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Actualités - REPORTAGE

Il donne un concert ce soir J-P. Rampal : ma flute, je ne la vendrais pas pour un empire (photo)

Le dieu Pan sera au rendez-vous ce soir au Musée national. Accompagné du Catalan Claudi Arimany, également flûtiste, et du pianiste Daniel Roi, Jean-Pierre Rampal fera briller tout un horizon de songes enchanteurs. Le plus grand flûtiste du monde — que le public libanais a eu le privilège de rencontrer en 1962, en 1969, puis en 1973, dans le cadre du festival de Baalbeck — jouera Bach, Mozart, Doppler, Kuhlau, Hugues et Verdi. A l’hôtel Printania de Broummana, Joe Letayf a animé hier une rencontre avec cet artiste exceptionnel, à la verve toute marseillaise.
Par quel parcours Jean-Pierre Rampal a-t-il abouti à une carrière aussi couronnée de lauriers: prix Charles Cros, prix Edison, prix d’honneur de Montreux, prix Léonie Sonning, la Légion d’honneur, prix de la Ville de Paris, Commandeur des Arts et Lettres...? «Il faut je crois, répond-il, adorer, être passionné par son instrument. Mais aussi avoir, au départ, des dons très nets». Pourquoi la flûte? «C’est très simple, dit-il, mon père en jouait et c’était mon héros... Pendant que je poursuivais des études qui m’ont mené jusqu’à la troisième année de médecine, je travaillais sous la direction de mon père. J’avais la flûte dans la tête. Alors un beau jour, j’ai dû décider et j’ai abandonné la médecine pour la musique».
Jean-Pierre Rampal fut le premier à utiliser une flûte en or. Les médias ont construit toute une légende autour de cet instrument. Quelle en est l’histoire exacte? «Effectivement ce n’est pas n’importe quelle flûte... Je ne la vendrais pas pour un empire. C’est une merveille, le Stradivarius des flûtes, fabriquée en or 18 carats par Louis Lot, au XIXe siècle. Elle a été ensuite acquise par la société philharmonique de Shangaï qui l’a offerte à son président. J’ai eu de la chance de la trouver chez un antiquaire. Je ne m’en sers plus; actuellement je joue d’une flûte américaine...».
La flûte s’est convertie au métal. Cela change-t-il l’interprétation d’une œuvre? «Pas de différence intrinsèque», remarque-t-il. «Du point de vue timbre, aucune différence n’a été enregistrée à l’écoute... Toutefois, je n’aime pas jouer sur des flûtes en bois sans clefs. L’important n’est pas la nature de la flûte, mais la manière de jouer».

Wolfgang Amadeus

Concernant la musique moderne et celle dite avant-gardiste, Jean-Pierre Rampal souligne «aimer la musique qui chante. Celle-là je la joue comme une relique. Mozart est mon dieu. Par contre la musique qui ne m’attire pas, je ne la joue pas...». Et de rappeler qu’il a enregistré nombre de modernes notamment Schöenberg et Bério, qu’il a joué Boulez et qu’il «aime beaucoup Stockhausen». L’artiste, reprenant le mot de Cartier Bresson sur la photo, ajoute: «Pour faire de la musique, il faut posséder la technique pour l’oublier». Quant à la musique concrète, «elle est amusante» dit-il. «Je la vois très facilement accompagner un film. Mais m’asseoir dans mon fauteuil pour l’écouter, je ne le ferais pas. C’est au-dessus de mes forces».
Jean-Pierre Rampal a créé des formations de musique de chambre (Quintette à vents français, Ensemble baroque de Paris). Il a participé aux plus grands festivals internationaux, Strasbourg, Aix-en-Provence, Salzbourg, Edimbourg, Menton...
Il a formé un duo avec le pianiste-claveciniste américain John-Steel Ritter et joué souvent en concert avec le violoniste Isaac Stern et le violoncelliste Misistlav Rostropovitch. Sa prodigieuse carrière le mène à travers le monde entier. Combien de concerts a-t-il donné?
«J’ai horreur de compter les élèves, les années, les concerts...» On sait toutefois qu’à une époque il donnait 100 concerts par an: «J’étais jeune et j’étais fou» dira-t-il.
A une dame qui lui demandait l’importance du rôle de la femme auprès de l’artiste, il s’exclame: «Mais c’est très important d’avoir une femme, surtout une légitime. Je suis peut-être vieux-jeu, mais j’ai toujours la même depuis toujours et elle m’a beacoup aidé dans ma carrière. Elle tressaillit, elle est émue par les moments de votre vie musicale... Elle est musicienne aussi; à la fin d’un concert quand elle ne me dit rien, je sais que ce n’était pas terrible».
Le lendemain de son arrivée au Liban, Jean-Pierre Rampal a visité Baalbeck. Quelle a été son impression? «Formidable. Baalbeck n’a pas changé: c’est moi qui ai changé, je l’ai senti en montant les marches du temple de Jupiter». Aimerait-il rejouer dans ce site antique? «Bien sûr si on me le propose; mais pas dans dix ans j’espère; parce que d’ici là...». Les derniers mots s’envolent, en attendant ce soir. Et la musique.

May MAKAREM

l Jean-Pierre Rampal sera en concert ce soir, Musée national, 20h30. Demain, Assembly Hall, 20h30. Lundi, Balamand, 20h. Mardi, C.C.F, 20h.
Le dieu Pan sera au rendez-vous ce soir au Musée national. Accompagné du Catalan Claudi Arimany, également flûtiste, et du pianiste Daniel Roi, Jean-Pierre Rampal fera briller tout un horizon de songes enchanteurs. Le plus grand flûtiste du monde — que le public libanais a eu le privilège de rencontrer en 1962, en 1969, puis en 1973, dans le cadre du festival de Baalbeck —...