ajoute qu’elle n’affaiblit nullement la CGTL.
La différence toutefois, c’est que M. Abou Rizk a déposé une plainte devant le tribunal de première instance, présidé par le juge Nehmé Lahoud, contre la légalité de l’élection de M. Zoghbi et de son équipe. Désormais — et comme c’est généralement le cas lorsqu’une affaire devient inextricable — la balle est dans le camp de la justice. Mais comme le statu quo pourrait convenir pour l’instant à toutes les parties, celle-ci pourrait prendre son temps...

Scarlett HADDAD
Dans une actualité un peu terne, le feuilleton syndical — commencé au début du mois avec la guerre ouverte entre M. Elias Abou Rizk et le gouvernement — apporte chaque jour du nouveau. Aujourd’hui, tout le monde attend l’échéance du 1er mai et le déroulement du meeting oratoire organisé par l’équipe de M. Abou Rizk à l’hôtel Beaurivage. Après des rumeurs sur le...