Sfeir dénonce la propension du pouvoir à faire fi de la constitution et des lois

Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a dénoncé dimanche la propension du pouvoir à «faire fi de la Constitution et des lois, à détruire les institutions et à démembrer la société».
Dans son homélie dominicale prononcée à Bkerké après la lecture de l’Evangile, Mgr Sfeir a déclaré à ce sujet: «Comment expliquer les événements sur la scène libanaise? On y fait fi de la Constitution et des lois, on y méprise aussi l’opinion du peuple. Certains y voient déjà une propension à détruire les institutions, à démembrer la société et à porter un coup au système démocratique», a-t-il dit avant de critiquer «le report des élections municipales qui n’ont pas été organisées depuis un quart de siècle, la prorogation de huit mois du mandat des députés sans que ceux-là n’en soient informés ou même consultés ainsi que les électeurs. On n’a même pas tenu compte de l’avis du Conseil constitutionnel dans ce cadre», a ajouté le prélat maronite.
Déplorant en outre «les ingérences dans les élections de la CGTL», le cardinal Sfeir a déclaré: «On a attisé la polémique concernant le Conseil constitutionnel, comme si on voulait en finir. Ne doit-on pas prendre conscience de la mauvaise situation à laquelle nous sommes parvenus avant qu’il ne soit trop tard?», a-t-il conclu.
Après la messe, devant une délégation des habitants de Wata el-Joz, venue se plaindre de la pollution provoquée par les carrières dans leur région, le patriarche maronite s’est engagé à plaider la cause des habitants devant les autorités concernées. «Nous espérons qu’on nous prêtera une oreille attentive quoique nous n’y ayons pas été habitués jusqu’à présent», a-t-il répondu sur le ton de la plaisanterie.
Hier, le cardinal Sfeir a reçu l’ancien député Fouad el-Saad qui a notamment affirmé à sa sortie de Bkerké: «La démocratie est en danger et a été réduite à sa plus simple expression». Il a également critiqué la décision de proroger de huit mois le mandat des députés, précisant à ce sujet que la seule possibilité dans ce cadre est d’en réduire la durée.
Notons enfin que le patriarche maronite a conféré avec le conseiller politique du premier ministre Rafic Hariri, M. Daoud Sayegh.