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Actualités - OPINION

Pour un dialogue ouvert

«Longtemps, le 24 avril fut pour nous, Arméniens, synonyme de jour de deuil national. Aujourd’hui, s’il est vrai qu’il nous est impossible d’oublier le sang de nos martyrs, le 24 avril est aussi une journée de revendications. Le souvenir des innocentes victimes du génocide est à jamais gravé dans nos mémoires mais nous ne pouvons oublier non plus nos revendications.
Les revendications que nous formulons aujourd’hui seront présentes dans la conscience et la vie de nos futures générations qui les exprimeront avec encore plus de force. Les Arméniens ne pensent pas à leurs martyrs et à leurs revendications ce seul jour du 24 avril; ils y pensent constamment et chaque date du calendrier est un 24 avril. Notre situation en diaspora elle-même nous pousse non seulement à penser, mais à vivre existentiellement ces revendications. L’on pourrait se demander: est-ce par un accident de l’Histoire que plus de la moitié des Arméniens vivent en diaspora? Cette dispersion aux quatre coins du monde n’est-elle pas le résultat d’un choix délibéré? Non! car cette diaspora nous fut imposée par la Turquie. C’est là une réalité historique indéniable.
Est-ce là une situation sans issue? Je ne le pense pas, car je crois fermement au pouvoir du dialogue. Le monde d’aujourd’hui est par excellence celui du dialogue, où des problèmes apparemment sans issue sont résolus par les rencontres, par le dialogue. Le monologue suppose et entraîne l’isolement tandis que le dialogue peut devenir une source de compréhension, d’entente et de paix. En ce sens je souhaiterai un dialogue sincère entre le peuple arménien et la Turquie. Il est impératif de parler ouvertement, sans préjugé et sans pré-condition, en exposant ses soucis et ses aspirations, ses craintes et son expectative. C’est ce dialogue auquel j’aspire.
Le génocide arménien est un fait historique que personne ne peut rayer des pages de l’histoire de l’humanité. Le génocide arménien est profondément ancré dans la conscience collective du peuple arménien. Nul ne peut l’arracher à notre mémoire nationale car pour nous, il s’agit de beaucoup plus qu’un souvenir; le génocide est une réalité existentielle, vivante qui a marqué d’une manière indélébile des générations d’Arméniens. Moi-même je fais partie de ces générations formées dans la conscience aiguë du génocide. Nous ne pouvons oublier le fait, la réalité du génocide. C’est pourquoi nous devons parler directement avec la Turquie; nous devons lui exposer nos expériences, nos soucis et nos demandes. Il faut aussi que nous la possibilité de l’écouter, de connaître ses arguments et sa propre lecture de l’Histoire. Le dialogue une fois entamé, devra se poursuivre inlassablement jusqu’à la découverte d’un modus vivendi. Pour ce, la reconnaissance du génocide perpétré par l’empire ottoman est une condition sine qua non. L’Allemagne actuelle n’a-t-elle pas assumé la responsabilité du crime planifié et exécuté par un tyran de son Histoire? Pourquoi donc les autorités de la Turquie moderne et la nouvelle génération de Turcs ouverts aux exigences des droits et des valeurs humains et si sensibles à l’opinion mondiale ne seraient-ils pas disposés à reconnaître un crime clairement planifié, organisé et exécuté par le gouvernement de l’Empire ottoman?
A l’occasion de cette commémoration, je tiens à saluer la résolution du Parlement libanais de déclarer le 24 avril «journée de solidarité avec le peuple arménien». J’ai la ferme conviction que dans un avenir proche, le Parlement libanais ainsi que d’autres Parlements qui croient au respect du droit humain reconnaîtront également la légitimité des droits du peuple arménien».
«Longtemps, le 24 avril fut pour nous, Arméniens, synonyme de jour de deuil national. Aujourd’hui, s’il est vrai qu’il nous est impossible d’oublier le sang de nos martyrs, le 24 avril est aussi une journée de revendications. Le souvenir des innocentes victimes du génocide est à jamais gravé dans nos mémoires mais nous ne pouvons oublier non plus nos revendications.Les...